Message de fin d'année: Biya confirme sa candidature
Le président de la République a saisi l’occasion des vœux de fin d’année pour dévoiler son programme.
«
Maintenant que l'horizon de l'économie mondiale parait se dégager, je
voudrais vous faire part de ma détermination à reprendre notre marche en
avant. Bien entendu, pour ce faire, j'aurai besoin de votre soutien,
lequel ne m'a jamais manqué. Ainsi, pourrons-nous nous engager dans la
voie de l'émergence, avec les atouts indiscutables qui sont les nôtres. »
C'est par ces propos que Paul Biya a entre autres conclu son message de
fin d'année le 31 décembre 2010. Le président de la République
précisait ainsi à ses compatriotes que « je vous ai dit le 17
mai dernier, à la veille de notre fête nationale et la célébration du
50ème anniversaire de notre indépendance que « nous allions changer
d'époque ». Je voulais ainsi indiquer qu'après avoir posé les fondations
de notre Etat, il était temps de lui donner le contenu économique et
social attendu par les populations ».
Tous ceux qui
avaient encore des doutes sur la détermination du président de la
République à rempiler à la tête de l'Etat du Cameroun sont désormais
fixés : Paul Biya sera bel et bien candidat en octobre prochain. Le
traditionnel message à la nation qu'il a adressé ce 31 décembre en est
une illustration plus que parfaite. Paul Biya s'est en effet mis dans la
posture d'un candidat qui dévoile son programme. Tout commence ainsi
naturellement par la visitation des grands moments de l'année 2010. «
Elle (l'année 2010 Ndlr) a d'abord été marquée par un évènement
mémorable : la célébration du cinquantenaire de l'accession de notre
pays à l'indépendance. Elle a également vu le début de la mise en œuvre
de notre stratégie décennale pour la croissance et l'emploi, première
phase de notre marche vers l'émergence. Enfin, elle a montré que notre
pays était en mesure de jouer un rôle notable sur la scène
internationale ». Continuant dans la logique de célébration
d'un bilan qu'il croit absolument positif, le président de la République
pense que la célébration des 50 ans de l'Etat du Cameroun « a
surtout fait prendre plus nettement conscience que nous étions
incontestablement devenus une nation et constater qu'au fil des années,
nous avions réussi à mettre sur pied des institutions comportant les
principales caractéristiques d'un Etat démocratique : institutions
représentatives, droits et libertés civiques, accès à l'éducation et aux
soins de santé, entre autres. »
Analysant la situation économique, Paul Biya déclare que «
C'est [...] le secteur primaire de notre économie, c'est-à-dire
essentiellement notre agriculture, a connu dans l'ensemble une certaine
atonie. Le secteur économique, principalement l'industrie, a manifesté
une tendance au redressement, mais a souffert d'un déficit évident
d'énergie. C'est le secteur tertiaire, autrement dit les services, qui
s'est montré le plus dynamique, particulièrement le commerce, les
télécommunications et les transports ». Paul Biya s'est vanté
des stratégies et grands projets agricoles, miniers, industriels,
énergétiques et infrastructurels mis en œuvre en 2010, citant au passage
les barrages hydroélectriques de Memve'ele et Lom Pangar, ou l'usine de
liquéfaction du gaz de Kribi. Il a ainsi confirmé que le grand emprunt
obligataire de 200 milliards de Fcfa récemment effectué par l'Etat sera
destiné à la mise en œuvre de ces projets structurants.
Le cœur aux élections
Pour
ce qui est de 2011, nonobstant ce constat nuancé de la santé de
l'économie camerounaise, Paul Biya a annoncé d'autres chantiers
événementiels dont la célébration du 50ème anniversaire de la
Réunification du Cameroun. « Longtemps séparées du fait de la
colonisation, les deux parties de notre pays ayant vécu sous la tutelle
de la France et de la Grande-Bretagne recouvraient leur unité le 1er
octobre 1961. (...) Ce fut une belle aventure. Personne n'y croyait,
seuls nous, y croyions. Nous y sommes arrivés. Aujourd'hui, nous formons
une nation, une nation unie, fière de sa diversité culturelle et
linguistique qui est une richesse, une nation qui aborde son avenir avec
assurance. ». Mais le plus important pour le chef de l'Etat
est ailleurs. Paul Biya n'oublie pas l'élection présidentielle qui doit
avoir lieu en 2011. Il souhaite une participation électorale la plus
élevée possible. « C'est pourquoi je vous invite instamment à vous inscrire sur les listes électorales. »
Evidement, dans le contexte actuel, M. Biya est bien conscient que la
crédibilité de l'institution chargée de gérer le processus électoral au
Cameroun n'est pas encore établie. « Pour que ce scrutin soit
incontestable, je compte beaucoup sur Elecam qui bénéficiera de l'appui
nécessaire de l'administration et des partis lors des opérations
électorales. J'ai toutes raisons de croire que les prochains mois
suffiront à Elecam pour mettre la dernière main à son dispositif sur le
terrain », indique dans son message le chef de l'Etat.
S'étant
ainsi visiblement prononcé comme candidat à cette élection
présidentielle, Paul Biya s'est logiquement lancé dans une opération de
séduction de l'électorat, à travers de grandes annonces. C'est le cas de
la gratuité des soins du paludisme simple pour les enfants de moins de 5
ans. Tout comme il promet un accès à tous à l'électricité et à l'eau
potable à travers l'amélioration des infrastructures y afférentes. Ses
promesses se situent aussi au niveau de la lutte contre l'insécurité, le
chômage des jeunes, la corruption, la spéculation sur les produits
alimentaires, l'insécurité routière...
Au final, il s'agit d'un
président de la République qui semble avoir plus le cœur à sa réélection
prochaine, qui s'est exprimé le 31 décembre 2010. Pour bâtir sa
campagne, apparemment dès ce mois de janvier 2011, on attend ainsi que
très vite, Paul Biya puisse mettre en route dans les tous prochains
jours, le processus du dévoilement du choix des hommes qui auront eu sa
faveur pour l'accompagner à la conquête de son prochain mandat
présidentiel.