Mes réponses à l'«avocat» autoproclamé du président Biya.
Mes réponses à l'«avocat» autoproclamé du président Biya.
Après
la publication de ma lettre ouverte au président, j'ai été
convoqué/invité dans les services de sécurité pour m'en expliquer
pendant plus de deux longues heures. Ceci est une grave entorse à la
liberté d'expression pourtant garantie dans notre Constitution. En
effet, ma lettre n'avait rien de séditieux ni d'insurrectionnelle, elle
était simplement une interpellation républicaine et politique du
président. Il n'y avait donc pas de raison de faire d'elle une question
de sécurité. Pendant mon séjour dans ces services, j'ai compris que le
pouvoir était plus que remonté contre moi et que par conséquent j'étais
désormais pris en filature par ses services de renseignements.
Cette
nouvelle ne m'a guère inquiété, car je n'ai jamais pensé renverser le
régime ni comploter contre lui. La seule chose que je suis prêt à
assumer, c'est le fait de m'opposer loyalement, de façon ferme mais
constructive à lui ; ce qui ne constitue en rien un délit encore moins
un crime.
Malgré tout, je dois reconnaître que, même dans ces
services de sécurité où j'ai été longuement interrogé, l'atmosphère est
restée courtoise et républicaine. Tout au long de cet interrogatoire, je
n'ai jamais ressenti autant de haine et d'envie de me faire disparaître
qu'à la lecture de votre texte. Je connais de nombreux militants du
RDPC, de vrais militants, avec qui je discute régulièrement. Sans être
idéologiquement d'accord avec moi, ils n'ont jamais exprimé à mon égard
la haine qui se dégage de votre réaction. Mieux, nombreux parmi eux
reconnaissent, hors caméras naturellement, le bien fondé de mes «
élucubrations » qui vous rendent fou de rage.
Avec la finesse
d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, vous dissimulez mal, mais
alors très mal, vos réflexes d'agent de la police politique manqué à
travers vos propos haineux. De votre costume mal taillé de DOCTEUR,
déborde la posture d'un individu qui a peur du lendemain. Qu'avez-vous
fait pour avoir si peur ? Peut êtes- vous un de ceux là à qui le
président veut faire rendre gorge ? Ce qui est certain, c'est qu'avez
vos méthodes relevant d'une époque qu'aucun Camerounais normal ne
souhaite revivre, vous risquez plutôt le l'embarrasser. Il a
probablement besoin de gens pour défendre son bilan mais pas des
d'individus pour criminaliser son régime. Votre empressement à le
défendre dans le registre peu républicain dans lequel vous vous
inscrivez devrait à mon avis l'inciter à savoir qu'est que vous cachez
derrière votre zèle.
Si vous l'universitaire que vous dites être,
alors c'est désespérant pour la jeunesse que vous êtes sensé former. En
effet, quelqu'eut été la faiblesse de mon argumentation, c'est par la
qualité de votre démonstration, sa clarté et sa cohérence que vous
auriez dû me faire renoncer à mes « élucubrations » et non par votre
regret de me savoir encore en vie. La liberté de penser, qui en principe
doit caractériser l'universitaire que vous dites être, s'accompagne du
devoir de tolérance dans le débat, devoir auquel vous avez cruellement
manqué. En fait, c'est à un appel à la haine inutile voire au meurtre
que vous vous êtes livré.
Puisque vous jouez aussi à être un
agent de la police politique, je dois tout de suite vous avouer que vous
jouez très mal ce rôle. Si vous l'étiez, je vous aurai confessé qu'il
n'est pas trop tôt pour vous de prendre votre retraite car vous êtes, à
cause de votre incapacité à vous adapter au nouvel environnement
politique de notre pays, un boulet pour le pouvoir. Vos propos, faits de
menaces de mort, donnent au monde une face hideuse de notre système
politique. Ils sont un cinglant démenti des incantations officielles sur
notre démocratie avancée. Je fais le pari que même celui que vous
croyez défendre n'est pas prêt à assumer cette face. Souvenez - vous de
la vague d'émotion nationale et internationale soulevée par la mort
suspecte du journaliste BYBI NGOTA pour bien mesurer combien les
individus de votre type peuvent mettre en péril le système qu'ils
croient défendre en tentant de faire taire, par tous les moyens, ceux
qui cassent l'ambiance en troublant la quiétude de quelques heureux
juchés sur l'argent public.
Heureusement vos menaces sont
publiques. Elles engagent aussi publiquement la responsabilité du
pouvoir que vous défendez. En effet, vous donnez du pouvoir l'image d'un
système policier qui, face à une interpellation politique légitime, ne
peut déployer que de vieux réflexes répressifs. Je ne suis pas persuadé
que le président BIYA soit prêt à assumer cette image hideuse que vous
voulez attribuer à son régime. Aussi me semble-t-il urgent pour le
pouvoir de marquer clairement et publiquement ses distances avec votre
démarche, afin qu'il n'y ait aucune ambiguïté en cas d'atteinte à ma
sécurité. En tout cas, comme citoyen, j'attends que les autorités de ce
pays prennent leurs responsabilités face à de telles menaces dans le
débat public. Comme homme politique, je compte sur le caractère
républicain du RDPC, le parti au pouvoir dont le DOCTEUR défend de façon
extrémiste le bilan, pour prendre publiquement position. Si un militant
du Mouvement Républicain Populaire (MRP) dont je suis le président,
injuriait ou menaçait de mort des responsables du RDPC ou de tout autre
parti politique, sans hésité notre parti prendrait immédiatement et
publiquement ses distances par rapport à lui. Je pense que c'est aussi
le rôle des partis d'éduquer leurs militants et sympathisants.
Peut
- être cette lettre sera rendue publique après la mise en exécution de
vos menaces cher DOCTEUR, c'est-à-dire lors de mon enterrement, par
anticipation j'invite ceux qui pensent que le Cameroun mérite un
meilleur sort, une gestion plus juste et sociale à ne pas pleurer mais
plutôt, à trouver dans mon assassinat le motif d'un combat encore plus
déterminé.
Je ne finirai pas cette lettre sans vous inviter à un
débat public, à visage découvert, si vous êtes celui que vous dites
être, au cours duquel, nous débattrons dans la courtoisie républicaine,
en veillant à ne confronter que nos idées. A Cette occasion, je pourrai
mieux vous expliquer pourquoi, au regard de la situation générale de
notre pays, il est bon qu'un nouvel espoir naisse. Cet espoir nouveau,
il me semble une fois de plus, sans aucune envie de nuire, que le
président BIYA ne peut plus l'incarner pour une raison évidente : il est
à la tête de l'Etat depuis près de trente ans. Si vous préférez les
insultes, les appels à la haine et au meurtre dissimulés derrière votre
masque, alors l'histoire jugera le moment venu nos deux textes.
Quand
il vous reviendra l'envie d'écrire à nouveau sur la marche de la
nation, ne restez pas prisonnier d'une situation, d'un individu ou de
quelques avantages; pensez à demain et sachez que vos écrits sont
archivés et que par conséquent, vous pourrez être amené à les commenter
dans un contexte politique différent. Je sais que dans la course au
positionnement administratif et politique, rien n'est de trop pour
tenter de se faire une place au soleil. C'est dans cette perspective que
je situe vos appels à la haine contre ma personne. Ceci ne constitue
pas une excuse mais vous offre des circonstances atténuantes, à
condition que vous acceptiez un débat public, sous votre vraie identité,
sur l'objet central de mes « élucubrations ».
Cher compatriote, en
attendant ce débat public que je souhaite vivement, et de préférence sur
les ondes ou le plateau de la CRTV, qui soit dit en passant fonctionne
avec mes impôts mais me censure, je vous invite à la paix de cœurs sans
pour autant renoncer à mon analyse de la situation de notre pays. Il ne
vous aura pas échappé que malgré ma lecture froide du bilan de vos
trente ans de règne, tout au long de mes « élucubrations » je n'ai
jamais insulté le président de la république ni ne l'ai menacé de mort.
Je n'ai non plus appelé à la haine contre sa personne ni même contre son
régime, j'ai juste ouvert un débat politique autour de son
exceptionnelle longévité à la tête du pays en rapport son bilan qui est
tout sauf positif.
Recevez mes républicaines salutations.
Par Dr Alain Fogue Tedom *
* Président du Mouvement Républicain Populaire (MRP)