Mère Teresa et le Vatican accusés de détournement de fonds

Info ou intox ? Trois chercheurs québécois vont publier une étude intitulée «Les côtés ténébreux de Mère Teresa » pour la revue Studies in Religion. Détournement de fonds et punition originelle, les charges sont lourdes envers cette icône de l’humanité.

Road Mag

Mere Theresa

Info ou intox ? Trois chercheurs québécois vont publier une étude intitulée «Les côtés ténébreux de Mère Teresa » pour la revue Studies in Religion. Détournement de fonds et punition originelle, les charges sont lourdes envers cette icône de l’humanité.

Mère Teresa a fondé sa congrégation en 1950 pour venir en secours des plus démunis de Calcutta, l’ancienne capitale des Indes britanniques. Prix Nobel de la paix en 1979 puis béatifiée en 2003 par Jean-Paul II, l’action vertueuse de Mere Teresa était jusque là (presque) incontestée.

Le titre du communiqué de l’Université de Montréal a déjà le parfum du scandale : «Mère Teresa: tout sauf une sainte…». De l’ouverture du mouroir de Kalighat en 1952 à la mort de Mère Teresa, sa congrégation des Missionnaires de la Charité s’occupait de plus de 600 missions, dans 123 pays, incluant des soupes populaires, des centres d’aide familiale, des orphelinats, des écoles, des hospices et des maisons d’accueil pour les personnes atteintes de maladies comme la lèpre, le sida ou la tuberculose. L’étude présente un rapport qui attaque notamment la comptabilité des « mouroirs » qui ont fait connaître Mère Teresa dans le monde entier et affluer les donations.

Le vatican mêlé dans cette affaire d'argent et de souffrance christique

«On peut se demander où sont passés les millions destinés aux plus pauvres parmi les pauvres?» écrit Serge Larivée, professeur au département de psychoéducation de l’Université de Montréal. L’étude affirme que la congrégation créée par Mère Teresa a «amassé des centaines de millions de dollars» et reçu des fonds de dictateurs comme «Bébé Doc» Jean-Claude Duvalier, l’ex-président d’Haïti. Les chercheurs québécois vont encore plus loin, ils certifient que des sommes d’argent ont été directement versées au Vatican sans passer par les missions qui s’occupent des démunis.

Si les malversations, voire le blanchiment d’argent et le détournement de donations sont de très sérieuses accusations, elles restent dans un cadre mercantile qui peut innocenter Mère Teresa. L’icone altruiste ne gérait probablement pas directement les millions de dollars qui finançaient les Missionnaires de la Charité. L’étude attaque aussi les missions de Mere Teresa sur un point de vue théologique et incrimine des dérives quasiment sectaires. Un chapitre entier s’intitule «Les malades doivent souffrir comme le Christ sur la croix». Un tiers des personnes «agonise sans recevoir les soins appropriés», peut-on lire avant que l’étude ne souligne «l’absence d’antidouleurs». Une souffrance désirée par Mère Teresa qui donnait des consignes contre la distribution d’analgésiques car «souffrir rapprochait de Dieu».

Problème de méthode

Beaucoup estiment au Canada que l’odeur du scandale a aiguisé l’appetit des auteurs de cette étude qui promet de faire un ram-dam dans la chrétienté et le petit monde des ONG. Le journaliste Carl Langelier, qui a vécu plusieurs mois à Calcutta aux côtés de Mère Teresa, fustige une «chasse aux sorcières maladive».

Le père Michel Salamolard, proche de Mere Teresa, a répondu aux médias canadiens, «refuser des antidouleurs? On est dans de la pure calomnie! On parle d’une femme qui, dans des conditions épouvantables, a passé et dédié sa vie à atténuer les souffrances!». Pour le volet financier, le prêtre valaisan fait preuve de la même virulence,  «Combien? Où? La charge de la preuve devrait revenir à ceux qui accusent or, là, rien ne me semble étayé», explique-t’il avant de rebondir sur l’argent sale des républiques bananières, «si c’est vrai ça aurait pu être une manière défendable de rendre aux pauvres ce qui leur avait été volé.»

Il est quand même fort probable que ces accusations ne tiennent pas longtemps la route. Michel Salamolard dénonce la méthode utilisée par les chercheurs québécois puisqu’ils n’ont pas mené d’enquête et ne révèlent ni faits nouveaux ni accusations inédites.  « Si vous ne conservez que les pires allégations sur une personnalité puis les compilez vous obtiendrez un best-seller. Mais que vaudra-t-il?» conclut le religieux.

Arthur Beaufils




08/03/2013
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