En acceptant comme son frère aîné de travailler avec Paul Biya, la dernière née des Ahidjo s’est opposée à la volonté de sa génitrice. Et malgré tout, elle est présentée comme le joker du Rdpc dans le Septentrion.
Pour assurer la victoire du parti au pouvoir à ce
double scrutin du 30 septembre et face aux velléités ambiantes, suite à
l’interpellation de Marafa Hamidou Yaya, et Iya Mohammed, Paul Biya
avait réservé son « cheval de bataille »Aminatou Ahidjo qui battra
campagne pour le Rdpc. La confirmation a été faite vendredi dernier
lorsque le Secrétaire général du Comité central du parti au pouvoir Jean
Kuete a reçu en grande pompe cette spécialiste supposée de la
communication politique. Des honneurs digne d’un véritable ambassadeur
qui aura participé au rayonnement de l’image du Cameroun à l’extérieur,
ce qui n’est pas le cas dans la mesure où Aminatou, longtemps restée
sous l’aisselle de sa maman n’a véritablement rien apporté au point de
bénéficier d’une attention particulière. L’on a eu droit aux courtoisies
dignes de valets, des ministres et autres hauts commis semblables aux
misérables.
Coup de bluff ou simple calculs politiques ? Allez donc le savoir.
Toujours est il que selon El Hadj Aroga , premier vice-président de
l’Andp «C’est un non évènement» avant de poursuivre ironiquement que «
la jeune Ahidjo a passé le clair de son temps dans la clim pendant que
les autres camerounais se battaient pour le développement du pays, la
crise économique, les périodes chaudes, la vie chère la misère, le
chômage etc ».
Pour ce dernier «Aminatou ne saurait arriver par
le plafond alors que d’autres camerounais restés au pays tirent le
diable par la queue ». Même son de cloche pour Louis David Lobè,
président du Front des Jeunes du Renouveau qui croit «qu’il ne faut pas
accorder de l’importance aux nouveaux prophètes» en reconnaissant qu’il y
a comme de la surenchère «dans cette affaire qui sent du louche». En
clair, nombreux sont les camerounais qui ont du mal à comprendre tout le
vacarme ayant émaillé cette rencontre entre un membre de l’ancienne
famille présidentielle et un proche collaborateur du chef de l’état.
Dans la mesure où son frère aîné Mohamadou Ahidjo, cadre de l’Undp est
Ambassadeur itinérant depuis 2011, un rapprochement qui aura permis à
une certaine opinion de croire au retour proche de la dépouille du
premier président de la République, mort en exil à Dakar au Sénégal.
Avec l’arrivée officielle d’Aminatou au pays, l’on pourrait assister à
une nouvelle configuration politique, avec le probable départ de Issa
Tchiroma Bakary du ministère de la Communication, car l’option de mettre
en scène une «immature politicienne» ne serait qu’un drôle de suicide,
auquel cas sa cooptation n’a pour but que de contenter les
ressortissants du septentrion qui n’ont jamais pardonné au président
Biya de la manière avec laquelle le dossier Ahidjo était géré. Même s’il
faut reconnaitre que sur les antennes de la presse étrangère, l’actuel
locataire d’Etoudi avouait que cela ne relevait pas de lui, mais de la
famille du feu président.
Justement, parlons-en. Germaine l’ancienne première dame raconte son
histoire «Nous sommes partis du Cameroun pour des vacances en France,
mais aussi pour les soucis de santé de mon mari. Ahidjo était fatigué,
surmené et il avait de plus en plus des pertes de mémoire. Il lui
fallait du repos. Il a été admis dans une clinique. Quand son état s'est
amélioré, il a voulu rentrer au Cameroun. C'est sur mon insistance
qu'il n'y est pas retourné.
Ensuite, il y a eu cette fameuse histoire de tentative de coup d'Etat en septembre 1983 où il a été-jugé et condamné à la peine capitale par contumace. Là, nous avons compris que nous étions devenus indésirables au Cameroun. On nous a retiré nos passeports. Quand on vous retire vos passeports, c'est qu'on vous retire aussi votre nationalité. Les autorités de Yaoundé avaient décidé que nous n'avions plus rien à voir avec le Cameroun. Nous sommes devenus des sans-papiers. Heureusement que Ahidjo avait gardé de très bonnes relations avec certaines autorités françaises et avec le Sénégal.»
Difficile donc de savoir ce qui s’est passé entre temps car à en croire certaines sources, Germaine malgré les appels du pied de Paul Biya exigerait toujours des obsèques nationales pour son époux, la restitution des biens confisqués, la réhabilitation de la mémoire de son mari et enfin le rapatriement de sa dépouille.
Il faut reconnaître que pour arriver aux résultats actuels, plusieurs missions menées par le cabinet civil de la présidence de la République ont fait le trajet Yaoundé-Dakar. A en croire certaines indiscrétions l’accueil réservé à Aminatou Ahidjo aurait permis de dissiper tout esprit malveillant au sujet d’un front qui s’était déjà constitué au Nord afin de traîner le parti au pouvoir dans la boue. Il y aurait donc démobilisation chez les pros-Marafa, les pros Iya et autres.