Quand des hommes sont soumis à des violences verbales, physiques, économiques, sexuelles, rituelles, psychologiques et morales...
Au Cameroun, la violence exercée sur les hommes par les femmes est un sujet tabou. Même le 25 novembre, à l'occasion de la Journée internationale qui y est consacrée, très peu d'hommes osent en parler. Pourtant, une étude menée en 2008 par le Centre de recherche sur les droits de la personne humaine (Cred) a démontré qu'au Cameroun, les hommes, toutes classes sociales et culturelles confondues, subissent des sévices de leurs compagnes.
Dans la même étude, il est mentionné que ceux-ci sont surtout victimes de violences conjugales verbales. La femme d'Emile l'insultait en public. « Quand je travaillais, ma femme qui travaillait aussi ne participait pas aux dépenses de la maison. Je donnais de l'argent pour la ration, pour l'école des enfants et bien d'autres choses. Quand je n'ai plus pu tout assumer tout seul, elle s'est mise à me mépriser, à m'insulter devant les enfants, à me traiter d'incapable devant les employés de la maison, d'impuissant et d'homme entretenu, ceci devant mes parents et mes amis», se rappelle-t-il.
Emile reconnaît cependant qu'il n'aurait jamais eu le courage de by Text-Enhance">divorcer sans l'aide de ses parents. Ceux-ci lui ont présenté une femme. « Je l'ai aussitôt prise pour épouse. Elle n'est pas violente du tout », rassure-t-il. Il garde encore les séquelles de ce passé douloureux. « J'ai perdu mon autorité en famille et je manque de confiance en moi. Je me dis toujours que les gens n'ont pas oublié les humiliations que me faisait subir mon ex-femme», confie-t-il.
Trésor M., lui, a plutôt été victime de violence sexuelle. Pour le faire chanter, pendant un an, son épouse a refusé d'avoir des rapports sexuels avec lui. Elle s'endormait avec des collants sous le "kabangondo" ou alors faisait dormir leur dernier-né dans le lit conjugal, entre son mari et elle. «Elle se comportait ainsi parce qu'elle voulait une voiture et moi je trouvais que ce n'était pas une priorité. Les choses sont rentrées dans l'ordre quand j'ai voulu demander le divorce », se souvient Trésor M. Selon le rapport de l'étude du Cred, les hommes sont aussi victimes de violences psychologiques et rituelles. Par ailleurs, d'autres hommes sont battus et même tués. « Mon by Text-Enhance">ménage s'est brisé quand mon épouse est entrée dans une Eglise pentecôtiste.
Je suis devenu le diable qui voulait l'envoûter. Pour me sauver, selon elle, je devais devenir membre de son Eglise. Entre-temps, nous devions dormir sur des draps rouges et dans une maison parfumée d'encens. Un jour, j'ai surpris ma femme en train de verser une potion noirâtre dans le dîner », témoigne l'homme, qui n'a malheureusement pas le courage de divorcer et compte toujours ramener sa femme à la raison.
Séquelles psychologiques
Une autre femme nous a dit être violente parce qu'elle avait l'impression que son mari la trompait. Ce qui était faux. Une autre s'offusquait du fait que son mari refuse qu'elle travaille et s'habille à la mode», explique Rolande Dzebaze-Kateu. Les conséquences de ces violences sont nombreuses. Elles n'affectent pas que l'homme, mais toute la famille, l'une de ses conséquences étant le divorce. « En 2007, par exemple, 1104 conflits conjugaux enregistrés au ministère des Affaires sociales et autres associations se sont soldés par 428 divorces », nous fait savoir Rolande Dzebaze-Kateu.
Au Cameroun, il existe très peu de structures pour venir en aide à ces hommes. Ils peuvent néanmoins se rendre dans les délégations du ministère des Affaires sociales et du ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille. Par ailleurs, l'Apcvf leur donne des conseils dans le cadre des campagnes de sensibilisation. « En collaboration avec les mairies, nous allons mettre en place une cellule de médiation conjugale et nous croyons qu'avec ce projet, il y aura moins de divorces. Par ailleurs, les gens peuvent nous contacter sur notre compte Facebook. L'amour, ça ne devrait pas faire mal ».