MENACES DE GUERRE CIVILE EN CÔTE D’IVOIRE: le chantage ignoble de Gbagbo
MENACES DE GUERRE CIVILE EN CÔTE D’IVOIRE: le chantage ignoble de Gbagbo
(Le Pays 28/12/2010)
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) envisage de recourir à la force pour déloger le président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, du pouvoir. Visiblement, cette possible intervention militaire est l’arme la plus efficace pour obtenir le respect du verdict des urnes en Eburnie. On sait d’ailleurs que le camp de Alassane Ouattara appelle de tous ses voeux cette intervention.
Face à cette situation, l’actuel locataire du Palais de Cocody a dit prendre la menace au sérieux. Il a agité le spectre de la guerre civile dans laquelle on plongerait son pays. Ce faisant, il fait un ignoble chantage. Sans doute, une déclaration de ce genre est de nature à semer la psychose au sein des populations et à susciter un sentiment de rejet vis-à-vis des Occidentaux, surtout. Certes, l’hypothèse de la guerre civile ne doit enchanter personne. Mais, on se demande si le climat dans lequel on se trouve déjà, ne s’apparente pas à une situation de guerre civile. C’est le sentiment qu’on a face à cette guerre, à sens unique, menée par les partisans du président sortant.
Par amour pour son pays, il serait plus judicieux, pour Laurent Gbagbo, de lui éviter des violences inutiles. Cet amour de son pays, qu’il clame à longueur de journée, voudrait qu’il accepte de "se sacrifier" en renonçant au fauteuil présidentiel qu’il a confisqué. C’est cela aussi le patriotisme. Par respect également pour les communautés étrangères en Côte d’Ivoire, les partisans du président sortant devraient s’employer à leur assurer le maximum de protection possible. Il faut, à tout prix, éviter d’en faire de la chair à canon, d’autant plus que ces communautés ne sont pas responsables de ce qui arrive. En d’autres termes, même s’ils ont une dent contre des Etats, les partisans de Gbagbo ne doivent pas s’en prendre aux pauvres populations, originaires de ces pays. C’est un raccourci trop facile et contre-productif.
En ce qui concerne la crise, on s’accorde à dire que la Côte d’Ivoire ne doit pas continuer, encore longtemps, à végéter dans cette situation qui, en vérité, n’honore personne. Il faut, de ce fait, mettre fin aux tergiversations pour trouver vite une solution. Bien sûr que dans une situation pareille, la solution la plus souhaitable est celle qui ne passe pas par un bain de sang. En tout cas, il faut privilégier une stratégie qui ne soit pas de nature à semer la mort et la désolation. Pour l’heure, les pressions d’ordre économique, ont montré, quelque part, leurs limites. Tant et si bien qu’on se demande si on peut vraiment faire l’économie d’une intervention militaire. On espère que, par un sursaut d’"honneur", Gbagbo va tendre une oreille attentive au message de ses pairs envoyés d’urgence par la CEDEAO pour une médiation dite de la dernière chance. C’est connu. La mission confiée par l’organisation communautaire aux présidents béninois, sierra-léonais et cap-verdien, n’est pas des plus faciles. Réussiront-ils le miracle ? Les prochaines heures nous le diront. Ce qui est sûr, la gestion de ce conflit post-électoral ivoirien doit servir d’exemple. C’est une leçon dont on doit s’inspirer pour la gestion de tout conflit post-électoral à venir en Afrique. L’intervention militaire envisagée par la CEDEAO est certes, délicate. Mais, si elle venait à se matérialiser, elle marquerait un tournant décisif dans la gestion des élections en Afrique. Il en sera de même si d’aventure Gbagbo en venait à renoncer au pouvoir à l’issue de sa rencontre avec la troïka de la CEDEAO. En somme, si la pression internationale arrivait à porter ses fruits, ce serait un bon précédent qui ne manquerait pas de créer des sueurs froides dans certaines capitales où la foi en la démocratie réelle n’est pas la chose la mieux partagée. Cette réalité a toute son importance dans la promotion de la démocratie sous nos tropiques. Actuellement, il est très important que la justice ouvre l’oeil, et le bon, sur tout ce qui se passe en termes de violations des droits humains dans ce pays. Tous ceux qui commettent des crimes, en ce moment, sont passibles de poursuites. Il en est de même pour ceux qui s’en sont rendus coupables depuis l’éclatement de la crise, en 2002. En attendant, le camp du président déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante ivoirienne et les Nations unies, a appelé les Ivoiriens à une grève générale à partir de la journée d’hier lundi.
Le camp d’en face, a, pour sa part, prévu une manifestation le 29 décembre. Tout cela contribue à exacerber les tensions et les divisions dans le pays. Les dégâts au plan économique sont déjà perceptibles dans la sous-région. Le panier de la ménagère se vide désespérément de jour en jour, à Abidjan. Il faut vite sortir de cet engrenage. Et, on le souhaite, avec le moins de casse possible.
"Le Pays"
(Le Pays 28/12/2010)
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) envisage de recourir à la force pour déloger le président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, du pouvoir. Visiblement, cette possible intervention militaire est l’arme la plus efficace pour obtenir le respect du verdict des urnes en Eburnie. On sait d’ailleurs que le camp de Alassane Ouattara appelle de tous ses voeux cette intervention.
Face à cette situation, l’actuel locataire du Palais de Cocody a dit prendre la menace au sérieux. Il a agité le spectre de la guerre civile dans laquelle on plongerait son pays. Ce faisant, il fait un ignoble chantage. Sans doute, une déclaration de ce genre est de nature à semer la psychose au sein des populations et à susciter un sentiment de rejet vis-à-vis des Occidentaux, surtout. Certes, l’hypothèse de la guerre civile ne doit enchanter personne. Mais, on se demande si le climat dans lequel on se trouve déjà, ne s’apparente pas à une situation de guerre civile. C’est le sentiment qu’on a face à cette guerre, à sens unique, menée par les partisans du président sortant.
Par amour pour son pays, il serait plus judicieux, pour Laurent Gbagbo, de lui éviter des violences inutiles. Cet amour de son pays, qu’il clame à longueur de journée, voudrait qu’il accepte de "se sacrifier" en renonçant au fauteuil présidentiel qu’il a confisqué. C’est cela aussi le patriotisme. Par respect également pour les communautés étrangères en Côte d’Ivoire, les partisans du président sortant devraient s’employer à leur assurer le maximum de protection possible. Il faut, à tout prix, éviter d’en faire de la chair à canon, d’autant plus que ces communautés ne sont pas responsables de ce qui arrive. En d’autres termes, même s’ils ont une dent contre des Etats, les partisans de Gbagbo ne doivent pas s’en prendre aux pauvres populations, originaires de ces pays. C’est un raccourci trop facile et contre-productif.
En ce qui concerne la crise, on s’accorde à dire que la Côte d’Ivoire ne doit pas continuer, encore longtemps, à végéter dans cette situation qui, en vérité, n’honore personne. Il faut, de ce fait, mettre fin aux tergiversations pour trouver vite une solution. Bien sûr que dans une situation pareille, la solution la plus souhaitable est celle qui ne passe pas par un bain de sang. En tout cas, il faut privilégier une stratégie qui ne soit pas de nature à semer la mort et la désolation. Pour l’heure, les pressions d’ordre économique, ont montré, quelque part, leurs limites. Tant et si bien qu’on se demande si on peut vraiment faire l’économie d’une intervention militaire. On espère que, par un sursaut d’"honneur", Gbagbo va tendre une oreille attentive au message de ses pairs envoyés d’urgence par la CEDEAO pour une médiation dite de la dernière chance. C’est connu. La mission confiée par l’organisation communautaire aux présidents béninois, sierra-léonais et cap-verdien, n’est pas des plus faciles. Réussiront-ils le miracle ? Les prochaines heures nous le diront. Ce qui est sûr, la gestion de ce conflit post-électoral ivoirien doit servir d’exemple. C’est une leçon dont on doit s’inspirer pour la gestion de tout conflit post-électoral à venir en Afrique. L’intervention militaire envisagée par la CEDEAO est certes, délicate. Mais, si elle venait à se matérialiser, elle marquerait un tournant décisif dans la gestion des élections en Afrique. Il en sera de même si d’aventure Gbagbo en venait à renoncer au pouvoir à l’issue de sa rencontre avec la troïka de la CEDEAO. En somme, si la pression internationale arrivait à porter ses fruits, ce serait un bon précédent qui ne manquerait pas de créer des sueurs froides dans certaines capitales où la foi en la démocratie réelle n’est pas la chose la mieux partagée. Cette réalité a toute son importance dans la promotion de la démocratie sous nos tropiques. Actuellement, il est très important que la justice ouvre l’oeil, et le bon, sur tout ce qui se passe en termes de violations des droits humains dans ce pays. Tous ceux qui commettent des crimes, en ce moment, sont passibles de poursuites. Il en est de même pour ceux qui s’en sont rendus coupables depuis l’éclatement de la crise, en 2002. En attendant, le camp du président déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante ivoirienne et les Nations unies, a appelé les Ivoiriens à une grève générale à partir de la journée d’hier lundi.
Le camp d’en face, a, pour sa part, prévu une manifestation le 29 décembre. Tout cela contribue à exacerber les tensions et les divisions dans le pays. Les dégâts au plan économique sont déjà perceptibles dans la sous-région. Le panier de la ménagère se vide désespérément de jour en jour, à Abidjan. Il faut vite sortir de cet engrenage. Et, on le souhaite, avec le moins de casse possible.
"Le Pays"
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