Mémorandum: Une association de prêtres mariés en gestation au Cameroun
YAOUNDE - 17 NOV. 2011
© Donald Mayi | L'Actu
© Donald Mayi | L'Actu
Le pape benoît XVI sera au Bénin le 18 novembre 2011 pour la remise à l'Eglise en Afrique de sa deuxième exhortation post synodale, qui portera certainement sur la justice, la paix et la réconciliation dans le continent. Les préparatifs de cette seconde visite du souverain pontife en Afrique vont bon train. En même temps, des lettres ouvertes aux épiscopats de tel ou tel pays, voire des pétitions au pape lui-même circulent déjà.
Ainsi, l'on fait état de ce mémorandum qui serait en préparation dans certains milieux du clergé camerounais, et qui réclamerait ouvertement entre autres le mariage pour les prêtres. Sujet hautement sensible, qui avait d'ailleurs fait des choux gras il y a quelques années au Cameroun, quand un périodique avait publié sous la plume de Bachirou la mise en route à Yaoundé d'une association de femmes de prêtres, décidées de sortir de l'anonymat. Depuis ce temps beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. Le scandale des prêtres centrafricains n'aurait pourtant pas fait école. Pour preuve, la levée de boucliers qui a suivi la suspension d'un prêtre convaincu de mariage civil dans le diocèse d'Obala, proche de Yaoundé.
Pour l'information, c'est en 2007 qu'un ancien archevêque de Lusaka en Zambie, Mgr Emmanuel Milingo, avait fondé l'association des prêtres mariés dénommée «Married priest now». Lui-même donnant l'exemple, s'était au préalable marié à 75 ans, après moult tractations échouées avec le Vatican. Il avait aussi ordonné 4 évêques parmi les prêtres mariés, évidemment sans l'aval du Vatican.
En 2008, Mgr Milingo avait entrepris une tournée africaine de certains pays dont le Cameroun, dans le but d'implanter son association. Est-ce celle-là qui serait signataire dudit mémorandum dont nous n'avons que des fuites, ou alors d'une autre plus autonome ?
Nous rappelant le cas centrafricain, il faut dire que Benoît XVI apparaît dans ces questions comme une main de fer dans un gang de velours. C'est le pape qui a accepté d'évoquer la question publiquement, mais c'est aussi quelqu'un de très ferme et exigeant sur les questions de morale et de discipline du célibat des prêtres, au moment où l'on s'attendait à une plus grande libéralisation. Le 265e pape de l'Eglise romaine n'a pas hésité à exclure de l'épiscopat plusieurs évêques convaincus de pédophilie, d’homosexualité, ou de complicité avérée avec des gens qui ont ces pratiques. De même, il a appelé à la démission de plusieurs évêques et prêtres entretenant des rapports conjugaux avec des femmes.
On se souvient qu'il n'y a pas longtemps, le pape a révoqué pas moins de 86 prêtres et 2 évêques centrafricains. Le fait n'a pas été suffisamment médiatisé au Cameroun. Cette laïcisation a été en réalité facilitée par la grève des prêtres après la révocation de Mgr Paulin Podomino qui était archevêque de Bangui, et son remplacement par le père Dieudonné Nzapalainga, un religieux spiritain nommé administrateur apostolique de la capitale centrafricaine. Suite à ce fait, les prêtres diocésains avaient lancé le 26 mai 2009 une «grève des messes et des sacrements». Action inédite, des prêtres qui refusent de dire la messe.
Pour cause, le Vatican venait de recevoir le rapport d'un inspecteur ad hoc, lui-même africain de nationalité guinéenne, le désormais cardinal Robert Sarah. Ce haut fonctionnaire du Vatican venu en Centrafrique était fort du rapport du nonce apostolique, lui aussi africain, le nigérian Mgr Thaddeus Okolo, qui dénonçait le fait que plusieurs prêtres ne respectaient plus leurs vœux de célibat sacerdotal, entretenant femmes et enfants dans les presbytères, certains étant polygames. Cette situation longtemps dans l'ombre était devenue publique et explosive. Les séminaristes s'en étaient mêlés. Les évêques qui couvraient les prêtres vivant maritalement ont dû en répondre. Nos sources font état de plus de 50% de séropositifs parmi les grands séminaristes et les novices.
Tout ce beau monde prêchant la paix, mais aussi l'obéissance et la chasteté, s'est répandu dans les médias en insultes les plus grossières visant leurs frères africains qui ont fait ces rapports, mais aussi le Vatican. D'où la sanction: 86 prêtres laïcisés, le grand séminaire saint Marc et le moyen séminaire saint Paul de Bangui fermés, ainsi que d'autres centres de formation pour religieux.
Avant la visite du pape au Bénin et la publication de ce mémorandum attendu, il est bon de savoir que l'impunité n'est plus la règle dans ces milieux, et «ce qui arrivait aux autres peut aussi nous arriver».
Pour l'information, c'est en 2007 qu'un ancien archevêque de Lusaka en Zambie, Mgr Emmanuel Milingo, avait fondé l'association des prêtres mariés dénommée «Married priest now». Lui-même donnant l'exemple, s'était au préalable marié à 75 ans, après moult tractations échouées avec le Vatican. Il avait aussi ordonné 4 évêques parmi les prêtres mariés, évidemment sans l'aval du Vatican.
En 2008, Mgr Milingo avait entrepris une tournée africaine de certains pays dont le Cameroun, dans le but d'implanter son association. Est-ce celle-là qui serait signataire dudit mémorandum dont nous n'avons que des fuites, ou alors d'une autre plus autonome ?
Nous rappelant le cas centrafricain, il faut dire que Benoît XVI apparaît dans ces questions comme une main de fer dans un gang de velours. C'est le pape qui a accepté d'évoquer la question publiquement, mais c'est aussi quelqu'un de très ferme et exigeant sur les questions de morale et de discipline du célibat des prêtres, au moment où l'on s'attendait à une plus grande libéralisation. Le 265e pape de l'Eglise romaine n'a pas hésité à exclure de l'épiscopat plusieurs évêques convaincus de pédophilie, d’homosexualité, ou de complicité avérée avec des gens qui ont ces pratiques. De même, il a appelé à la démission de plusieurs évêques et prêtres entretenant des rapports conjugaux avec des femmes.
On se souvient qu'il n'y a pas longtemps, le pape a révoqué pas moins de 86 prêtres et 2 évêques centrafricains. Le fait n'a pas été suffisamment médiatisé au Cameroun. Cette laïcisation a été en réalité facilitée par la grève des prêtres après la révocation de Mgr Paulin Podomino qui était archevêque de Bangui, et son remplacement par le père Dieudonné Nzapalainga, un religieux spiritain nommé administrateur apostolique de la capitale centrafricaine. Suite à ce fait, les prêtres diocésains avaient lancé le 26 mai 2009 une «grève des messes et des sacrements». Action inédite, des prêtres qui refusent de dire la messe.
Pour cause, le Vatican venait de recevoir le rapport d'un inspecteur ad hoc, lui-même africain de nationalité guinéenne, le désormais cardinal Robert Sarah. Ce haut fonctionnaire du Vatican venu en Centrafrique était fort du rapport du nonce apostolique, lui aussi africain, le nigérian Mgr Thaddeus Okolo, qui dénonçait le fait que plusieurs prêtres ne respectaient plus leurs vœux de célibat sacerdotal, entretenant femmes et enfants dans les presbytères, certains étant polygames. Cette situation longtemps dans l'ombre était devenue publique et explosive. Les séminaristes s'en étaient mêlés. Les évêques qui couvraient les prêtres vivant maritalement ont dû en répondre. Nos sources font état de plus de 50% de séropositifs parmi les grands séminaristes et les novices.
Tout ce beau monde prêchant la paix, mais aussi l'obéissance et la chasteté, s'est répandu dans les médias en insultes les plus grossières visant leurs frères africains qui ont fait ces rapports, mais aussi le Vatican. D'où la sanction: 86 prêtres laïcisés, le grand séminaire saint Marc et le moyen séminaire saint Paul de Bangui fermés, ainsi que d'autres centres de formation pour religieux.
Avant la visite du pape au Bénin et la publication de ce mémorandum attendu, il est bon de savoir que l'impunité n'est plus la règle dans ces milieux, et «ce qui arrivait aux autres peut aussi nous arriver».