Les personnalités en disgrâce du fait de malversations financières et attendues au TCS font partie, contre toute attente, des signataires des motions de soutien au président de la République.
C’est une véritable course contre la montre que se livrent les élites des différents coins du Cameroun, dans leur volonté de démontrer à Paul Biya qu'il peut compter sur leur soutien et sur leur bénédiction pour non seulement vaincre Boko Haram, mais aussi conduire le Cameroun à l'émergence à l'horizon 2035..
Les colonnes du quotidien national Cameroon tribune abondent de motions de soutien et de déférence. Leurs contenus rivalisent d'adresse et la voie est grandement ouverte aux dérapages, Si les motions de soutien en elles-mêmes ne posent pas problème et seraient même, selon une certaine opinion, importantes dans un pays où des personnes douées d'intelligence pensent que la nomination à un poste de responsabilité ne repose pas sur le facteur compétence mais vise plutôt à, récompenser certains de leur dévouement ou engagement pour la cause du président de la République.
Le fait est insolite.
Insensé même, diront certains de compter parmi les grands noms signataires des motions de soutien au président de la République, les noms de certaines personnalités reconnues pour détournement de fonds publics devant Dieu et les hommes. Des hommes justement qui n'attendent que la mise en route des procédures judiciaires contre eux pour se retrouver en prison. Des personnes en fait dont la liberté ne tient plus qu'à la simple volonté du président de la République. La question donc de savoir ce que ces personnalités en disgrâce attendent de ces motions de soutien. On est au moins certain d'une chose: ce n'est pas un fait anodin et le moins que l'on puisse dire est que, quand on a déjà tout perdu, quel risque y-a-t-il à oser pour tenter de sauver sa tête. Une sagesse africaine nous apprend que lorsqu'on se noie, on peut s'accrocher même à un serpent.
Fallait-il qu'il y ait une circonstance exceptionnelle pour que ces fameuses motions de soutien qui étaient en vedette durant l'élection présidentielle de 2011 pour soutenir la candidature de Paul Biya refassent surface. Et si Boko Haram n'avait pas attaqué le Cameroun, sur quoi devaient se fonder les signataires de motion de soutien pour faire entendre leurs voix. On peut donc comprendre que ces personnalités scrutaient le ciel dans l'espoir d'un évènement pour remettre en selle leurs motions de soutien.
Une question taraude les esprits tout de même: Paul Biya, qui a placé son séjour à la magistrature suprême sous le signe de la rigueur et de la moralisation, serait-il heureux, de recevoir des motions de soutien, avec parmi les signataires des personnes qui mettent ou qui ont mis en péril ses grands projets? Ces hommes et femmes qui ont spolié les caisses publiques qu'il qualifie lui-même de bandits à col blanc? Difficile de répondre par la négative et forcément l'effet escompté par la motion de soutien sera dilué. Et c'est bien dommage !