Mégalomanie – Un palais présidentiel en construction à Garoua: Enquête sur le trophée de la corruption de Marafa - Pourquoi l’ex-ministre d’Etat ne pouvait pas échapper à la prison

DOUALA - 03 JUIL. 2012
© Florent Ndabo | Aurore Plus

La Conac devrait dépêcher une équipe sur les lieux. Pourquoi l’ex-ministre d’Etat ne pouvait pas échapper à la prison.

Garoua, ce 18 juin 2012. Les premières heures de la matinée n’augurent aucune inquiétude au niveau de la météo ; un temps doux qui permet aux populations de la cité capitale de la région du Nord de vaquer tranquillement à leurs occupations quotidiennes. La dernière actualité liée à l’arrestation et aux lettres de Marafa Hamidou Yaya, un natif du coin n’ébranle personne. Le vrombissement des moteurs, dégagé par de gros porteurs en partance pour le Tchad et la République centrafricaine et les klaxons des engins à deux roues déployés au niveau du centre commercial ne riment pas avec le calme qui caractérise le quartier Marouaré, la nouvelle trouvaille des artisans de la grande bourgeoisie. Ici, duplex et résidences somptueuses avec un luxe insolent sortent de terre comme des champignons avec de nettes différences architecturales. Dans cet eldorado d’opulence, une curiosité attire l’attention du premier visiteur qui débarque sur les lieux. C’est le Domaine en construction de l’ex-ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya. Une véritable folie des grandeurs étalée sur une superficie de 12 hectares.

Principale remarque, le propriétaire des lieux, a créée le vide tout autour de lui en se «barricadant». En d’autres termes, dans une posture présidentielle, Marafa Hamidou Yaya n’a pas de voisins. Pour ceux qui ne le savent pas, Marouaré est à Garoua ; ce que le quartier Bastos représente à Yaoundé. En réalité, l’affaire de l’acquisition foireuse de l’avion présidentiel dénommé « Albatros » n’est pas la seule source des malheurs de Marafa Hamidou Yaya. Le sulfureux train de vie arrogant de cet homme qui a miraculeusement échappé à la mort aux lendemains du putsch du 06 avril 1984, a davantage précipité sa chute et sa neutralisation. Le symbole visible de cette démonstration de force sur fond de mégalomanie est ce vaste domaine de plus de 12 ha en cours de construction au quartier Marouaré à Garoua. Et contre toute attente, les travaux d’exécution de ce « palais » ne se sont pas arrêtés. Ils se poursuivent normalement depuis l’arrestation de l’ex-Minatd, d’abord détenu à la prison centrale de Yaoundé Kodengui ; puis transféré au Sed depuis la publication de ses lettres par la presse.


Folie des grandeurs

Actuellement, ceux-ci sont concentrés au niveau du bâtiment principal où des ouvriers sont à pied d’œuvre. La gigantesque demeure présente les caractéristiques suivantes : -Un Lac artificiel de plus de 2 ha de superficie alimenté par des forages. Ce lac a la particularité d’être accessible à partir d’un catamaran, un système de flotteur de l’hydravion. Tout autour, l’on retrouve des Boukarous. Marafa Hamidou Yaya a recommandé à ses architectes étrangers de placer cet engin navigant au milieu de son lac artificiel. Dans ce lac, il est prévu l’élevage d’une centaine de crocodiles avec toutes les incidences financières conséquentes : nutrition et mise en forme. -Un parcours de golf d’environ 6 hectares que jouxte un espace de 100 m réservé pour la fantasia des chevaux. Une dizaine de dépendances. Un boulevard sinuant et long de 3km. Une cour de tennis reliée à une piscine olympique. -Une résidence principale d’une superficie de 3000 m2 et accessible par un ponton, sorte de plate-forme flottante reliée à la terre et servant à l’amarrage des bateaux dans un port. Voilà la « Marafaconnection » financée avec l’argent de pauvres contribuables qui croupissent dans la misère. Faut-il en rire ou pleurer face à cette démesure qui frise le mépris ?

En réalité, l’arrestation de l’ex-secrétaire général de la présidence de la République n’est pas une surprise pour tous ceux qui s’intéressent à l’actualité tournant autour de cette haute personnalité de la République depuis son départ du gouvernement le 09 décembre 2011. Où a-t-il puisé cette insolente fortune pour financer le palais de Marouaré ? Salaires, économies personnelles ou fruits des dividendes de la corruption ? Les députés Sdf, qui s’activent actuellement pour assurer sa défense, devrait exiger la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour avoir la lumière sur les sources de financement de ce domaine.



03/07/2012
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