Médias - Traitement discriminatoire: Pourquoi le black-out sur l’affaire Afriland First Bank?

Douala, 22 Janvier 2013
© Muna Dimbambe | Aurore Plus

Au cœur d’un scandale financier l’opposant à l’Etat du Cameroun pour le détournement de 1,7 milliard de F Cfa, Afriland First Bank a réussit la prouesse de taire l’affaire, à en juger par le black-out observé par les médias à ce propos. La preuve patente étant la censure de fait qu’a subie notre précédente édition dans laquelle l’affaire barrait pourtant la Une.

Relevant pourtant d’une affaire nationale, le scandale du détournement des fonds Ppte du ministère des forêts et de la faune ne connaîtra aucun traitement dans la presse, si ce n’est au travers d’organes de presse échappant au contrôle du lobby financier dirigeant Afriland First Bank et dont les connexions s’étendent à de nombreuses rédactions de paysage médiatique national. C’est le cas effectivement de le croire, ce d’autant plus qu’en dépit de la sonnette d’alarme tirée fort à propos par la Cobac au travers d’un rapport conséquent, seul un organe de la place se résolut de dénoncer les dysfonctionnements relevés par l’organe de contrôle bancaire sous régional. En somme, ce n’aura guère été intéressant pour une certaine presse pourtant à l’affût du moindre scandale quand celui-ci implique des Camerounais d’origine différente que celle des membres du lobby financier évoqué supra.

A croire que seuls les originaires d’autres régions que celle-là contribueraient à délester l’Etat de ses ressources, causant ainsi du tort au plus grand nombre de Camerounais. Sinon, comment penser que même lors de la revue de la presse par des chaînes de télévision, l’affaire n’ait jamais été évoquée ? Des constats amers à plus d’un titre qui trahissent malheureusement une subtile volonté de tribaliser l’information, surtout quand celle-ci relève de quelque grossier scandale. Dans la foulée, on ne s’offusque guère de médiatiser à l’extrême la moindre injustice dont serait victime l’un des originaires de la même région, on peut comme si l’on entendait ainsi exacerber le réflexe identitaire et trouver quelque sauf-conduit pour crier à la marginalisation.

Fort heureusement, les faits sont têtus et suscitent tôt ou tard un traitement conséquent de la presse, quand bien même on essaie de maquiller la réalité. A ce titre, quelle crédibilité donner par exemple à Cameroon Tribune dans sa livraison n°10 264 du lundi 21 janvier 2013 qui semble s’arrimer à une telle pratique quand, évoquant les recettes réalisées par le Tribunal Criminel Spécial se garde de relever que le chèque émis dans la cadre de l’affaire Camdev ait été tiré non pas par le directeur général de cette Ong, mais bien plus par Afriland First Bank qui facilita les détournements des dépôts y domiciliés et effectués par le Minfof pour le financement des opérations relevant du projet Rigc. Ignorance ou malveillante volonté de protéger une banque qui en la matière n’est pas à son premier coup? Toujours est-il qu’elle devra répondre dans les tout prochains jours de la compromission de près de 57 milliards de F Cfa dont elle avait à charge la gestion dans le cadre d’autres projets.

Comme quoi, on aura beau retarder la dénonciation des agissements répréhensibles de cette institution bancaire, la récurrence des accusations qui s’en suivra viendra mette à nu la descente aux enfers que nous avons annoncée dans notre précédente édition, après la sonnette d’alarme de la Cobac. Peut-être voudrait-on qu’elle s’enlise dans des difficultés inextricables que connurent en leur temps la Cbc et Cofinest pour comprendre que les alertes qu’enclenche très souvent la Cobac, sont loin d’obéir à quelque volonté de nuire, mais plutôt l’urgence pour les administrateurs des institutions bancaires de retrouver l’orthodoxie. En attendant de voir Afriland First Bank s’y faire, il n’en demeure pas moins vrai que le mutisme plutôt suspect de la presse ne la sert guère et la dessert au contraire et plus encore les épargnants qui au final se surprennent de tout perdre quand arrivent les sanctions à l’encontre de l’institution bancaire sous forme d’administration provisoire et pire de liquidation.



22/01/2013
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