Dans sa livraison du 5 juillet 2012, cameroun-infonet publiait un article du journal l’actu sous le titre de : ‘’querelles foncières au village: Mebe Ngo’o et meva’a m’eboutou au cœur des litiges - les populations accusent le Ministre de la Défense et l'ancien Ministre des Finances d'arracher leurs terres.’’ Il s’agit pourtant d’un fait récurent qui fait que la plupart des cadres de ce coin, dès qu’ils sont nommés ministres dans le gouvernement de Biya, reviennent au village pour arracher les terrains de leurs oncles, frères du village et cousins pour créer des palmeraies, des pressoirs à huile et des ranchs à l’américaine ou à usurper des titres de chefs de villages.
De la lecture de cet article, il ressort qu’Edgar Alain Mebe Ngo’o, ministre de la Défense, a envoyé des engins de l'armée nationale conduits par des militaires pour terrasser une parcelle de terre dans leur village à Efoulan Yemvak dans l'arrondissement de Sangmélima. Ce terrain de 36 hectares qu’il a obtenu dans des conditions louches appartient à un certain Etoa Meba’a, inspecteur des impôts, qui s'est opposé avec ses proches aux travaux et les populations se sont couchées sur le passage, empêchant les engins de travailler. Si plusieurs questions peuvent être posées sur cette boulimie et cette kleptomanie foncières et financières des hommes de Biya qui ne ménagent aucun effort pour voler au peuple et extorquer tous les terrains dans leurs villages respectifs à de pauvres paysans avec l’argent soutiré des caisses de l’état , ce qui nous intéresse pour le moment, en attendant notre prochain article, c’est l’utilisation ainsi des engins et du personnel de de l’Etat, c’est-à-dire des biens du peuple pour des services purement personnels.
Depuis le départ d’Ahidjo, le Génie Militaire, cette prestigieuse unité d’élite, conçue par cet ancien président pour être un grand acteur du développement social au service du peuple et qui avait réalisé des travaux d’infrastructures importants et hautement louables contribuant au prestige de notre armée est devenue sous Biya une structure au service des ministres de la Défense, des généraux et des colonels. Elle bénéficiait de la sollicitude permanente de cette haute autorité, était équipée en matériels sophistiqués et performants et disposait des cadres compétents formés dans les grandes écoles d’ingénierie des pays développés. Ils l’utilisent pour construire leurs routes personnelles, leurs châteaux dans les villes et dans leurs villages.
Le budget de fonctionnement de cette unité, qui représente une bonne partie de celui alloué au Ministère de la Défense après celle beaucoup plus importante destinée à l’achat des armes pour la protection de Mr Biya, est devenu la caisse dans laquelle ils puisent impunément et allègrement pour réaliser les travaux de leurs multiples chantiers où ils passent plus de temps que dans leurs bureaux. Ses grandes réalisations remontent à la période de l’ancien Président et depuis, ses missions en dehors de quelques petites réalisations faites pour justifier les détournements du budget, sont devenues imprécises, floues à dessein et tatillonnes.
Pendant ce temps, nos routes, lamentablement détériorées sont devenues un mouroir permanent par manque des travaux d’entretien. C’est dans ce sens que son excellence Mr le ministre Mebe Ngo’o peut en toute liberté l’utiliser pour cultiver ses champs et construire ses routes et ses maisons, utilisant du coup le carburant de l’Etat dans les soutes militaires, le personnel de l’Etat dont certains sont en permanence affectés dans les champs et autres services personnels y compris à celui de son épouse. Dans le même ordre d’idée, on peut se demander pourquoi des agents recrutés et payés par l’Etat pour faire le travail de l’Etat dans la fonction de militaire au service du peuple, en dehors des postes réglementaires de chauffeurs et de gardes de corps, peuvent se retrouver au service des individus, fussent-ils généraux ou colonels, servant comme boys de maisons ou affectés purement et simplement au service des épouses et maitresses ou dans leurs chantiers à la construction de leurs châteaux.
Beaucoup ont signalé avoir été violentés verbalement, psychologiquement et même physiquement par leurs épouses, enfants et maitresses auprès de qui ils ont été placés et traités comme de minables êtres au mépris de leur dignité et de leur honneur personnel, quelques-uns étant des chefs de familles avec femmes et enfants. Mr Biya veut faire du Cameroun un pays émergeant en 2035. Mais nous devons admettre que ces comportements ne sont pas de nature à accompagner ce souhait et qu’il faille les réprimer et les écarter de la voie royale qui peut conduire à la matérialisation posthume de ce vœu.
Comment un ministre comme celui- là, à qui on reconnaît une si grande fortune constituée sur le dos de l’Etat et du pauvre contribuable camerounais ne peut-il pas comprendre que tout cela devient plutôt de la provocation envers le peuple qui tire le diable par la queue et qui a tellement souffert et pleuré que les larmes de ses yeux ont tari depuis des années. L’évocation en 2011 de cette fortune dans les nombreux medias du pays et par la CRTV la radio du RDPC dans une émission satirique a fait un vrai scandale, s’agissant d’un agent de l’Etat qui totalise à peine une dizaine d’années de service et une épouse, ancienne secrétaire-dactylographe d’une obscure agence Sonel de Yaoundé, maintenant à la tête d’un véritable empire financier.
Est-ce que cette fois-ci ce délinquant économique et voleur récidiviste pris par les populations elles- mêmes en flagrant délit de vol et détournements des biens du peuple va être finalement confié par Mr Biya à l’Opération Epervier pour son interpellation et sa présentation devant la Justice pour qu’il suive en prison tous ceux qui comme lui, ont ruiné le pays. Certains y sont pour bien peu que cela, juste un détournement de quelques centaines de milles des caisses de l’Etat. Être ministre de la Défense ne veut pas dire que les biens de l’Etat dont il a la charge sont devenus sa propriété et qu’il peut les gérer comme sa propre épicerie.
Les populations de ce petit village perdu au fin fond de la forêt équatoriale qui, par leur courage et leur détermination ont bravé les exactions des militaires et leurs armes, barré la voie à un malfaiteur et ne lui ont pas donné une autre occasion d’utiliser les ressources de l’Etat pour son propre compte, nous donnent une leçon et nous interpellent, nous tous les camerounais. Allons-nous continuer à fermer les yeux et laisser une bande de fripouilles dévaliser et détruire notre si beau pays si leur rang social les place au-dessus de la Justice ?