Mayo Banyo: Un colonel fait exiler 300 camerounais au Nigéria
DOUALA - 04 Septembre 2012
© Christophe Mvondo | La Nouvelle Expression
© Christophe Mvondo | La Nouvelle Expression
En
jeu, le fauteuil de chef traditionnel du village que veulent contrôler
Henri Nguel-Nnah, intronisé par les notables, et le lieutenant-colonel
Anatole Djouwee, investi par l’autorité administrative.
Le village Atta se vide de ses
populations depuis le lancement d’une vague d’arrestations de notables
et autres villageois jugés hostiles à la l’option préfectorale faisant
du lieutenant colonel Djouwe Anatole, le chef du canton d’Atta. Des
sources indiquent plus de 300 personnes ont trouvé refuge au Nigéria
voisin pour échapper aux arrestations. A l’origine de cette situation,
une affaire de succession qui a mal tourné à la chefferie du canton
d’Atta.
Face à ce que les populations considèrent comme une humiliation de leurs notables qui séjournent actuellement à la prison de Banyo, les élites du canton d’Atta ont rédigé une pétition adressée au Premier ministre. Dans cette correspondance, les élites dénoncent «des arrestations et séquestrations….» Selon les témoignages des riverains, le lieutenant colonel Djouwee Anatole aurait, dans la nuit du 13 au 14 août 2012, effectué une descente musclée dans le village, appuyé par des éléments de la gendarmerie et du bataillon d’intervention rapide (Bir), lourdement armés. A coup de fusil, ils font sauter la porte du chef reconnu par les populations, Henri Nguel-Nnah, les notables Mbom Donat et Woulafoum Sylvain. Ces notables ainsi que leur chef ont été emmenés menottés comme de vulgaires bandits. Détenus d’abord à la brigade de gendarmerie, ils ont par la suite été entendus par le Procureur de la République puis placé sous mandat de dépôt à la prison de Banyo. Une autre descente musclée des forces de l’ordre a été effectuée dans la nuit du 18 août. Cette fois, c’est une vingtaine de personnes présentées comme hostiles au chef investi par l’autorité administrative qui ont été emmenées pour rejoindre à la prison de Banyo, le chef et les autres notables. Au total, c’est une quarantaine de personnes qui sont actuellement détenues à la prison de Banyo dans le cadre de cette affaire, selon nos sources. De l’avis même des élites du village Atta, cette manœuvre vise une installation du Lieutenant colonel Djouwee Anatole comme chef du village Atta au moment où tous les notables contestataires sont hors d’état de nuire. D’où la réaction des élites qui exigent l’annulation de l’arrêté préfectoral litigieux, la libération du chef, de ses notables et toutes les personnes détenues dans le cadre de cette affaire, l’ouverture d’une enquête pour dégager les responsabilités des uns et des autres. La succession Le problème de succession qui se pose dans le village d’Atta est une tentative de rupture avec les pratiques ancestrales dans cette chefferie. Selon le témoignage d’un fils de la localité, le père du Lieutenant colonel Djouwee Anatole était chef. Il est donc issu de cette famille car son père a régné. Il estime donc qu’il devrait le succéder. Mais seulement, le cas d’Atta est particulier car, il n’y a pas de succession au sens commun du terme, mais rotation car le fondateur de la chefferie avait quatre épouses. La première, mère de Timi où est issu le Lieutenant colonel, a déjà régné. La deuxième, mère de Merepe a déjà régné. La troisième, mère de Naha où est issu l’actuel chef Nguel-Nnah Henri, et la quatrième, mère de Kol où est issu le premier notable qui règnera après Nguel-Nnah Henri. Tel est le vœu de la tradition dans le canton d’Atta qui est aujourd’hui contestée. |
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