Maurice KAMTO, « j’irai au gouvernement que si les camerounais m’envoient au gouvernement !»
Camer.be 10 Janvier 2014
Dans son émission « Entretien avec… », désormais célèbre pour avoir reçue des personnalités importantes du pays et même d’ailleurs, Thierry NGOGANG, journaliste à Spectrum télévision (Stv2) a accueilli dans la soirée du jeudi 9 janvier sur son fauteuil rouge, l’éminent professeur agrégé, président national du parti politique Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) : Pr. Maurice KAMTO.
Dans un jeu de questions et réponses qui durera 2 heures, le Pr. Maurice KAMTO s’est penché avec une aisance qui lui est propre sur des questions de droit international, d’économie Camerounaise, de code électoral et bien sûr des missions de son parti politique le MRC. Après avoir reçu des félicitations par le journaliste pour ses prochains 60 ans de vie sur terre en février prochain, le 15 pour être plus précis, le Pr. Kamto a déclaré qu’il n’est pas un rebelle et pour avoir apprécié la succession de M. AHIDJO par le président Paul BIYA, il pense que les données économiques du pays confirme que le président Paul BIYA a changé de trajectoire.
Pour avoir assisté en direct a l’exécution d’Ernest OUANDIE, le Pr Kamto précise qu’il est très sensible à l’injustice et qualifiera par ailleurs le régime du président Ahidjo de très dur. Il mentionne également que sa famille et lui ont souffert de la répression du régime AHIDJO.
Dans le texte qui suit, je vous livre entre autre et sous forme de questions et réponses les grandes lignes de cet entretien du journaliste T.NGOGANG avec le Pr. KAMTO.
Quel est votre sentiment lorsque le président Ahidjo démissionne ?
J’étais à Nice à ce moment. Nous avons dansé a la cité universitaire de Nice. J’étais plus attiré en voyant la grande odyssée nationale, en voyant le premier ministre qui allait succéder au président Ahidjo. Le fait que Biya accède au pouvoir a accéléré mon retour au pays.
Qu’est ce qui a poussé le Pr. MONO DJANA a dit lors de notre entretien que vous disiez tout le temps en 1982 que Paul BIYA a violé la constitution ?
Non. Je n’ai jamais dit que Paul Biya a violé la constitution. Après la reforme constitutionnel de 1979 permettant au premier ministre d’accéder a la magistrature sans élection, j’ai trouvé cela comme une violation de la constitution. Puisqu’elle dit que tous ceux qui détiennent l’exécutif vienne de l’électif.
Qui a remporté l’élection de 1992 selon vous ?
Je ne peux pas répondre à cette question telle que vous me la posez là. Mais si vous me demandez si l’élection de 92 se passait dans les conditions normales d’une élection le vainqueur serait celui qui a été vainqueur ? Je dis non.
Est-ce que journal Mutations ne vous a pas aidé à vous refaire une image auprès du système ?
Regardez le nombre d’article qu’on a écrit sans moi dans mutations. Je n’ai pas écrit 50 éditoriaux à mutations. Je n’ai jamais demandé à être nommé Doyen, Ministre ou n’importe quoi au Cameroun. ça été un honneur pour moi de servir mon pays et je le referai si possible, mais pas dans les conditions actuelles.
Comment vous intégrez le projet Bakassi ?
Je n’aime pas parler de Bakassi. Celui qui m’introduit dans le dossier est le feu Ministre d’état Ferdinand OYONO. J’étais entrain de faire cours et j’ai reçu un appel du ministre. Je n’ai pas fait ce que j’ai fait pour Bakassi pour une gloire personnelle.
Votre parti semble donné l’impression que Bakassi c’est vous. Dites nous votre rôle dans la résolution du conflit ? votre entrée au gouvernement était pour Bakassi ? (question de M. Claude Daniel Abate, membre du RDPC, pris par correspondance.)
Les gens veulent me faire dire ce que je n’ai pas dit. Je n’ai pas dit que c’est à cause de Bakassi que je suis entrée au gouvernement. On dirait qu’il se sent gêné que j’aie joué un rôle dans Bakassi. Je le dit simplement : il peut consider que je n’ai joué aucun rôle dans le dossier Bakassi et je m’en réjouis.
Vous êtes un modèle pour les jeunes ?
Je ne me représente pas devant les jeunes comme un modèle. Je construis ma vie avec un attachement viscéral à mon pays. L’intellectuel tant qu’il n’est pas au pouvoir doit garder une distance critique.
Est-ce que vous êtes satisfait de la manière dont les procédures judiciaires sont menées en rapport avec vos collègues en prison ?
L’appréciation que les magistrats font de leur dossier montre qu’ils le font en toute conscience.
Vous démissionnez pour qu’elle raison ? Pourquoi n’avoir pas créé un nouveau parti politique au lieu d’intégrer celui du Dr. FOGUE ?
Parce que mon plus grand souhait aurait été que l’on rassemble le maximum de parti politique, que d’en créer d’autre. Les 300 partis politiques du pays ne se justifient pas. Lorsqu’il n’ya pas de divergence fondamentale entre plusieurs partis, ils peuvent se mettre ensemble.
Si vous êtes élu président demain, quelle sont vos priorités ?
Il faut un programme de gouvernance. Nous sommes dans un pays ou tout est urgent et l’une des choses les plus urgentes est le problème des jeunes. Je n’ai vraiment pas de préférence. Arrêtons de nous cacher derrière notre petit doigt. J’irai au gouvernement que si les camerounais m’envoient au gouvernement et, maintenant que je suis a la tête d’un parti politique, cela ne peut se produire que par une majorité des suffrages.
Serez-vous à Garoua le mois prochain à l’occasion de la réunion organisée en vu du rapatriement de la dépouille du Président Ahidjo ?
J’ai reçu l’invitation. Ahidjo a été indiscutablement pour moi un autocrate, mais il reste un patrimoine. J’y serai si entre temps rien ne m’en empêche.