Maurice Kamto, « Il faut soulager la souffrance des Camerounais »

Cameroun : Maurice Kamto, « Il faut soulager la souffrance des Camerounais »Le président du Mrc revient sur les circonstances du rejet des listes de son parti dans les Hauts-Plateaux et le Mfoundi.

Les faits selon Maurice Kamto

Bien avant minuit, nous avons envoyé le by Savings Wave">mandataire de notre parti, Me Emmanuel Simh au siège d’Elecam. Certains d’entre vous en ont rendu témoignage, notamment la Crtv. Nous y sommes allés avec l’ensemble de nos dossiers, comprenant l’ensemble des pièces requises par le Code électoral. Nous avions payé, le 17 juillet, l’intégralité et la totalité des sommes exigées pour la délivrance du certificat de versement des cautionnements nécessaires à la confection de ces pièces. Ces certificats existent et ils sont datés du 17 juillet.

Nous n’avons pas une seule pièce datée du 18. Et d’ailleurs, nous avons demandé aux responsables d’Elecam, que s’ils trouvaient dans notre requête une seule pièce datée du 18, qu’ils ne l’admettent pas. Ce qui se passe, et que vous devez comprendre, c’est le processus de délivrance de ce fameux certificat. Notre trésorier national s’est rendu à la Trésorerie entre 13h et 14h avec l’intégralité des  sommes en question. Lorsque vous arrivez à la Trésorerie, vous avez la liste des candidats, que ce soit aux législatives ou aux municipales. Cette liste est reprise intégralement par un préposé du Trésor, à la main.

Un seul agent. Ensuite, la liste est donnée à un autre agent qui commence à traiter candidat par candidat. Bien que ce soit un scrutin de liste, le traitement est individuel, puisque la fameuse quittance de paiement du cautionnement est individuelle. Si vous avez donc 1000 candidats aux législatives et municipales, on établira le bordereau pour 1000 noms. Ensuite, vous allez à une caisse où vous versez de l’argent. On vous remet un papier qui vous permet d’aller à une autre  caisse, pour avoir le récépissé que vous avez payé. C’est donc ce récépissé que vous amenez dans un quatrième bureau où on doit vous établir le certificat de versement du cautionnement.

Et cela doit être fait en trois exemplaires. Chaque exemplaire doit être signé. Autrement dit, si vous avez 100 candidats, on signera 300 fois les  certificats de versement du cautionnement. Le Mrc n’était pas seul au Trésor. Nous ne voulons pas laisser planer quelques doutes sur la disponibilité extraordinaire des agents du Trésor. C’est le système luimême qui ne permet pas que les choses puissent être disponibles à temps.

Vous les médias l’avez bien remarqué. Certains partis politiques sont arrivés avant nous. Donc, on traite leurs dossiers avant les nôtres. Il est évident qu’on ne pouvait pas avoir traité cela avant minuit. Puisque euxmêmes sont arrivés presqu’à minuit. Et lorsque c’est notre tour, nous sommes  presqu’au petit matin. Nos dossiers sont complets, nous voulons les déposer et c’est à ce moment là qu’on nous dit que nous ne pouvons pas  le faire. Voilà la réalité. Elle est aussi simple et aussi triviale que ça.
Sur l’attitude d’Elecam La réaction d’Elecam a inspiré chez nous un sentiment d’incompréhension. A aucun moment nous ne nous attendions à cela. Je vous signale que notre mandataire a passé la nuit à Elecam. Le personnel peut en témoigner.

Après le rejet de nos dossiers, nous nous sommes rendus au siège d’Elecam où nous avons rencontré le président. Ce qui nous a frappés c’est qu’il nous a donnés l’impression qu’il avait déjà arrêté sa position. Il me semble qu’en bonne justice, on écoute et examine chaque cas avant de se prononcer. Nous aurions voulu que l’on donna au Mrc la chance de faire examiner ce cas au regard des circonstances par le Conseil électoral avant de prendre une décision. Le personnel d’Elecam a un rôle de greffier. Un greffier ne rejette pas un dossier. Un greffier ne tranche pas. Un greffier enregistre tout ce qui arrive et c’est à l’instance juridictionnelle, qui se trouve être le Conseil électoral, de trancher. Nous restons sereins. Nous sommes simplement frustrés par l’attitude du président d’Elecam.

Le Mrc ira-t-il aux élections ?

Ce que nous souhaiterions dire c’est que, nous pensons qu’il est temps qu’on ne créée pas de faux problème et qu’on ne distrait pas les Camerounais sur les enjeux réels qui existent aujourd’hui dans notre pays et parmi lesquels l’urgence de faire face aux défis qui interpellent notre pays. Ce sont des défis économiques et sociaux importants, le chômage endémique des jeunes, la déstructuration du tissus sociale, la désorganisation urbaine  qui accroit la pauvreté. Il faut soulager la souffrance des Camerounais. La bataille qui compte aujourd’hui au Cameroun doit être le débat sur ces questions.

Quelles sont les solutions que les uns et les autres proposent. La seule source de la légitimité dans un système démocratique est dans les urnes. Vous connaissez tous le positionnement de notre parti ; nous sommes attachés à la paix, parce que nous croyons que le changement, les mutations politiques peuvent intervenir dans notre pays par les urnes et non par la violence. Il ne faudrait donc pas que des gens créent des situations de tension, voire de crise politique inutile, qui déplacent le terrain de la confrontation politique à celui du combat de rue. Ce n’est pas ce que le Mrc souhaite. Nous appelons nos militants au calme.

Cet appel au calme est fondé sur la sérénité qui nous habite. Nous n’avons pas de doute que le Conseil constitutionnel, qui ne fait pas de politique, mais dit le droit, rétablira le Mrc dans son droit légitime de participer aux élections du 30 septembre prochain. Ceux qui espèrent que nous n’irons pas à cette élection n’ont rien compris à notre ligne politique. Nous sommes fermement déterminés à y aller. Ce choix discriminatoire qui s’est opéré sur certaines de nos listes au niveau de certaines instances d’Elecam voudrait peut-être donner la chance à certains de gagner sur tapis vert. Mais, c’est le peuple camerounais qui va décider de qui seront ses députés ou ses conseillers municipaux.

Pourquoi le Mrc ne s’est par organisé longtemps à l’avance ? N’est-ce pas une stratégie de victimisation ?

Il ne faut pas minimiser ce qui nous arrive ou tenter de transformer la victime en coupable. Nous n’avons aucun intérêt à apparaître comme des victimes. Nous sommes apparus sur la scène politique camerounaise avec un projet, une vision. Ce qui nous gène d’ailleurs c’est qu’on ne débat pas des projets ni des visions. Pendant longtemps on a dit aux Camerounais qu’est-ce qu’ils proposent ?

Nous nous attendions à ce qu’on discute projet contre projet. Au lieu de quoi, on passe le temps à chercher à disqualifier les autres candidats. La posture de victime ne nous sied pas. On aurait pu payer le cautionnement longtemps à l’avance. Certes. Mais on ne paie le cautionnement que lorsque le candidat est identifié, lorsque vous l’avez investi. Or, la constitution des listes et les investitures devaient se faire dans un délai de 15 jours. Et dans ces 15 jours, il y avait deux week-ends. Or, on ne travaille pas le week-end. La constitution des listes est une raie bataille.

Plusieurs fois des listes complètes la veille se sont avérées incomplètes le lendemain. Parce que certains partis politiques vous achètent vos candidats. Il faut donc refaire la liste. Il fallait à chaque fois reconstituer des listes avec des gens qui n’ont pas été déstabilisées. Yaoundé IV  par exemple c’est 61 conseillers municipaux. S’il vous en manque un, votre liste n’est pas valable. Je vous le dis, la posture de victime ne nous sied pas. Ce sont les autres qui essaient de nous transformer en victime.

Pourquoi le Mfoundi et pas Baham ?

Est-ce que nous avons brisé les codes ? Peut-être. Sans doute au regard de l’histoire politique récente de notre pays. Je voudrai dire également non. Vous dites que je me suis porté candidat loin de chez moi. Mais, je suis chez moi à Yaoundé. J’ai passé la plus grande partie de ma vie à Yaoundé. J’aurai du mal à comprendre qu’il traverse l’esprit d’un Camerounais que je ne suis pas chez moi à Yaoundé. Cela m’apparaissait tout à fait naturel que je vienne représenter la nation à travers la population de Yaoundé. Pour moi, il n’y avait même pas de questionnement à ce sujet.

Et les autres localités ? Le Mrc a déposé des listes dans le Wouri centre, le Wouri est et le Wouri ouest. Nous sommes également candidats dans les Bamboutos, la Mifi et dans la Lékié Est. Les dossiers des Hauts-Plateaux et du Mfoundi n’ont pas été reçus. Le cas de Wouri ouest est assez spécial. Il a été reçu ici et il fait partie des dossiers que nous avons montés ici à Yaoundé. Le cautionnement a été payé ici. Mais comme par hasard, ce dossier a été accepté par Elecam alors que ceux des Hauts-Plateaux et du Mfoundi ont été refusés. Il y a une sorte de sélectivisme que nous ne comprenons pas.

© Le Jour : Propos recueillis par Jean-Bruno Tagne


22/07/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres