Maurice Kamto démissionne
Gouvernement. Le ministre délégué auprès du ministre de la Justice annonce sa décision dans un communiqué de presse.
Le gouvernement n’est plus au complet. Dans un communiqué parvenu hier
soir à notre rédaction, Maurice Kamto, le ministre délégué auprès du
ministre de la Justice annonce sa démission.
«J’ai l’honneur de porter à la connaissance du peuple camerounais ma
décision de me retirer de mes fonctions de Ministre délégué auprès du
ministre de la Justice, à compter de ce jour, 30 novembre 2011».
La nouvelle arrive juste après le conseil de cabinet du mois de
novembre qui s’est tenu hier dans les services du Premier ministre et
dans un contexte où la rumeur annonce chaque jour un remaniement
ministériel. Il aura bel et bien lieu, au moins pour combler le poste
vacant au ministère de la Justice.
Agrégé des facultés françaises de Droit, Maurice Kamto est entré au
gouvernement en décembre 2004. Une surprise déjà à l’époque pour ceux
qui connaissaient les positions du professeur de droit, qui n’avait pas
toujours été tendre avec le régime en place. Il quitte donc le
gouvernement comme il y est entré. De façon surprenante. «Cette décision
n’est pas –et na saurait en aucune manière être interprétée comme- une
remise en cause de l’issue de l’élection présidentielle du 09 novembre
2011, à laquelle je n’étais du reste pas candidat», écrit le ministre
démissionnaire. Il précise toutefois qu’il continuera à apporter sa
contribution à l’édification de l’avenir du Cameroun, «dans la paix et
l’attachement aux valeurs et principes républicains».
Rien donc sur les raisons qui poussent Maurice Kamto à quitter le
gouvernement, lui qui a été habitué à revêtir plusieurs casquettes à la
fois. Né le 15 février 1954 à Bafoussam, il a obtenu, en 1980 un diplôme
d'études approfondies (Dea) en Droit Public. La même année, il obtenait
le même diplôme en Droit international. En 1982, il devient docteur
d’Etat en droit et, six ans plus tard, agrégé de droit public.
Maurice Kamto est président de la Commission du droit international des
Nations Unies et membre associé de l’Institut de droit international.
Il a été particulièrement actif dans la défense du Cameroun au cours du
conflit frontalier qui l’a opposé au Nigéria sur la péninsule de
Bakassi. Il a ainsi été nommé en 1994, co-agent, conseil et avocat du
Cameroun dans cette affaire jugée à la Cour internationale de justice de
la Haye.
Récemment, les câbles diplomatiques de l’ambassade des Etats-Unis au
Cameroun publiés par Wikileaks révélaient que Maurice Kamto faisait
partie, pour les Américains de potentiels successeurs du président Paul
Biya. Les diplomates américains le présentaient d’ailleurs comme un
Barack Obama camerounais, avec une réputation d’intellectuel brillant et
intègre et des idées fortes et progressistes sur la démocratie et les
droits de l’homme.
Alors qu’en 2008, Maurice Kamto postulait à un poste de juge à la Cour
internationale de justice, on lui avait déjà prêté l’intention de
démissionner du gouvernement. Il y est resté pendant trois années
encore.
Jules Romuald Nkonlak