Dr
Mathieu Mbarga-Abéga, journaliste politique, écrivain, spécialiste et
modernisateur de la politique africaine de la France.(...)En choisissant
des cabinets conseil en communication couteux et inadapté, pour vendre
l’image du Cameroun à l’étranger, les autorités camerounaises font un
mauvais choix et l’échec en termes de résultats de ces cabinets est
affligeant. Je vis et travaille en France depuis plus trente ans et
fréquente les hauts milieux européens, personne ne connait le Cameroun
en France, sauf, lorsqu’il s’agit des faits divers
Que pensez-vous du passage de François Bozizé au Cameroun après sa déchéance en République Centrafricaine ?
La présence de l’ex-président Centrafricain François Bozizé au Cameroun après s’être chassé du pouvoir dans son pays, est une action humanitaire de la part des autorités camerounaises. Autrement dit, accueillir les chefs d’Etats Africains déchus de pouvoir dans leurs pays respectifs, est une tradition bien camerounaise depuis les présidences du président Ahmadou Ahidjo, jusqu’à ce jour. Souvenons-nous, des séjours au Cameroun des présidents, Yacoubou Ngowon, Hussein Habré, Ngokouni Wadeï etc. C’était hier. Aujourd’hui, le président Paul Biya, accueille à son tour, les ex-présidents centrafricains : Ange Félix Patassé et François Bozizé au Cameroun, pour la raison indiquée. Je vous répète le président Paul Biya, applique comme son illustre prédécesseur Ahmadou Ahidjo, la même politique d’un accueil au minima, deux mois environ, des ex-présidents de l’Afrique Centrale et de l’Ouest, chassés du pouvoir dans leurs pays. Les autorités politiques camerounaises, depuis toujours n’accordent guère de long séjour voire une axile politique à ces chefs d’Etats déchus du pouvoir, parce qu’elles ne veulent pas avoir des problèmes avec les nouveaux responsables politiques dont ces chefs d’Etats déchus sont originaires.
Etant au 2ème président qui arrive de la même façon au Cameroun, Paul Biya ne cautionne t-il pas de façon déguisée ce qui se passe en République Centrafricaine depuis des décennies ?
Pour quelle raison, le Cameroun de Paul Biya aurait à cautionner le drame Centrafricain en 2013, pour annexer ce petit pays riche de l’Afrique centrale, si c’était le cas qu’attend le Cameroun pour agir ? Soyons sérieux, je ne pense pas que le président Paul Biya et au nom de son pays, cautionne la tragédie Centrafricaine. Cependant ; force est de constater avec stupéfaction que, les frères Centrafricains, bantouphones comme nous sont depuis cinquante ans d’indépendance, totalement incompétents et incapables de créer et diriger un Etat pendant dix ans de pouvoir continu, sans coup d’Etat. Le drame permanent dans lequel vivent les populations centrafricaines depuis des décennies est insupportable pour le monde libre et pour les populations de ce pays de l’Afrique Centrale. Ces populations sont depuis cinquante ans, victimes des violences dues à la lutte de pouvoir de leurs "frères", qui ont un déficit de culture patriotique, d’ambition et ne se soucient guère de l’intérêt national. Les dirigeants centrafricains d’hier et d’aujourd’hui partagent un même idéal stupide : maintenir la Centrafrique dans une instabilité politique permanente, qui favorise les affaires et les trafiques de toutes sortes. La Centrafrique d’aujourd’hui va très mal et n’ira pas mieux demain, parce que l’Union Africaine, qui n’existe que par son nom, n’aidera pas ce pays à trouver sa stabilité politique. Autrement dit, deux réalités s’imposent à la Centrafrique d’aujourd’hui :- que les centrafricains qui aiment leur pays se mettent immédiatement au travail pour construire leur pays et, garantir ainsi un bel avenir à la jeunesse de ce pays - que la communauté internationale qui a ses intérêts en Afrique, impose et garantisse la pratique de la démocratie en Afrique en général et en Centrafrique en particulier.
Paul Biya vient encore d’achever une visite d’affaire à l’étranger. Ne s’octroierait- il pas définitivement une certaine liberté en diversifiant les partenariats les plus importants du Cameroun avec la Turquie, la Chine pour ne citer que ces cas ?
Nous sommes dans la mondialisation active et les dirigeants politiques camerounais d’aujourd’hui ont parfaitement raison de réaliser les affaires avec les pays industrialisés de la planète. Cependant, il est une chose de parcourir le monde avec une couverture médiatique exceptionnelle pour signer des contrats en faveur du développement du Cameroun, il en est une autre de constater dans les faits que le pays de Paul Biya, grâce à ses contrats se développer dans tous les domaines d’activités, attendons de voir.
N’y a-t-il finalement pas un risque diplomatique pouvant engendrer un éventuel débarras comme on l’a vu dans certains pays d’Afrique que vous connaissez ?
Sans être divin, je ne vois pas la France d’aujourd’hui déstabiliser politiquement un pays comme le Cameroun, dont elle exploite des manières premières, avec des juteux contrats commerciaux, qui ne sont pas menacés par le régime de Paul Biya. Ce serait se tirer une balle sur son pied. Les cinquante années d’indépendance et de coopération de dupe entre la France et l’Afrique francophone, sont un échec honteux dont, les Africains et les Français doivent tirer les enseignements pour l’avenir des deux continents. En 2013, Africains et Français doivent impérativement organiser un sommet Franco-africain, pour définir une nouvelle politique de coopération plus honnête avec une exigence de résultats entre la France et l’Afrique. Il s’agit de mettre un terme à la FrancAfrique, Business qui plombe encore le développement de l’Afrique subsaharienne et qui fait des milliers de victimes en Afrique.
Loin des discours de politiques internes, que pouvez-vous dire de la politique internationale du Cameroun d’aujourd’hui ?
Le Cameroun a aujourd’hui une politique étrangère assez bien conduite sur le plan théorique, mais, un peu vacillant sur le plan pratique, par exemple les antennes diplomatiques du Cameroun à l’étranger ne font pas assez la promotion commerciale de leur pays à travers le monde. Ces antennes assurent le service minimum, notamment la bonne marche des services consulaires. S’agit-il d’un manque de moyens et humains ou d’un déficit de motivation de la part du ministre camerounais des affaires étrangères et des responsables de ces antennes diplomatiques à l’étranger ?
Pourtant à l’ère de la mondialisation, les antennes de la diplomatie extérieure du pays de Paul Biya, devraient impérativement être une véritable vitrine des richesses économiques et socioculturelles du Cameroun. Mais, curieusement, le Cameroun prend beaucoup de retard dans on développement économique y compris dans les domaines où traditionnellement, il aurait pu être le "premier de la classe". Il en est ainsi de la situation du Camerounais de la diaspora. Le Cameroun officiel depuis trente ans, n’a pas un projet ambitieux pour ce dernier.
Le Cameroun fait-il beaucoup d’effort pour polir son image à l’international ?
Non, en choisissant des cabinets conseil en communication couteux et inadapté, pour vendre l’image du Cameroun à l’étranger, les autorités camerounaises font un mauvais choix et l’échec en termes de résultats de ces cabinets est affligeant. Je vis et travaille en France depuis plus trente ans et fréquente les hauts milieux européens, personne ne connait le Cameroun en France, sauf, lorsqu’il s’agit des faits divers. Ces faits divers occupent l’espace médiatique européen, parce que ceux qui s’occupent de faire la promotion du Cameroun à l’étranger, ne font pas leur job, ils sont trop occupés par les grandes réceptions dans les palaces de la République et par les voyages en première classe dans les avions et aux frais du contribuable Camerounais. Moi, en tant conseiller en communication en termes d’image, avec la moitié des sommes d’argent que l’Etat camerounais donne à ces cabinets, je ferai excellemment mon travail avec les résultats, on ne peut plus visible. Mais, les autorités camerounaises, encore complexées ne font pas confiance aux brillants Camerounais du pays et ceux de la diaspora. Pourtant, une nation se construit grâce à l’effort continu de ses filles et fils valeureux, qu’ils vivent au pays ou qu’ils reviennent pour créer une activité, comme cela se fait dans les pays qui ont une culture patriotique et de solidarité.