Marlène Emvoutou: Femme fatale, record de la manipulation et de la corruption - De la forfaiture en scandales
DOUALA - 19 JUIL. 2013
© Christian TCHAPMI | Le Messager
Candidate déchue aux dernières élections à la Fédération camerounaise de football, elle est au centre de plusieurs affaires scabreuses qui font bouger la toile et la planète football.
Candidate
déchue aux dernières élections à la Fédération camerounaise de
football, elle est au centre de plusieurs affaires scabreuses qui font
bouger la toile et la planète football. Sur sa page Facebook, des aveux
de corruption de la quasi-totalité des membres de l’Assemblée générale
de la Fécafoot, les montants et les noms de ceux qui ont perçu « son »
argent pour lui accorder des faveurs dans le cadre du processus
électoral. A cela vient se greffer une pléthore de procès en instance.
Trajectoire d’une vedette dont le déclin se dessine inéluctablement.
Tout ce qu’elle touche est «em-vouté» ! C’est l’histoire d’une femme qui voulait bousculer les habitudes et rompre avec cette vieille tradition misogyne qui veut que les grands postes de responsabilité ne soient exclusivement que la chasse gardée des hommes. C’est aussi l’histoire d’une dame qui rêvait de succéder à Iya Mohammed au très prestigieux poste de président de la Fécafoot. Elle y rêvait et y croyait dur comme fer au point où rien ne pouvait la faire abdiquer.
Caddy Marlène Patience Emvoutou Aka’a en annonçant officiellement sa candidature en mars dernier, avait des airs d’une amazone qui ne reculerait devant rien. Même pas devant les trafics d’influence et les campagnes de dénigrement vraies ou supposées, dont elle a fait l’objet en 2009, lorsqu’elle était directrice du projet Aspire football dreams au Cameroun. Pour celle qui fût élue présidente de la Ligue régionale du Sud contre vents et marées, l’état de santé du football camerounais était suffisamment grave et l’antidote indiqué pour soigner ce grand malade n’était autre que la pilule Emvoutou.
Titulaire d'un MBA spécialisé en marketing, d’une licence en droit privé obtenu à l’Ecole nationale de commerce à Lille, elle disait prôner la rupture et confiait avoir plein d'idées pour relancer la machine grippée de la base jusqu’au sommet. Son projet s'articulait autour de la réorganisation du football-jeunes, la création d'une télévision de la fédération, la revalorisation des bénévoles, la restructuration des centres de formation, la création des stades de concert avec les mairies. Sur la qualité de son programme, elle se montrait prolixe. Marlène Emvoutou proposait notamment une refonte du football national avec un apport accru au football à la base, grâce à de «grands projets structurants». Cela, d’après elle, passe, entre autres par l’organisation d’au moins un tournoi international de jeunes par an et par la création d’une ligue professionnelle du football féminin. A en croire la candidate déchue à la présidence de la Fécafoot, la mesure principale consistait à supprimer toutes les primes en sélection nationale. Une mesure impopulaire qu’elle se disait prête à «défendre» et à «assumer». Emvoutou rêvait aussi de créer la chaîne de télévision de la Fécafoot pour bien vendre le football local. Une palette de rêves qui n’ont pu malheureusement se réaliser.
Interrogatoire
A la vérité, ceux qui la connaissent bien soutiennent qu’elle se sert de ses atouts physiques comme appât. Tout commence le 19 juin 2013, quelques secondes seulement après le verdict des élections qui consacrent Iya Mohammed président. Marlène Patience Emvoutou, verte de colère, s’en prend à Pierre Batamack, le 3e vice-président de la Fécafoot à qui elle dit avoir remis une importante somme d’argent dans la perspective de récolter les suffrages de la liste Iya. Le deal conclu, la candidate n’attendait plus que tout se déroule comme prévu afin qu’elle puisse (enfin) accéder au très sélectif bureau exécutif de la Fédération. La présidente de la Ligue régionale du Sud ne constate l’entourloupe qu’après le scrutin car personne de ses créanciers n’a respecté ses engagements dans la salle de vote.
Courroucée, elle va porter plainte contre plusieurs membres de l'Assemblée générale de la Fécafoot pour «escroquerie» et «abus de confiance aggravé». Résultat: Jeudi 20 juin, Pierre Batamack, Dieudonné Ghomsi, le président de la Ligue départementale de football du Koung-khi à l'Ouest, Lambert Yodiodi Emebé, membre de l'Assemblée générale ainsi que René Mpondo Black, le secrétaire général de la Ligue régionale de football du Littoral vont être auditionnés au secrétariat d'Etat à la défense chargé de la gendarmerie. A l’issue de l’interrogatoire, tous vont avouer avoir perçu des sommes d'argent allant de 200 000 Fcfa à 2 millions Fcfa en échange de leurs votes pour la candidate. Libérés après paiement des sommes indument perçues, les principaux accusés restent tout de même à la disposition de la justice pour complément d'enquête; pendant que d'autres responsables de la Fécafoot sont recherchés pour les mêmes motifs.
Bourrage d’urnes
Entre temps, la page facebook de Marlène crée le buzz sur la toile. Morceaux choisis: « Bonjour à tous. Juste pour vous apprendre que jusqu’à ce jour la Fécafoot n'a pu payer les frais de missions des délégués. Ceux-ci ont trouvé un moyen plus intelligent. Ils sont venus me voir pour me proposer d'être leur tête de liste, contre des sommes énormes. Voici la décharge du délégué du littoral, interpellé avec monsieur Pierre Batamack, ce matin ». Et de poursuivre, «s’agissant de l'élection, j'ai été conviée à une réunion au premier ministère pour des préalables entre les différentes parties. A l'issue de cette dernière il était question de rentrer rencontrer les électeurs pour leur faire part des termes du consensus. Dès que nous sommes entrés en salle en compagnie du ministre des sports, l'élection devant avoir lieu aujourd’hui a 8heures; pendant que nous sortions, les portes ont été fermées a double tour et les clés ont disparu. J'ai demandé à sortir et le magistrat Alima Jean Claude m'a empêché de sortir et ils ont bourré les urnes...», écrit-elle non sans confier qu’elle a déboursé 20 millions pour organiser l'élection de Iya Mohammed.
Dans la foulée, la candidate déchue saisit la Commission électorale de recours de la Fécafoot pour dénoncer les irrégularités qui ont entaché l’Assemblée générale élective fédérale du 19 juin dernier. Caddy Marlène qui articule son argumentaire autour de trois mobiles, crie à un hold-up électoral. Alors qu’on croit l’affaire bouclée, la même page facebook fait le grand déballage. Si le mode opératoire est resté le même, les déclarations, elles, laissent pantois. «Juste pour vous dire que je suis convoquée devant la commission éthique mardi à 10 heures, parce que j’aurai révélé des faits de corruption. Certaines indiscrétions à la Fécafoot m'ont révélé que cette commission s'apprête à radier tous les membres concernés et moi avec. Alors, je tiens à vous informer que tous les 25 membres du comité exécutif de la Fécafoot ont reçu chacun 5 millions de mes mains et devant témoins», lâche Marlène Emvoutou en guise de mise en bouche.
Tel père, telle fille ?
Et pour étayer ses propos, elle cite des noms de ses collègues corrompus, les montants qu’ils ont dûment perçus et les témoins présents sur le «lieu du crime» au moment du deal. A commencer par Seidou Mbombo Njoya à qui, jure-t-elle, «j'ai remis 5 millions Fcfa le 18 juin a 1 heure du matin. L'officier de police Zang, chargé de ma sécurité, était présent». Après le 1er vice-président de la Fécafoot, Marlène tacle également le secrétaire général Tombi A Roko qui aurait reçu 13 millions «pour payer les hôtels et la restauration». Etaient témoins, Serge Nguiffe et le policier Zang. Autre larron et non des moindres, «Mveng Francis qui a reçu 5 millions devant Benoit Assam», déclare-t-elle avant de confier que tous les membres de l'Assemblée générale ont reçu chacun 100 000 Fcfa. Et de conclure par un mea-culpa «J'accepte que j'ai corrompu et qu'on nous radie tous. Que celui qui nie me porte plainte pour diffamation. Merci»
L’histoire fait les choux gras de la presse et ajoute une couche de salissure à l’image déjà écornée de ces administrateurs véreux de la fédé. Interrogée, la concernée nie tout en bloc, criant au piratage de son compte facebook ou encore une cabale montée de toutes pièces par ses détracteurs. «Ces allégations sont fausses. Il y a 15 000 profils facebook avec mon image. Ça fait plus de deux semaines que je ne suis pas allée sur internet. (…Dans une campagne électorale, on peut être appelé à faire des investissements. Il ne s’agit pas de corrompre des gens», a-t-elle expliqué pour se dédouaner. Pourtant, par des numéros de prestidigitations, on a quand même réussi à en faire la présidente de la Ligue régionale du Sud. Pire, la pseudo-élection qui l’a portée à ce poste a eu lieu à la résidence de celui qu’elle présente comme son père: Pr Gervais Mendo Ze. Ex Dg de la Crtv et non moins ex-ministre délégué auprès du ministre de la Communication. C’est celui-là même dont la gestion financière de la télévision nationale s'est révélée une véritable catastrophe naturelle. Rattrapé quelques années plus tard, l’auteur compositeur et père fondateur de la célèbre chorale « la Voix du Cénacle », aurait avoué le forfait et promis de rendre gorge. C’est d’ailleurs sous son règne que sa protégée de fille a exercé comme cadre commercial à la Cameroon Radio and Television pendant 5 ans accumulant scandales financiers qui s’en sont suivis. Comme toutes les filles gâtées, elle n’a jamais fait l’objet de remontrances par son paternel qui attend tranquillement que l’Epervier ne vienne le happer.
Fugue
Depuis son retour au Cameroun en fin 2012 après une idylle avec Teodoro Nguema Obiang Mangue, richissime homme d’affaires et fils d'Obiang Nguema Mbasogo, président de la République de Guinée équatoriale, c’est dans la villa de papa sis à Nkôl Eton en face de l'Eglise Saint Vincent Palloti que Marlène s’est trouvé un abri, en compagnie de ses trois enfants. C’est d’ailleurs à une centaine de mètres de cette maison cossue qu’elle a été rattrapée mardi 16 juillet dernier, alors qu’elle tentait une fugue vers la Guinée équatoriale. Ce n’est qu’après plus de 1h 30 de résistance qu’elle a enfin consenti à se rendre au commissariat central N 1 avant d’être déférée à la délégation des recherches de la Police judiciaire où elle a passé la nuit. En fait, l’ancienne présidente de la commission football jeunes du Sud traîne plusieurs casseroles dont les deux principaux donnent le tournis.
Il y a deux ans, elle aurait loué un véhicule Pick-Up de marque Mitsubishi à un concessionnaire et aurait fabriqué de faux papiers pour ensuite revendre ledit véhicule à un honnête citoyen pour la rondelette somme de 7 millions de Fcfa. «Elle m’a dit que c’était un véhicule acheté dans le cadre du projet Aspire et qu’elle avait plein droit dessus. Je lui ai remis l’argent et elle m’a cédé le véhicule avec comme témoins des fonctionnaires de police. Ce n’est que lorsque je suis allé pour renouveler mon assurance qu’on m’a fait comprendre que l’assurance était déjà payée. Quand j’ai posé les bonnes questions, on m’a fait comprendre que le véhicule appartient à Tractafric et qu’il est actuellement en location à dame Emvoutou. Devant mon étonnement, les assureurs m’ont trouvé suspect et ont prévenu la police. J’ai été interpellé et entendu. J’ai failli aller en prison à cause de cette histoire et j’ai décidé de porter plainte. L’une des plaintes qui ont abouti ce jour est justement la mienne», a confié sous cape le concerné.
Certificat de nationalité
L’autre raison est cette escroquerie en chaine sur 13 jeunes Camerounais résidant en Guinée équatoriale et à qui elle a pris de grosses sommes d’argent avec la promesse de les faire émigrer au Qatar par le canal du même projet Aspire. Le dossier déposé contre elle par ces jeunes comprend des échanges via Internet, des reçus d’envois par Express Union et Western Union, ainsi que des décharges de Mme Emvoutou.
C’est que Marlène fait l’objet d’une énième accusation portée contre elle par une Camerounaise du nom de Mireille Dominique Baninsto Mindoumou épouse Lambert qui soutient mordicus qu’elle a utilisé son nom pour se faire établir un passeport français. Pour assurer son auto-défense, Emvoutou a publié plusieurs documents qui font d’elle une Française à part entière. Le certificat de nationalité de sa fille qu’elle aurait eue avec un Français, sa date d’entrée en France le 29 novembre 2007 et une copie d’une carte de séjour valable un an et qui a expirée depuis le 21 janvier 2012 après avoir été délivrée une année plus tôt à la même date. Et la liste des frasques est loin d’être exhaustive.
Christian TCHAPMI
Focal: Bio Express
Nom: Emvoutou Akaa Caddy Marlène
-Née le: 08 juin 1982 à Djoum
-Jeune femme de 30 ans originaire du Sud Cameroun, célibataire et mère de 03 enfants.
-Diplômée de l’Ecole nationale de commerce de Lille en France
-Après des études de droit à l’université de Yaoundé 2 à Soa, elle obtient un MBA spécialisé en marketing a l’université du Québec à Montréal , puis un diplôme européen d’études supérieures en marketing à Enaco Lille en France, et un doctorat en sciences et techniques commerciales.
-Fonctions occupées : cadre commerciale à la Crtv (Cameroon Radio Television) puis directrice générale de Aspire Cameroun, représentante du Qatar au Cameroun, présidente de la fondation du football africain, directrice générale d’Intermediatis, vice-présidente de la Ligue départementale Fécafoot Dja et Lobo.
© Christian TCHAPMI | Le Messager
Candidate déchue aux dernières élections à la Fédération camerounaise de football, elle est au centre de plusieurs affaires scabreuses qui font bouger la toile et la planète football.
Tout ce qu’elle touche est «em-vouté» ! C’est l’histoire d’une femme qui voulait bousculer les habitudes et rompre avec cette vieille tradition misogyne qui veut que les grands postes de responsabilité ne soient exclusivement que la chasse gardée des hommes. C’est aussi l’histoire d’une dame qui rêvait de succéder à Iya Mohammed au très prestigieux poste de président de la Fécafoot. Elle y rêvait et y croyait dur comme fer au point où rien ne pouvait la faire abdiquer.
Caddy Marlène Patience Emvoutou Aka’a en annonçant officiellement sa candidature en mars dernier, avait des airs d’une amazone qui ne reculerait devant rien. Même pas devant les trafics d’influence et les campagnes de dénigrement vraies ou supposées, dont elle a fait l’objet en 2009, lorsqu’elle était directrice du projet Aspire football dreams au Cameroun. Pour celle qui fût élue présidente de la Ligue régionale du Sud contre vents et marées, l’état de santé du football camerounais était suffisamment grave et l’antidote indiqué pour soigner ce grand malade n’était autre que la pilule Emvoutou.
Titulaire d'un MBA spécialisé en marketing, d’une licence en droit privé obtenu à l’Ecole nationale de commerce à Lille, elle disait prôner la rupture et confiait avoir plein d'idées pour relancer la machine grippée de la base jusqu’au sommet. Son projet s'articulait autour de la réorganisation du football-jeunes, la création d'une télévision de la fédération, la revalorisation des bénévoles, la restructuration des centres de formation, la création des stades de concert avec les mairies. Sur la qualité de son programme, elle se montrait prolixe. Marlène Emvoutou proposait notamment une refonte du football national avec un apport accru au football à la base, grâce à de «grands projets structurants». Cela, d’après elle, passe, entre autres par l’organisation d’au moins un tournoi international de jeunes par an et par la création d’une ligue professionnelle du football féminin. A en croire la candidate déchue à la présidence de la Fécafoot, la mesure principale consistait à supprimer toutes les primes en sélection nationale. Une mesure impopulaire qu’elle se disait prête à «défendre» et à «assumer». Emvoutou rêvait aussi de créer la chaîne de télévision de la Fécafoot pour bien vendre le football local. Une palette de rêves qui n’ont pu malheureusement se réaliser.
Interrogatoire
A la vérité, ceux qui la connaissent bien soutiennent qu’elle se sert de ses atouts physiques comme appât. Tout commence le 19 juin 2013, quelques secondes seulement après le verdict des élections qui consacrent Iya Mohammed président. Marlène Patience Emvoutou, verte de colère, s’en prend à Pierre Batamack, le 3e vice-président de la Fécafoot à qui elle dit avoir remis une importante somme d’argent dans la perspective de récolter les suffrages de la liste Iya. Le deal conclu, la candidate n’attendait plus que tout se déroule comme prévu afin qu’elle puisse (enfin) accéder au très sélectif bureau exécutif de la Fédération. La présidente de la Ligue régionale du Sud ne constate l’entourloupe qu’après le scrutin car personne de ses créanciers n’a respecté ses engagements dans la salle de vote.
Courroucée, elle va porter plainte contre plusieurs membres de l'Assemblée générale de la Fécafoot pour «escroquerie» et «abus de confiance aggravé». Résultat: Jeudi 20 juin, Pierre Batamack, Dieudonné Ghomsi, le président de la Ligue départementale de football du Koung-khi à l'Ouest, Lambert Yodiodi Emebé, membre de l'Assemblée générale ainsi que René Mpondo Black, le secrétaire général de la Ligue régionale de football du Littoral vont être auditionnés au secrétariat d'Etat à la défense chargé de la gendarmerie. A l’issue de l’interrogatoire, tous vont avouer avoir perçu des sommes d'argent allant de 200 000 Fcfa à 2 millions Fcfa en échange de leurs votes pour la candidate. Libérés après paiement des sommes indument perçues, les principaux accusés restent tout de même à la disposition de la justice pour complément d'enquête; pendant que d'autres responsables de la Fécafoot sont recherchés pour les mêmes motifs.
Bourrage d’urnes
Entre temps, la page facebook de Marlène crée le buzz sur la toile. Morceaux choisis: « Bonjour à tous. Juste pour vous apprendre que jusqu’à ce jour la Fécafoot n'a pu payer les frais de missions des délégués. Ceux-ci ont trouvé un moyen plus intelligent. Ils sont venus me voir pour me proposer d'être leur tête de liste, contre des sommes énormes. Voici la décharge du délégué du littoral, interpellé avec monsieur Pierre Batamack, ce matin ». Et de poursuivre, «s’agissant de l'élection, j'ai été conviée à une réunion au premier ministère pour des préalables entre les différentes parties. A l'issue de cette dernière il était question de rentrer rencontrer les électeurs pour leur faire part des termes du consensus. Dès que nous sommes entrés en salle en compagnie du ministre des sports, l'élection devant avoir lieu aujourd’hui a 8heures; pendant que nous sortions, les portes ont été fermées a double tour et les clés ont disparu. J'ai demandé à sortir et le magistrat Alima Jean Claude m'a empêché de sortir et ils ont bourré les urnes...», écrit-elle non sans confier qu’elle a déboursé 20 millions pour organiser l'élection de Iya Mohammed.
Dans la foulée, la candidate déchue saisit la Commission électorale de recours de la Fécafoot pour dénoncer les irrégularités qui ont entaché l’Assemblée générale élective fédérale du 19 juin dernier. Caddy Marlène qui articule son argumentaire autour de trois mobiles, crie à un hold-up électoral. Alors qu’on croit l’affaire bouclée, la même page facebook fait le grand déballage. Si le mode opératoire est resté le même, les déclarations, elles, laissent pantois. «Juste pour vous dire que je suis convoquée devant la commission éthique mardi à 10 heures, parce que j’aurai révélé des faits de corruption. Certaines indiscrétions à la Fécafoot m'ont révélé que cette commission s'apprête à radier tous les membres concernés et moi avec. Alors, je tiens à vous informer que tous les 25 membres du comité exécutif de la Fécafoot ont reçu chacun 5 millions de mes mains et devant témoins», lâche Marlène Emvoutou en guise de mise en bouche.
Tel père, telle fille ?
Et pour étayer ses propos, elle cite des noms de ses collègues corrompus, les montants qu’ils ont dûment perçus et les témoins présents sur le «lieu du crime» au moment du deal. A commencer par Seidou Mbombo Njoya à qui, jure-t-elle, «j'ai remis 5 millions Fcfa le 18 juin a 1 heure du matin. L'officier de police Zang, chargé de ma sécurité, était présent». Après le 1er vice-président de la Fécafoot, Marlène tacle également le secrétaire général Tombi A Roko qui aurait reçu 13 millions «pour payer les hôtels et la restauration». Etaient témoins, Serge Nguiffe et le policier Zang. Autre larron et non des moindres, «Mveng Francis qui a reçu 5 millions devant Benoit Assam», déclare-t-elle avant de confier que tous les membres de l'Assemblée générale ont reçu chacun 100 000 Fcfa. Et de conclure par un mea-culpa «J'accepte que j'ai corrompu et qu'on nous radie tous. Que celui qui nie me porte plainte pour diffamation. Merci»
L’histoire fait les choux gras de la presse et ajoute une couche de salissure à l’image déjà écornée de ces administrateurs véreux de la fédé. Interrogée, la concernée nie tout en bloc, criant au piratage de son compte facebook ou encore une cabale montée de toutes pièces par ses détracteurs. «Ces allégations sont fausses. Il y a 15 000 profils facebook avec mon image. Ça fait plus de deux semaines que je ne suis pas allée sur internet. (…Dans une campagne électorale, on peut être appelé à faire des investissements. Il ne s’agit pas de corrompre des gens», a-t-elle expliqué pour se dédouaner. Pourtant, par des numéros de prestidigitations, on a quand même réussi à en faire la présidente de la Ligue régionale du Sud. Pire, la pseudo-élection qui l’a portée à ce poste a eu lieu à la résidence de celui qu’elle présente comme son père: Pr Gervais Mendo Ze. Ex Dg de la Crtv et non moins ex-ministre délégué auprès du ministre de la Communication. C’est celui-là même dont la gestion financière de la télévision nationale s'est révélée une véritable catastrophe naturelle. Rattrapé quelques années plus tard, l’auteur compositeur et père fondateur de la célèbre chorale « la Voix du Cénacle », aurait avoué le forfait et promis de rendre gorge. C’est d’ailleurs sous son règne que sa protégée de fille a exercé comme cadre commercial à la Cameroon Radio and Television pendant 5 ans accumulant scandales financiers qui s’en sont suivis. Comme toutes les filles gâtées, elle n’a jamais fait l’objet de remontrances par son paternel qui attend tranquillement que l’Epervier ne vienne le happer.
Fugue
Depuis son retour au Cameroun en fin 2012 après une idylle avec Teodoro Nguema Obiang Mangue, richissime homme d’affaires et fils d'Obiang Nguema Mbasogo, président de la République de Guinée équatoriale, c’est dans la villa de papa sis à Nkôl Eton en face de l'Eglise Saint Vincent Palloti que Marlène s’est trouvé un abri, en compagnie de ses trois enfants. C’est d’ailleurs à une centaine de mètres de cette maison cossue qu’elle a été rattrapée mardi 16 juillet dernier, alors qu’elle tentait une fugue vers la Guinée équatoriale. Ce n’est qu’après plus de 1h 30 de résistance qu’elle a enfin consenti à se rendre au commissariat central N 1 avant d’être déférée à la délégation des recherches de la Police judiciaire où elle a passé la nuit. En fait, l’ancienne présidente de la commission football jeunes du Sud traîne plusieurs casseroles dont les deux principaux donnent le tournis.
Il y a deux ans, elle aurait loué un véhicule Pick-Up de marque Mitsubishi à un concessionnaire et aurait fabriqué de faux papiers pour ensuite revendre ledit véhicule à un honnête citoyen pour la rondelette somme de 7 millions de Fcfa. «Elle m’a dit que c’était un véhicule acheté dans le cadre du projet Aspire et qu’elle avait plein droit dessus. Je lui ai remis l’argent et elle m’a cédé le véhicule avec comme témoins des fonctionnaires de police. Ce n’est que lorsque je suis allé pour renouveler mon assurance qu’on m’a fait comprendre que l’assurance était déjà payée. Quand j’ai posé les bonnes questions, on m’a fait comprendre que le véhicule appartient à Tractafric et qu’il est actuellement en location à dame Emvoutou. Devant mon étonnement, les assureurs m’ont trouvé suspect et ont prévenu la police. J’ai été interpellé et entendu. J’ai failli aller en prison à cause de cette histoire et j’ai décidé de porter plainte. L’une des plaintes qui ont abouti ce jour est justement la mienne», a confié sous cape le concerné.
Certificat de nationalité
L’autre raison est cette escroquerie en chaine sur 13 jeunes Camerounais résidant en Guinée équatoriale et à qui elle a pris de grosses sommes d’argent avec la promesse de les faire émigrer au Qatar par le canal du même projet Aspire. Le dossier déposé contre elle par ces jeunes comprend des échanges via Internet, des reçus d’envois par Express Union et Western Union, ainsi que des décharges de Mme Emvoutou.
C’est que Marlène fait l’objet d’une énième accusation portée contre elle par une Camerounaise du nom de Mireille Dominique Baninsto Mindoumou épouse Lambert qui soutient mordicus qu’elle a utilisé son nom pour se faire établir un passeport français. Pour assurer son auto-défense, Emvoutou a publié plusieurs documents qui font d’elle une Française à part entière. Le certificat de nationalité de sa fille qu’elle aurait eue avec un Français, sa date d’entrée en France le 29 novembre 2007 et une copie d’une carte de séjour valable un an et qui a expirée depuis le 21 janvier 2012 après avoir été délivrée une année plus tôt à la même date. Et la liste des frasques est loin d’être exhaustive.
Christian TCHAPMI
Focal: Bio Express
Nom: Emvoutou Akaa Caddy Marlène
-Née le: 08 juin 1982 à Djoum
-Jeune femme de 30 ans originaire du Sud Cameroun, célibataire et mère de 03 enfants.
-Diplômée de l’Ecole nationale de commerce de Lille en France
-Après des études de droit à l’université de Yaoundé 2 à Soa, elle obtient un MBA spécialisé en marketing a l’université du Québec à Montréal , puis un diplôme européen d’études supérieures en marketing à Enaco Lille en France, et un doctorat en sciences et techniques commerciales.
-Fonctions occupées : cadre commerciale à la Crtv (Cameroon Radio Television) puis directrice générale de Aspire Cameroun, représentante du Qatar au Cameroun, présidente de la fondation du football africain, directrice générale d’Intermediatis, vice-présidente de la Ligue départementale Fécafoot Dja et Lobo.