Marie Josèphe Fegue (médaillée d'or aux Jeux du Commonwealth): «J’ai fui parce que le Cameroun m’a trompée»
DOUALA - 06 AOUT 2014
© C. T. | Le Messager
L’haltérophile camerounaise qui a décroché la première médaille d’or du Cameroun aux Jeux du Commonwealth 2014 de Glasgow avec sa victoire au concours des moins de 69kg s’est confiée hier à nos confrères de Sports Actu diffusée sur Amplitude Fm à Yaoundé
L’haltérophile camerounaise qui a décroché la première médaille d’or du Cameroun aux Jeux du Commonwealth 2014 de Glasgow avec sa victoire au concours des moins de 69kg s’est confiée hier à nos confrères de Sports Actu diffusée sur Amplitude Fm à Yaoundé. Meilleure performance du concours avec un total de 234kg (102kg à l’arraché et 132kg à l’épaulé-jeté), elle donne les raisons de sa fugue et conditionne son retour au Cameroun par le paiement de sa bourse.
Vous avez décroché une médaille en or après votre brillante performance à l’épaulé jeté. Quelle a été votre première réaction ?
C’était une fierté, un honneur. Même si je savais au départ que cette médaille d’or je pouvais l’avoir, au regard de tout le travail que j’ai abattu ces quatre derniers mois à partir du Cameroun jusqu’au stage de préparation en Ecosse. Au vu de ce travail, ce n’était que normal que j’obtienne cette médaille.
Avant de quitter le Cameroun, vous nous confiez que vous n’avez pas de crainte et que vous serez championne. Vous l’avez fait. Est-ce qu’on peut dire que vous n’aviez pas rencontré d’adversaires coriaces ?
En fait, dans une compétition, il y a toujours des concurrences, tous les adversaires viennent pour gagner. Tout le monde vient pour être meilleur. On ne va pas à une compétition pour s’amuser. Moi je venais défendre mon honneur, défendre mon pays à moi et il fallait que je me donne à fond. Car, il faut toujours se battre pour atteindre ses objectifs.
Malgré votre médaille en Or, vous avez fait comme certains d’entre vous (20 au total Ndlr) qui ont fait défection. Dites nous déjà, pourquoi avez-vous quitté la délégation camerounaise ?
Ça c’est une très bonne question monsieur parce que là, ça ne va pas. Vous savez, j’adore le Cameroun, j’adore mon pays. J’aurais fait n’importe quoi pour me qualifier, aller loin jusqu’aux Jeux olympiques et avoir une médaille si possible. Moi, j’ai la volonté et l’amour pour ce pays. Mais là, le Cameroun m’a déçue carrément. Malgré tous mes efforts, j’ai essayé, j’ai tout fait… Mais les dirigeants, les encadreurs, les entraîneurs et tout le reste. (…) On m’a tellement mentie, on m’a tellement trompée à un niveau que vous ne pouvez pas imaginer. Déjà en 2011, j’ai obtenu une bourse du Comité international olympique pour la préparation des Jeux olympiques de 2012 à Londres. Mais, lorsque je me rends au Comité national olympique et sportif du Cameroun, on me tourne en bourrique, on me raconte autre chose ; on m’apprend que je ne peux plus voyager. Or, il y’avait d’autres athlètes avec qui nous avions reçu la bourse qui ont effectué le voyage alors qu’ils n’étaient même pas qualifiés. Avec mes performances, je pouvais mais, on m’a mentie. C’est la raison principale qui m’a poussée à partir. Ça n’allait plus vraiment.
Vous dites vous-même que rien n’allait plus. Est-ce qu’on ne peut pas croire que vous avez programmé cette fugue avant votre départ ?
Pas du tout. Je n’en avais même pas l’intention. Surtout lorsque j’ai eu la médaille. Là je me suis dit que « waouh ! Peut-être cette fois-ci on va enfin reconnaître ce que je fais et essayer de voir et régler mes problèmes. Mais au lieu de cela, on ne m’a accordé aucune garantie sur ma prime. Je voulais juste une bourse pour améliorer mes capacités et faire ce qu’ils attendent de moi.
Pourquoi êtes-vous partie sans prendre vos deux millions Fcfa de primes de médaille d’or ?
Deux millions Fcfa ? Vous vous rendez compte ? Ce n’est pas une histoire que je n’avais pas besoin d’argent. J’ai appris lorsque j’étais au village des jeux que la médaille d’Or vaut 2 millions Fcfa. Mais que peut représenter deux millions ? Ça ne représente rien du tout. La Nigériane avec qui j’étais en compétition, est mon amie avant d’être ma concurrente, mon adversaire. Je lui ai demandé combien on leur versait pour une médaille d’argent. Elle m’a dit qu’on lui a donné 10 millions Fcfa au village. Mais j’étais surprise, j’étais dépassée. Moi j’ai remporté l’or et on me promet deux millions. C’est l’autre raison qui m’a poussée à partir. Car, je pense que 2 millions Fcfa c’est m’insulter, c’est insulter le travail que j’abats au quotidien depuis des mois. Et même cette somme, on me dit qu’on va me payer au Cameroun. Pourquoi au Cameroun alors qu’on a payé certaines personnes sur place en Ecosse ? Les judokas par exemple, ont reçu leur argent au village des Jeux. Ça sentais le piège. Moi je n’étais pas d’accord avec ça.
Est-ce que des recruteurs vous ont approchée pour vous proposer de signer la nationalité ? Peut-on s’attendre à voir Marie-Josèphe Fegue sous d’autres couleurs dans quelques années ?
Je vous assure, moi je ne peux pas vous mentir. Il y’a plein de personnes qui m’ont approchée pour me faire la proposition. Mais je n’ai pas accepté, aller signer ailleurs… Parce que moi, j’aime mon pays. C’est eux. J’ai demandé une bourse au président du Comité national olympique et je continue d’attendre parce que je me dis qu’ils vont réagir. Je leur laisse du temps. Je n’ai pas laissé les entraînements ; je suis où je suis, je m’entraîne en espérant qu’ils viendront vers moi parce que j’aime mon pays et ce que je pratique. A ceux des gens qui me côtoient, je leur demande d’attendre jusqu’au jour où je serais vraiment fatiguée d’attendre.
Est-ce que depuis votre fuite, les membres de la délégation officielle du Cameroun vous ont approchée ?
Non, personne. Je peux vous rassurer. Au contraire, c’est moi qui essaye d’appeler pour leur faire comprendre que si je suis partie c’est parce que j’ai besoin que vous prêtiez un peu d’attention à moi… J’essaye de leur rappeler les détails. Les mêmes choses que je souhaite depuis 2011 ; que s’ils veulent qu’on soit toujours ensemble, aille dans la même direction, qu’ils m’envoient ma bourse. C’est tout ce que je veux.
Cela veut dire que si votre bourse est payée d’ici là, vous revenez au Cameroun ?
Tout à fait. C’est ce que je demande et je ne vois pas d’inconvénient à cela.
Retranscrit par C.T.
© C. T. | Le Messager
L’haltérophile camerounaise qui a décroché la première médaille d’or du Cameroun aux Jeux du Commonwealth 2014 de Glasgow avec sa victoire au concours des moins de 69kg s’est confiée hier à nos confrères de Sports Actu diffusée sur Amplitude Fm à Yaoundé
L’haltérophile camerounaise qui a décroché la première médaille d’or du Cameroun aux Jeux du Commonwealth 2014 de Glasgow avec sa victoire au concours des moins de 69kg s’est confiée hier à nos confrères de Sports Actu diffusée sur Amplitude Fm à Yaoundé. Meilleure performance du concours avec un total de 234kg (102kg à l’arraché et 132kg à l’épaulé-jeté), elle donne les raisons de sa fugue et conditionne son retour au Cameroun par le paiement de sa bourse.
Vous avez décroché une médaille en or après votre brillante performance à l’épaulé jeté. Quelle a été votre première réaction ?
C’était une fierté, un honneur. Même si je savais au départ que cette médaille d’or je pouvais l’avoir, au regard de tout le travail que j’ai abattu ces quatre derniers mois à partir du Cameroun jusqu’au stage de préparation en Ecosse. Au vu de ce travail, ce n’était que normal que j’obtienne cette médaille.
Avant de quitter le Cameroun, vous nous confiez que vous n’avez pas de crainte et que vous serez championne. Vous l’avez fait. Est-ce qu’on peut dire que vous n’aviez pas rencontré d’adversaires coriaces ?
En fait, dans une compétition, il y a toujours des concurrences, tous les adversaires viennent pour gagner. Tout le monde vient pour être meilleur. On ne va pas à une compétition pour s’amuser. Moi je venais défendre mon honneur, défendre mon pays à moi et il fallait que je me donne à fond. Car, il faut toujours se battre pour atteindre ses objectifs.
Malgré votre médaille en Or, vous avez fait comme certains d’entre vous (20 au total Ndlr) qui ont fait défection. Dites nous déjà, pourquoi avez-vous quitté la délégation camerounaise ?
Ça c’est une très bonne question monsieur parce que là, ça ne va pas. Vous savez, j’adore le Cameroun, j’adore mon pays. J’aurais fait n’importe quoi pour me qualifier, aller loin jusqu’aux Jeux olympiques et avoir une médaille si possible. Moi, j’ai la volonté et l’amour pour ce pays. Mais là, le Cameroun m’a déçue carrément. Malgré tous mes efforts, j’ai essayé, j’ai tout fait… Mais les dirigeants, les encadreurs, les entraîneurs et tout le reste. (…) On m’a tellement mentie, on m’a tellement trompée à un niveau que vous ne pouvez pas imaginer. Déjà en 2011, j’ai obtenu une bourse du Comité international olympique pour la préparation des Jeux olympiques de 2012 à Londres. Mais, lorsque je me rends au Comité national olympique et sportif du Cameroun, on me tourne en bourrique, on me raconte autre chose ; on m’apprend que je ne peux plus voyager. Or, il y’avait d’autres athlètes avec qui nous avions reçu la bourse qui ont effectué le voyage alors qu’ils n’étaient même pas qualifiés. Avec mes performances, je pouvais mais, on m’a mentie. C’est la raison principale qui m’a poussée à partir. Ça n’allait plus vraiment.
Vous dites vous-même que rien n’allait plus. Est-ce qu’on ne peut pas croire que vous avez programmé cette fugue avant votre départ ?
Pas du tout. Je n’en avais même pas l’intention. Surtout lorsque j’ai eu la médaille. Là je me suis dit que « waouh ! Peut-être cette fois-ci on va enfin reconnaître ce que je fais et essayer de voir et régler mes problèmes. Mais au lieu de cela, on ne m’a accordé aucune garantie sur ma prime. Je voulais juste une bourse pour améliorer mes capacités et faire ce qu’ils attendent de moi.
Pourquoi êtes-vous partie sans prendre vos deux millions Fcfa de primes de médaille d’or ?
Deux millions Fcfa ? Vous vous rendez compte ? Ce n’est pas une histoire que je n’avais pas besoin d’argent. J’ai appris lorsque j’étais au village des jeux que la médaille d’Or vaut 2 millions Fcfa. Mais que peut représenter deux millions ? Ça ne représente rien du tout. La Nigériane avec qui j’étais en compétition, est mon amie avant d’être ma concurrente, mon adversaire. Je lui ai demandé combien on leur versait pour une médaille d’argent. Elle m’a dit qu’on lui a donné 10 millions Fcfa au village. Mais j’étais surprise, j’étais dépassée. Moi j’ai remporté l’or et on me promet deux millions. C’est l’autre raison qui m’a poussée à partir. Car, je pense que 2 millions Fcfa c’est m’insulter, c’est insulter le travail que j’abats au quotidien depuis des mois. Et même cette somme, on me dit qu’on va me payer au Cameroun. Pourquoi au Cameroun alors qu’on a payé certaines personnes sur place en Ecosse ? Les judokas par exemple, ont reçu leur argent au village des Jeux. Ça sentais le piège. Moi je n’étais pas d’accord avec ça.
Est-ce que des recruteurs vous ont approchée pour vous proposer de signer la nationalité ? Peut-on s’attendre à voir Marie-Josèphe Fegue sous d’autres couleurs dans quelques années ?
Je vous assure, moi je ne peux pas vous mentir. Il y’a plein de personnes qui m’ont approchée pour me faire la proposition. Mais je n’ai pas accepté, aller signer ailleurs… Parce que moi, j’aime mon pays. C’est eux. J’ai demandé une bourse au président du Comité national olympique et je continue d’attendre parce que je me dis qu’ils vont réagir. Je leur laisse du temps. Je n’ai pas laissé les entraînements ; je suis où je suis, je m’entraîne en espérant qu’ils viendront vers moi parce que j’aime mon pays et ce que je pratique. A ceux des gens qui me côtoient, je leur demande d’attendre jusqu’au jour où je serais vraiment fatiguée d’attendre.
Est-ce que depuis votre fuite, les membres de la délégation officielle du Cameroun vous ont approchée ?
Non, personne. Je peux vous rassurer. Au contraire, c’est moi qui essaye d’appeler pour leur faire comprendre que si je suis partie c’est parce que j’ai besoin que vous prêtiez un peu d’attention à moi… J’essaye de leur rappeler les détails. Les mêmes choses que je souhaite depuis 2011 ; que s’ils veulent qu’on soit toujours ensemble, aille dans la même direction, qu’ils m’envoient ma bourse. C’est tout ce que je veux.
Cela veut dire que si votre bourse est payée d’ici là, vous revenez au Cameroun ?
Tout à fait. C’est ce que je demande et je ne vois pas d’inconvénient à cela.
Retranscrit par C.T.