Si le Cameroun se portait bien, les Chinois le sauraient. Il ne
viendrait pas acheter des terres au Cameroun pour cultiver. Ils ne
pomperaient pas nos maigres économies dans des partenariats à la gomme.
Ils ne disputeraient pas le 'Eru aux escargots' avec mes cousins de
Batcham dont ont dit que ce sont des Chinois noirs.
Et Marie-Claire Nnana, d’où vient-elle ? De
quelle ethnie chinoise se réclame cette gentille patriote ? Au vu de ses
contorsions langagières, sa généalogie lointaine pourrait prendre
racine dans l’empire du milieu? Sa prose enrobée d’alexandrins prouve
que cette poétesse de nulle part a du coffre à revendre, au propre comme
au figuré. Surtout lorsqu’il s’agit de noyer ses soucis managériaux
dans la défense effarouchée du parti au pouvoir.
Voudrait-elle se rappeler aux bons souvenirs du prince qu’elle ne
réagirait pas autrement contre Le Messager. Et il n’y a que dans la
lointaine Chine, encore appelée ‘Zhonghua Renmin Gonghe Guo’, que l’on
pourrait trouver un spécimen d’une telle envergure, qui sans rime ni
raison, est capable de vous faire acheter, sous le regard sourcilleux du
Cener, un ‘best-seller’ administratif tout en compilation, moins
digeste que « le traité aztèque appliqué au sexe des anges», écrit par
personne, lu par personne, mais vendu en autant de tomes en milliers
d’exemplaires destinées à la poubelle.
Les œuvres complètes du camarade Kim Il Sung auraient-elles meilleur
sort que la collection de «motions de soutiens au Renouveau et à celui
qui l’incarne si heureusement» ? On comprend pourquoi les rotatives de
la Sopecam tournent à plein régime. Tant qu’il y aura des motions de
soutien écrite par les élites extérieures et intérieures du pays
organisateur, plus les accompagnateurs de circonstance, Marie-Claire
Nnana est assurée de préserver son job. On ne change pas une lumière qui
brûle. Même si du côté de la rue de l’aéroport, cela sent de plus en
plus le roussi.
Car à y regarder de plus près, la prose poétique de Marie-Claire est
moins glissante que les acrobaties financières et comptables de Nnana.
Et le mélange de genre devient intéressant pour ceux qui ont métier de
regarder sous les jupes des gestionnaires publics, sachant que les
gesticulations éditoriales au service du Renouveau sont des leurres pour
manipulateurs de chiffres. Mais, les inspecteurs sont des vicieux qui
oublient trop souvent que l’éditrice des motions de soutien en «
collection reliée papier kraft et quadrichromie première et quatrième de
couverture » avec préface de Jacques Fame Ndongo, ne saurait être,
comme la femme de César, infidèle… aux chiffres du Renouveau. Cette
poétesse aux accents prosaïques est réputée vertueuse. Honni soit qui
mal y pense. On ne peut être originaire de la lointaine Chine qui
décidément est plus voisine du Cameroun que l’on y pense, et s’empêcher
de faire des chinoiseries aux affaires de l’Etat du Cameroun qui n’est
pas si mal gouverné que cela : la Sopecam qui se porte bien, en est un
exemple patent !
Tout comme le Cameroun qui gagnerait à se porter tout aussi bien et qui
mérite mieux qu’une défense en ligne ‘bridée’ comme le regard de nos
amis chinois. Marie-Claire Nnana est-elle donc le lien physique qui
existe entre la Chine des empereurs et le Cameroun Ppte ? En temps
d’orage, elle pourrait se fondre dans ce lointain pays sans être
dépaysée : le climat chinois est tropical en grande partie. Son relief
est fait de montagnes, de hauts plateaux, des plaines et collines
surtout à l’Ouest, un peu comme au Cameroun, quoi. Et comme au Cameroun,
les langues et dialectes chinois sont très variés et vont du Mandarin
au Yue en passant par le Wu, le Minbei, le Minnan, le Xiang, le Gan,
le Hakka etc. Plusieurs choix s’offrent donc à Marie-Claire Nnana, pour
communiquer et s’expliquer devant les inspecteurs qui savent être si
accrocheurs, au sujet des comptes de la Sopecam.
Nnana à de quoi tenir. La Chine est à l'origine de nombreuses inventions
majeures telles laboussole, le papier, billet de banque, les pâtes
alimentaires ou la poudre à canon. Les Chinois sont aussi l’avant-garde
de best-sellers. Le petit livre rouge avec Mao Zedong, les motions de
soutien avec Marie-Claire, éditrice qui sait que la proximité des
Chinois du Cameroun avec les Batcham des Bamboutos peut induire que des
liens de cousinage existent depuis la nuit des temps entre les deux
pays. Faut-il noter que chaque Chinois qui ouvre un commerce au Cameroun
recrute un Batcham pour ses transactions? Ils communiquent dans une
langue qui est commune aux deux peuples frères.
Et tout comme la Chine, la chefferie Batcham qui a vu le jour au bout de
mille migrations et un dédale de règnes entrecoupés de crises
successorales. Elle comprend trois chefferies supérieures dont deux de
premier degré, Bangang et Batcham, et une de deuxième degré,
Bamougong. Tout comme dans les provinces chinoises, la population de
Batcham vit de l'agriculture, de l'élevage, du petit commerce et du
transport. Les terres cultivables sont très réduites, vu la forte
densité de la population. Les cultures maraîchères se pratiquent dans
les bas fonds et sur le versant des Monts Bamboutos. Le produit est
revendu dans les grandes métropoles et une partie exportée vers quelques
pays voisins : le Gabon, la République du Congo, la Guinée
équatoriale.
Les Batcham tout comme les Guhangzong à l’ouest de la Chine adorent le
‘Eru’. Cette proximité alimentaire a fini par convaincre que malgré leur
peau noire, des poches de cousinage existent bien entre le Cameroun et
la Chine. Si on retrouve quelque spécimen à la Sopecam, les plus
nombreux sont dans Batcham et ses environs, parmi les Ngyemba de
Ku-Gang venus du pays Bamoun, et installés à Touo-Gang et à Mbim
Njio-doum sur les pentes du Mont Bamboutos. Si bonjour se dit en Chine
‘hua hwang Tu-hi’, à Batcham pour saluer on dit tout simplement ‘ho
g’lan tui’. C’est une question de phonétique !
Bon mercredi et à mercredi