Au Cameroun, le mariage forcé est une pratique qui prend de l’ampleur. Même si aujourd’hui il est difficile d’établir des statistiques fiables , selon les associations de défense des droits de l’homme à l’instar de l’AVLF, l’association de lutte contre les violences faites aux femmes, sur une étude réalisée entre 2000 et 2011, sur 1 100 cas de violences traités, plus de 95 pages de ces cas auraient concerné le mariage précoce et forcé. Si aujourd’hui la palme d’or des mariages forcés revient aux régions septentrionales du pays. La pratique monte en puissance à l’ouest Cameroun où de nombreuses jeunes filles, obligées d’être encore intactes (c’est-à-dire avoir gardé leur virginité) sous peine d’être excisées, sont contraintes d’épouser des hommes toujours plus âgés qu’elles. Des chefs de village ou hommes influents déjà mariés à de nombreuses femmes.
HONNEURS, GAINS MATERIELS ET FINANCIERS
Sans tenir compte de l’avis de leurs progénitures, les parents qui obligent leurs filles à épouser des hommes plus âgés sont souvent motivés par la stature de l’époux, car à l’ouest c’est toujours un honneur d’avoir pour beau fils le chef du village. Et à côté de cela, il ne faudrait pas oublier qu’il y a aussi les cadeaux et l’argent que récoltent les parents lors de la cérémonie de la dot.
PRATIQUES DANGEUREUSES
Seulement, le mariage forcé peut s’avérer être dangereux. Aujourd’hui, les parents de la jeune MBIANKAM OLIVE regrettent amèrement leur décision, celle de donner leur fille en mariage au chef de leur communauté. Il y a deux ans, la jeune femme de 22 ans avait été promise au chef alors âgé de 69 ans. Sous la pression de ses parents et craignant d’être excisée parce que n’étant plus vierge, car elle entretenait une relation amoureuse avec un jeune homme de son âge, olive a préféré se donner la mort en avalant des comprimés… la famille a été sérieusement affectée par ce drame du 24 mars qui selon le père « aurait pu être évité s’il avait écouté son enfant »…
C’est le même calvaire qu’a connu Nkwanou Njonu Florence. Cette étudiante à Yaoundé a vu son monde s’écrouler le jour où ses parents lui ont annoncé qu’elle devait officiellement épouser le chef de son village âgé de 61 ans… en effet à son insu, elle avait été promise au chef déjà marié à 38 femmes. Depuis 2007 sur la demande de ses parents, c’est le futur époux choisi par la famille qui payait les études de Florence, ce qui représentait la dot de la jeune femme. Les relations entre Florence et ses parents sont devenues particulièrement difficiles, le jour où elle leur a avoué qu’elle était amoureuse d’un jeune homme de son âge et qu’elle comptait faire sa vie avec lui.
Cette révélation a crée un scandale dans la famille. Craignant de savoir que leur fille n’était plus vierge avant d’épouser le Chef, celui ci décida de lui faire passer un test de virginité. Consciente du résultat et qu’elle allait être excisée pour cet affront, la jeune femme s’est alors enfui du domicile familial. Harcelée, rejetée par sa famille, la jeune Florence est portée disparue. Jusqu’à ce jour, sa famille reste sans nouvelles d’elle. Dans son entourage, l’on se demande si elle n’aurait pas mis fin à ses jours pour échapper à ce châtiment. Ces cas ont poussé les organisations de défense des droits de l’homme à accentuer les campagnes de sensibilisation contre les mariages forcés danscette région du pays qui reste encore très attachée à cette pratique…