Pots de vin et autres manoeuvres sont une fois de plus utilisés pour torpiller les procédures.
Les contempteurs du ministère des Marchés publics (Minmap) seraient-ils entrain d’avoir gain de cause ? Tout porte à le croire. Lors de la création de ce département ministériel directement rattaché à la présidence de la République, d’aucuns avaient vu un piège qui finirait par se refermer sur le chef de l’Etat. Pour cause, avec l’organisation actuelle du système, on allait simplement déplacer le lieu de l’incurie des départements ministériels des communes et des sociétés d’Etat pour l’amener au sein même de la présidence, et faire assumer toutes les conséquences de ce phénomène au chef de l’Etat. Eh bien, chaque jour qui passe a tendance à leur donner raison.
La preuve, après les incompréhensions entre les maitres d’ouvrages et le Minmap à cause du silence qui entoure les procédures de passation de marché une fois le dossier parvenu dans les services d’Abba Sadou, c’est désormais la crise ouverte entre les services de ce dernier et le régulateur. En cause, l’attribution du marché de construction du complexe administratif devant abriter, entre autres, le ministère des Travaux publics.
Le Minmap, en violation de toutes les règles établies en la matière aussi bien par le code des marchés que le principe d’équité régissant l’activité, a irrégulièrement attribué cette commande d’une enveloppe de plus de 16 milliards Fcfa au soumissionnaire le moins techniquement qualifié et le plus disant financièrement. Alors que l’entreprise la mieux qualifiée et la moins chère crie au scandale, Abba Sadou lui oppose la clause de préférence nationale. Même l’entrée en scène du ministère des travaux publics, bénéficiaire du projet, ou de l’Agence de régulation des marchés publics (Armp), invitant le Minmap à rectifier le tir, ou à défaut, accorder le marché au soumissionnaire choisi dans les mêmes conditions techniques et financières que le moins disant, est restée vaine.
Saisi du dossier pour arbitrage, le chef du gouvernement l’aurait confié à ses services techniques compétents qui ont présidé une réunion à ce sujet le 05 février dernier, entre toutes les parties concernées. Même si rien n’en a encore filtré, il reste que les collaborateurs de Philémon Yang auraient marqué leur surprise d’avoir à gérer ce contentieux, étant entendu que c’est désormais le Minmap qui est l’autorité des marchés. D’aucuns y voient d’ailleurs, le retour en force dans les marchés publics des Services du premier ministre, et un désaveu du Minmap dont de nombreux responsables viennent des administrations où les cas de corruption et de violation des règles d’équité dans la passation des marchés étaient les plus flagrants.
Quoi qu’il en soit, la situation est très mal
perçue du côté d’Etoudi. Pas plus tard que le 31 décembre 2012 en effet,
le président de la république fondait tous ses espoirs sur le Minmap
pour réduire la corruption et les mauvaises pratiques dans le système.
Avec ce qui vient de se passer, il est désormais évident que la solution
recherchée ne viendra pas de ce ministère. D’où les nombreuses
interrogations sur l’opportunité de sa création.