Après
la fermeture et la réouverture récente du marché Mokolo, l'on croyait
être définitivement sorti des problèmes. Des troubles qui avaient
conduit à la mort d'un civil lors des affrontements du 16 juin dernier.
Que non! Nombreux sont ces commerçants qui n'ont pas été recasés et
veulent se faire entendre.
Pour ceux qui ne sont pas bien informés sur la situation de Mokolo, il
faut dire qu'un gros affrontement a éclaté le 16 juin dernier entre les
sauveteurs et les éléments de la force de l'ordre au point de faire un
mort de manière officielle, plusieurs blessés et des dégâts matériels.
Tout est parti du processus d'assainissement de la voirie urbaine avec
pour corolaire le déguerpissement des sauveteurs sur la voie publique.
Après ces échanges houleux, le préfet du Mfoundi a pris la décision de
fermer cet espace pour trouver des solutions et une sortie de crise. Aux
cours des débats qui ont suivit, il a été décidé que le marché sera
restructuré et divisé par secteur d'activité. Chaque secteur aura son
chef dont la mission sera d'assurer l'ordre et la sécurité dans son
espace. Seulement depuis que cette restructuration a eu cours, nombreux
sont ces commerçants qui ont tout perdu et qui continuent à se faire
arnaquer par leur chef secteur et les régisseurs.
Le secteur 7: Véritable serpent de mer
Le hangar des vivres frais ou encore secteur 7 est situé en face du supermarché Cameroun Bébé. Il portait le nom de «Mokolo, champs des remèdes» car y était concentré un bon nombre de vendeurs de médicaments. Ces vendeurs de remèdes étaient installés dans ce hangar depuis 2000. En 2010 au cours de l'opération «Yaoundé ville propre», le régisseur a transmis la nouvelle au délégué pour construire des nouveaux hangars. A cette époque, on y trouvait en plus des vendeurs de remèdes, des femmes qui vendaient des vivres frais. Ainsi donc, il fut décidé que ces femmes devraient cotiser 50 000frs de manière exceptionnelle. Argent qui était versé au régisseur contre reçu, pendant que les anciens vendeurs de médicament eux contribuaient à hauteur de 220 000frs et les nouveaux 500 000 frs. Mais personne ne saurait dire avec exactitude si cet argent avait été entièrement remis au délégué du gouvernement. Cependant, un cas d'escroquerie y avait été décelé. Les anciens qui reversaient 220 000frs étaient surpris de constater sur la facture la somme de 200 000frs. Le régisseur leur avait expliqué à que le surplus de 20 000frs servait de manutention. Cet argent cotisé par près de 80 vendeurs avait servit pour construire ce hangar. Et malgré ce payement, ces commerçants avaient continué à payer leurs impôts sans problèmes.
Cependant grande a été la surprise de ces «docta» de constater qu'après les élections des chefs secteurs, cet espace est désormais réservé aux poisson, viande, œuf. Aucun de leurs noms ne figure sur les nouvelles listes. Aucun espace ne leur a été attribué dans la nouvelle configuration. Ne voulant pas perdre l'espace qui avait été construit avec leur argent, ces vendeurs ont décidé de changer d'activité et de se conformer à la vente des vivres frais tel que recommandé par le chef secteur.
Ce revirement d'activité n'aura servi à rien car, aussitôt installé, le chef secteur Zacharie Dandji, le régisseur Komot et la police s'en sont pris aux vendeurs en leur intimant l'ordre de s'en aller. Ne sachant à quel saint se vouer, le collectif des vendeurs de vivre frais a adressé des correspondances aux autorités administratives, notamment, le gouverneur de la région du centre, le délégué du gouvernement auprès de la communauté Urbaine de Yaoundé, au préfet du Mfoundi, au sous préfet de Yaoundé 2 et au président de la Conac. Ces hommes et femmes traumatisés ne savent pas comment ils vont nourrir leur famille. Et pourtant, c'est leur argent qui a servi à la construction de cet espace qui aujourd'hui est occupé par d'autres personnes. Devraient-ils croire qu'ils ont été arnaqués?
De la mangeoire pour les nouveaux responsables
Attribuant ainsi des places à qui paye le mieux. Cela se passe désormais entre «petits copains» comme pour dire que la corruption dans ce pays se trouve à tous les niveaux. Les vendeurs de médicaments déguerpis de leur espace alors qu'ils n'occupaient pas la voie publique, reste sans autre site. Par contre ceux qui ont de l'argent achètent de nouveaux espaces au chef secteur qui n'hésite pas à leur attribuer une place. Ils s'enrichissent au détriment de ces citoyens qui ont choisi de gagner leur vie de manière honnête.
Lundi matin, ces anciens occupants de ce site avaient décidé de grever. Aucun commerçant ne vent tant qu'une solution n'a pas été trouvé à leur problème. On pourrait dire qu'on court une fois de plus vers une nouvelle crise au marché Mokolo si rien n'est fait. Les autorités compétentes sont donc interpellées.