Le
verdict est tombé dans les toutes premières heures du samedi 22
septembre 2012 dans l?affaire de l?avion BBJ-2. La décision du Tribunal
de Grande Instance du Mfoundi siégeant à Yaoundé est historique. Le juge
Gilbert Schlick a en effet condamné Marafa Hamidou Yaya et Yves Michel
Fotso à 25 ans de prison chacun.
L'ancien ministre d'Etat originaire du grand nord et l'homme d'affaires issu de la région de l'Ouest sont ainsi reconnus coupables des faits de détournement de l'argent qui devait servir à acquérir un avion pour la présidence du Cameroun au début des années 2000. Plusieurs milliards de FCFA étaient en jeu.
Déchu du gouvernement au lendemain de l'élection présidentielle d'octobre 2011, Marafat avait été arrêté et incarcéré le 16 avril 2011. Quant à Yves Michel Fotso, c'est le 1er décembre 2010 qu'il avait été privé de liberté à Douala, puis conduit à Yaoundé où il a récemment convolé en justes noces.
Si l'on s'en tient à ce verdict rendu en instance, une libération d'Yves Michel Fotso ne serait envisage qu'à l'échéance du 30 novembre 2035. Celle de Marafat n'interviendrait qu'après le 10 avril 2036. Ca c'est pour le principe. Un principe seulement puisque la sentence rendue devant la juridiction de premier degré devrait faire l'objet d'un recours en appel près la cour d'appel de la région du Centre toujours à Yaoundé. Alice Nkom et le collège des avocats qui défendent Yves Michel Fotso et Cie disposent d'un bref délai de 48 heures pour interjeter appel contre le verdict de ce samedi 22 septembre. La décision du juge d'instance pourrait alors être modifiée. L'éventualité d'une grâce présidentielle réduisant les peines à néant est également envisageable. Mais on n'en est pas encore là pour l'instant.
Le procès du duo Marafat- Fotso s'était ouvert le 16 juillet
2012. Il est celui qui livre pour la 1ère fois son verdict dans le cadre
de l'opération épervier visant à assainir les finances publiques par
Paul Biya. Avant l'issue de ce procès en instance, une certaine frange
de la population réclamait la libération de l'ancien homme d'Etat et
proche du président actuel.
Le jugement de l'affaire Marafa intervient alors que Paul Biya vient
tout juste de quitter la région septentrionale du pays où il y
séjournait depuis 48 heures. Paul Biya rendait visite aux sinistrés des
inondations qui, depuis début septembre, ont fait de nombreuses victimes
et laissé sans abris plusieurs milliers d'habitants.
La réaction des pro-Marafat et Fotso qui avaient
promis une grande mobilisation pour défendre la cause des deux hommes
est très attendue dans les toutes prochaines heures.
D'après les médias locaux, le palais de justice de Yaoundé était sous
très haute protection avant le verdit. Une grande mobilisation policière
et militaire est observée en ce moment dans la région du nord du pays.
D'après les informations de Camer.be, les dignitaires de la communauté Bandjoun, fief de Yves Michel Fotso, n'ont pas encore pris officiellement connaissance de la décision condamnant leur élite. « Si cette lourde condamnation de Yves (Michel Fotso, ndlr) est confirmée, comment le patriarche Victor Fotso, homme d'affaires et père d'Yves Michel Fotso va-t-il vivre une telle humiliation ? Le père a 86 ans. Comment imaginé que son fils privé de liberté en 2010 ne serait libre qu'en 2035 ?» s'est interrogé un responsable local joint ce matin au téléphone à Bandjoun par la rédaction de Camer.be. Nous y reviendrons.