Marafa/Danpoulo/Mbororo: Lettre de l’Honorable Mvondo Assam Bonaventure à Monsieur le Président de la République

YAOUNDÉ - 23 Mai 2012
© Mvondo Assam Bonaventure | Correspondance

Monsieur le Président de la République, dans différentes notes antérieures, nous avons souligné l'ambition d'un grand destin national qui anime Monsieur MARAFA HAMIDOU YAYA. Nous avons également établi la connexion entre le Ministre d'Etat et El Hadj DANPOULO qui représente et défend ses intérêts à la fois politiques, financiers et économiques.

Honorable Mvondo ASSAM Bonaventure Député à l'Assemblée Nationale Vice-président de la Commission de défense et de sécurité à SON EXELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE CHEF DE L'ETAT, CHEF DES ARMÉES

OBJET: Sécurité de la communauté Bororo de la Province du Nord-Ouest.

Yaoundé, le 24 juillet 2008.


Excellence, Monsieur le Président de la République,


Bonaventure Mvondo A.
Photo: © L'Oeil su Sahel
J'ai très respectueusement l'honneur de vous rendre compte qu'en ma triple qualité de fils, de Député à l'Assemblée Nationale, de Vice-président de la Commission de Défense et de Sécurité à l'Auguste Chambre, je viens d'être interpellé par les représentants influents (liste en annexé I) et terrorisés de la communauté Bororo de SABGA, Département de la MEZAM, Province du Nord-Ouest.


Qui sont LES BORORO du Cameroun?

Les Bororo sont une tribu nomade, développant essentiellement des activités pastorales. Ils sont installés dans les Provinces de l'Est, du Nord-Ouest, de la partie septentrionale du Cameroun. Ils s'étendent sur toute l'Afrique médiane. Au Cameroun, on dénombre environ deux millions cinq cent mille Bororo (2.500.000 habitants). Ils sont une communauté importante estimée à 12,5% de la population camerounaise. Leur rôle politique est d'une importance certaine dont le contrôle peut présenter un enjeu politique réel.


De quoi s’agit-il?

Les relations entre les Bororo et les Foulbé-Haoussa, mauvaises depuis Juin 2007, continuent de se dégrader au point de menacer la paix sociale dans l'ensemble de la Province du Nord-Ouest, et par ricochet dans les autres provinces où vivent d'importantes communautés Bororo. En effet, les Bororo sont regroupés dans une association importante dénommée «MBOSCUDA». Ils restent très solidaires et ethniquement soudés.

Le Président de cette association serait Monsieur El Hadj DJADJI GUIDADO, Attaché à la Présidence de la République.

La crise, qui oppose les Bororo et les Haoussa naît d'une mauvaise élection du Lamido du village de SABGA. En effet, en juin 2007, au cours du processus de désignation du Lamido disparu, les 14 Notables de la localité de SABGA ont, contre Monsieur El Hadj MAMUDA, jeté leur dévolu sur le choix de Monsieur ADAMU K. BUBA. Le résultat des dépouillements de cette élection du 15 Juin 2007 ont été établis de la manière suivante (Annexe II):

- ADAMU K. BUBA, 11 voix

- El Hadj MAMUDA, 1 voix et 02 bulletins nuls.

Nonobstant cette victoire claire, nette et transparente Monsieur El Hadj DANPOULO BABA, multimilliardaire, négociant et homme d'affaires doublé des qualités d'entrepreneur agro-industriel et pastoral, s'est investi avec toute sa puissance économique et financière pour s'y opposer vertement.

Nous soulignons toutefois que Monsieur El Hadj DANPOULO qui n'est pas un Bororo est plutôt un Haoussa dont la famille est installée à NDAWARA, BUYO DIVISION, depuis plusieurs générations. Il est l'un des grands fossoyeurs de Méridien Bank Cameroon et du Crédit Agricole du Cameroun, Où il a puisé des milliards non remboursés. Pour ses affaires il réside à Douala. C'est de là qu'il a entrepris de conquérir, avec ses amis, de grands espaces dans la province du Nord-Ouest pour ses activités agroptorales. Il disposerait de plus de 6.000 hectares.

Bénéficiant, contre prébendes, de l'appui, de la complaisance de la haute administration préfectorale de la MEZAM (Bamenda), des forces de sécurité locales, Monsieur El Hadj DANPOULO BABA a réussi à imposer de force, son homme lige en la personne de MAMUDA ABDOULAYE comme Lamido de SABGA.


Qui est Mamuda Abdoulaye?

MAMUDA ABDOULAYE, est un ancien employé d’El Hadj DANPOULO, dépêché spécialement de Douala pour venir contrôler l'entreprise agropastorale de son employeur. Il a reçu également pour mission de s'assurer des intérêts de Monsieur DANPOULO et de ses amis. Il fallait donc à Monsieur El Hadj DANPOULO, un homme ayant une posture d'influence sociale et politique. Mais hélas, Monsieur MAMUDA ABDOULAYE, homme de paille, sans assise politique, ne correspond pas aux référents sociologiques qui imposent le respect dans la communauté Bororo à savoir:


- Détention d’une propriété privée;

- Détention d’un troupeau de bovin;

-Attachement à la communauté Bororo;

-Présence permanente au sein de la communauté.

En effet, I 'intéressé revient après 40 ans d'absence.

Dans sa démarche brutale d'intronisation, Monsieur El Hadj DANPOULO, s'est heurté à une opposition populaire dont il s'est employé, appuyé par 100 Gendarmes à mater violemment. Le bilan de cette incursion des forces de Gendarmerie Nationale s'est soldé par 03 blessés graves, 01 cheval monté abattu, 06 personnes arrêtées puis relaxées.

Par ailleurs les services de l'Ambassade des Etats-Unis à Yaoundé ont enregistré 40 réfugiés. Ce problème de sécurité intérieur s'est donc transformé en problème de sécurité humaine avec une connotation internationale. L'Ambassade des Etats-Unis s'est activée à constituer un volumineux dossier pour la Commission des Nations Unies pour les Droits de l'Homme à Genève.

Sur ces entrefaites, Son Excellence, Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, a aussitôt entrepris de ramener les parties opposées à l'apaisement en demandant au Bororo présents à l'Ambassade des Etats-Unis de regagner leurs villages.

Cette proposition du Premier Ministre, a été assortie d'une correspondance n°1370/d-1/SG/PM en date du 31 août 2007 (annexe III), adressée au Ministre d'Etat, Chargé de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation. Le Premier Ministre lui demandait:

«De prescrire à vos collaborateurs locaux, la suspension de la cérémonie d'installation du nouveau chef;

- De mettre sur pied et dépêcher de Yaoundé, dans les meilleurs délais, une mission d'enquête administrative visant à recueillir sur le terrain, toute information susceptible de permettre un règlement définitif de ce problème.»

Le Lamidat de SABGA, convient-il de le souligner, est le premier de tous les Lamidats Bororo du Nord-Ouest. Il trône sur à peu près un million et demi d'un troupeau d'âmes (1.500.000 habitants). En d'autres termes qui tient le Lamidat de SABGA, pourrait-on dire, tient toute la communauté Bororo du Nord-Ouest.

Malgré cette haute implication du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Monsieur MARAFA HAMIDOU YAYA, le Ministre d'Etat, Charge de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation et Monsieur le Gouverneur de l'époque Monsieur KOUMPA ISSA, le Préfet de la MEZAM et leurs différents relais territoriaux sont restés complètement sourds aux instructions injonctives du Premier Ministre, Chef du Gouvernement.

Plus grave encore, ces injonctions contrairement à tous les effets positifs attendus ont plutôt déterminé Monsieur El Hadj DANPOULO BABA et la haute administration civile et militaire de Bamenda, à plonger la communauté Bororo de SABGA, dans un climat d'insécurité totale. Ainsi donc, cette communauté, indéfectiblement attachée au RDPC et à l'Homme qui l'incarne, Son Excellence, Monsieur Paul BIYA, est l'objet de tracasseries et exactions diverses à savoir:

- Viol des femmes et abus sexuels sur les mineures dont certaines portent sur leurs bras des enfants non désirés;

- Interdiction de tenir localement un seul Meeting du RDPC;

- interdiction de réunion de la communauté Bororo de SABGA, ni de la branche MBOSCUDA;

-Fermeture de la coopérative de vente de lait et de Yaourt;

- Fermeture de la Maison de la Femme, construite par le Gouvernement à l'intérieur du Palais;

- Intimidation des étudiants (35) Bororo, bénéficiaires des bourses des projets Plan II et USAID;

- Convocations simultanées dans 03 brigades de Gendarmerie des mêmes personnes aux mêmes dates et aux mêmes heures.

- Expulsions de 2000 Bororo des terres et pâturages se soldant parfois par des suicides des hommes désespérés et ayant tout perdu. Cette action qui a au départ concerné les populations de BUYO, touche aujourd'hui celles de SABGA qui, chassées, voient leurs biens spoliés.

Comment interpréter le silence de l’administration territoriale?

Monsieur le Président de la République, dans différentes notes antérieures, nous avons souligné l'ambition d'un grand destin national qui anime Monsieur MARAFA HAMIDOU YAYA. Nous avons également établi la connexion entre le Ministre d'Etat et El Hadj DANPOULO qui représente et défend ses intérêts à la fois politiques, financiers et économiques. Il est évident que l'action de Monsieur DANPOULO et la grande liberté de manœuvres dont il bénéficie s'inscrivent dans un schéma d'assistance de Monsieur MARAFA HAMIDOU YAYA dans sa stratégie de conquête de pouvoir.

Il nous a été rapporté, peut être à votre insu, que le Ministre d'Etat introduit étrangement dans les réunions de CCO, Monsieur DANPOULO, qui a d'ailleurs abrité l'une d'elles dans son ranch de NDAWARA. Par ailleurs, lorsqu'il arrive au Ministre d'Etat de rendre visite à son ami à BUYO un tapi rouge lui est déroulé. Monsieur DANPOULO, en personne s'emploie, devant la communauté Bororo, à le présenter comme le Chef d'Etat du Cameroun de 2011. C'est dans ce registre que s'intègre, à notre sens, toutes les mesures et actions d'intimidation visant à s'attacher de gré ou de force les suffrages avenirs de la communauté Bororo.

Nous sommes également fondés de penser, de façon rétrospective, que c'est dans cette optique que le Gouverneur KOUMPA ISSA, actuellement à Yaoundé, a pour un temps été affecté dans la Province du Nord-Ouest, pour s'assurer et organiser les conditions du ralliement des Bororo à la cause MARAFA HAMIDOU YAYA. Monsieur KOUMPA ISSA est revenu à Yaoundé, certainement pour une autre mission.


Suggestions

Les Bororo implorent votre Haute intervention directe pour:

- Le respect de leur choix démocratique en la personne de Monsieur ADAMU K. BUBA comme Lamido de SABGA.

- La protection de la communauté Bororo du Nord-Ouest en général et de SABGA en particulier.

- Qu'un terme soit mis à l'expansion territoriale et à l'esprit outrancier et hégémonique de El Hadj DANPOULO BABA.

Très haute et déférente estime.


Source: L'Oeil du Sahel 22/05/2012



23/05/2012
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