MARAFA, “ELECAM EST INCAPABLE D’ORGANISER UNE BONNE ÉLECTION” :: CAMEROON

Cameroun : Marafa, “Elecam est incapable d’organiser une bonne élection”Vendredi 19 février, 10 :16,TUC (Temps universel coordonné). 
Résumé : Lors d’une réunion tenue le 9 février avec l’ambassadeur, le Minatd Marafa Hamidou Yaya s’est dit très découragé par l’incapacité d’Elecam à organiser une bonne élection. Les responsables d’Elecam récemment nommés, a-t-il dit, sont incompétents et corrompus et qu’une mauvaise élection en 2011 pourrait déboucher sur une guerre civile de grande envergure ; que la  campagne gouvernementale anti-corruption (Opération Epervier) rend les responsables nerveux et a bel et bien une connotation politique. Il estimait que les efforts de décentralisation du gouvernement camerounais trainaient la patte parce qu’ils se heurtaient à une forte résistance des fonctionnaires. Il redoutait la montée des extrémismes islamiques, plus particulièrement dans les régions septentrionales et à Douala. (Fin du résumé).

Il était très découragé par la situation de la Commission Electorale Elecam qui allait droit au mur à cause de l’incompétence de ses responsables récemment nommés dont la principale motivation n’est que de se servir des élections pour s’enrichir. Il déclare que le Conseil Electoral et la Direction Générale d’Elecam sont « ouvertement en guerre», que les membres du Conseil s’activent à brader les équipements jusque-là gérés par le Minatd et récemment transférés par l’ancien Observatoire des Elections (Onel) à Elecam. Il ne cessait de répéter qu’il est effrayé, et redoutait la probable réprobation internationale qui résulterait d’une mauvaise élection et « du bain de sang d’une guerre civile de grande envergure » qui s’ensuivrait. Marafa était très critique au sujet du retard pris par M. Biya pour la mise en place d’Elecam et que le président était très embarrassé par les carences institutionnelles.

Marafa dit avoir soumis au président Biya deux projets de code électoral, l’un avec des élections conduites par Elecam et l’autre avec des élections conduites par un organe hybride composé du Minatd et d’Elecam, parce qu’il estimait que Elecam ne serait pas prêt (à la hauteur ?).

Marafa avait rejeté toute possibilité d’élection avant l’échéance de 2011. Il a ajouté que si Elecam se révélait incapable d’organiser une élection en 2011 et laissait expirer le mandat de M. Biya, celui-ci deviendrait un président illégitime. Marafa estime que le processus de décentralisation prend déjà beaucoup de retard avec les structures légales qui doivent être mises en place et la résistance opposée par les responsables d’unités administratives déconcentrées. Il pense qu’une décentralisation effective pourrait faire économiser 30 à 40% des dépenses de l’Etat, mais prévient qu’il avait découvert des détournements dans les communes de Douala et d’ailleurs, ceci prouvant qu’elle pourrait aussi alimenter la corruption. Marafa comptait créer un Comité consultatif pour aider à la mise en place du processus (il faut noter que les années passées, le gouvernement parlait très sérieusement de l’autorité politique et fiscale de la décentralisation. Dans son récent message de Nouvel An, le président citait la décentralisation comme l’un des objectifs à atteindre en 2010).

Lutte contre la corruption

Interrogé sur la croisade agressive de M. Biya contre la corruption dénommée Opération Epervier, Marafa a répondu avec cette boutade : « Il est possible que je finisse en prison ». Il a poursuivi que l’Opération Epervier énervait les responsables et que ceux qui ont récemment restitué les fonds détournés au gouvernement en contrepartie de leur libération avaient peur de continuer à rester en prison. Il déplorait le manque de professionnalisme dans la mise en oeuvre de l’Opération Epervier, et reconnaissait que la critique selon laquelle M.Biya se servait de l’Opération Epervier pour se débarrasser de ses adversaires internes était vraie, mais pas à 100%.

Montée des extrémismes Islamiques

Marafa était très préoccupé par la montée de l’extrémisme islamique au Nigéria et au Cameroun. Il y avait beaucoup de gens désespérés parmi les communautés musulmanes du Nord et de Douala en particulier, et certains disposaient de l’argent d’origine douteuse. Il s’inquiétait que le gouvernement camerounais n’aie pas eu assez de moyens pour contrôler cette situation.

Commentaire

 

En plus d’être membre du Bureau politique du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), Marafa compte parmi les ministres les plus ouverts, les plus astucieux et les plus puissants du régime en place. Il est originaire de la région du Nord et se meut dans la communauté musulmane comme un poisson dans l’eau. Il est le fer de lance de la décentralisation à laquelle il semble très engagé. Sa vision candide de ce lent processus le décourage mais ne le surprend pas. Nous nous attendions à une forte résistance des autorités de Yaoundé et de celles des unités déconcentrées.

Il était visiblement énervé par l’Opération Epervier. Quelques jours après cette rencontre, un juge le notifie avec plusieurs autres personnes, de l’interdiction de quitter le pays, parce qu’ils doivent faire des dépositions sur le scandale de la corruption de l’Albatros. (L’interdiction de sortie fut par la suite levée et Marafa dit plus tard à l’ambassadeur qu’il n‘en était pas inquiété. Néanmoins, sa photo relative à l’affaire Albatros à la une des journaux le déstabilisait sans aucun doute) Marafa s’est toujours opposé à Elecam, surtout parce qu’avec la création de cet organe, son ministère a perdu la mainmise qu’il avait sur l’organisation des élections.

Du coup, sa vision d’Elecam est devenue excessivement négative et dramatique. Toutefois, pour convaincre même les hauts dignitaires du gouvernement/Rdpc, Elecam a encore du chemin à faire. Il a aussi été rapporté que M. Biya désespère des défis d’Elecam. Le code électoral a été conçu par les seuls membres du gouvernement sans consultation externe et ni la société civile ni les représentations diplomatiques n’en ont vu l’avant-projet. Beacoup d’observateurs partagent la conclusion de Marafa selon laquelle une élection avortée en 2011 pourrait déboucher sur une guerre civile de grande envergure.

© Source : Le Jour


24/08/2013
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres