Marafa écroué: Le Grand nord en ébullition

DOUALA - 17 Avril 2012
© Salomon KANKILI | Le Messager

La nouvelle de l'interpellation hier de l'ex-Minatd a plongé les habitants de Garoua, Ngaoundéré et Maroua dans la colère. Beaucoup crient à l'injustice.


Marafa a Garoua - 2012
Photo: © Le Jour


«Il a été arrêté simplement pour une raison bien connue: parce qu'il est présidentiable». Déclarations fracassantes d'une élite politique du Nord à Garoua. Il réagissait hier (en mi-journée) après un appel téléphonique lui annonçant l'interpellation de Marafa Hamidou Yaya, ancien ministre d'Etat, ministre de l'Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd). «Cela marque un nouveau tournant dans l'histoire de ce pays. Si Biya a laissé faire, ça veut dire qu'il déclare la guerre à l'élite du Grand Nord (...) L'arrestation de Marafa ne sera pas acceptée par nous», a-t-il prévenu d'une voie nouée par la douleur et la colère. Toutes choses qui ne l'empêchent d'ailleurs pas de propager la «triste» nouvelle à quiconque croise son chemin. Une autre élite du Nord approchée par le reporter de votre journal s'est voulu clair: «à partir de cet instant, ce n'est plus une affaire de partis politiques ni de religions. Tous ceux à qui j'annonce la nouvelle ne sont pas forcement de mon parti (Rdpc, Ndlr). C'est maintenant un problème nordiste et tout le monde se sent trahi», Il n'a pas fait mystère de l'intention du collectif de l'élite nordiste. Celle qui va consister à «faire bloc».

Cet élan de solidarité identitaire était déjà perceptible en février dernier à l'aéroport de Maroua Salack. Comme un seul homme, une meute surexcitée de militants de l'Undp, du Rdpc, de l'Add, de l'Andp et même du Fsnc, y avait alors réservé un accueil historique à Marafa Hamidou Yaya. L'ex-Minatd marquait ainsi (pour la première fois) son retour au bercail après sa sortie du gouvernement en décembre 2011. Le cortège mitigé s'était ensuite ébranlé en direction de Garoua où un autre donner-à-voir s'était produit. On comprend aisément pourquoi l'interpellation hier du «fils prodige» fâche le gratin politique du Grand Nord. Des observateurs avertis n'excluent pas des manifestations dans tes rues de Garoua précisément.


Des airs de «deuil»

Le temps a semblé suspendre son vol hier à Garoua. La canicule ambiante n'avait pas l'air de décourager les populations informées. Les uns ont accouru en vain vers la résidence de l'ex ministre d'Etat interpellé. Pendant ce temps, des groupes de jeunes épiloguaient sur les conséquences de cette interpellation de la grosse pointure du Rdpc. Il représentait l'espoir des jeunes du Nord. La majorité d'entre nous a été recruté dans le projet Sain (Société agro-industrielle de la Bénoué, Ndlr) et même dons la fonction publique», regrette un jeune du Conseil national de la jeunesse du Cameroun (Cnjc) de la Bénoué. Le «deuil», selon un maire de l'Extrême-Nord joint au téléphone, aurait également impacté sur la cérémonie de passation de commandement entre les gouverneurs entrant et sortant de l'Extrême-Nord. «J'ai appris la mauvaise nouvelle au téléphone pendant la cérémonie, de la manière dont vous venez de m'appeler», a confié le magistrat municipal. «L'onde de choc» s'est propagée dans la tribune de la place des fêtes, arrachant au passage des larmes aux proches de Marafa. A Ngaoundéré où séjournent actuellement Réné Emmanuel Sadi, Gregroire Owona et autres Ibrahim Talba Malla; tout porte à croire que la réunion de crise (de la famille Rdpc désunie) prévue ce mardi ne va pas drainer grand monde. Car même ici, les fidèles à Marafa se comptent par milliers.



17/04/2012
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