Manœuvres - Prochain Gouvernement: Le Grand-Nord veut la primature
Yaoundé, 06 Février 2013
© Parfait N. Siki | Repères
Les dignitaires des trois Régions septentrionales, 21 ans après Sadou Hayatou, ne font plus mystère de leur projet d'occuper l'immeuble Etoile.
© Parfait N. Siki | Repères
Les dignitaires des trois Régions septentrionales, 21 ans après Sadou Hayatou, ne font plus mystère de leur projet d'occuper l'immeuble Etoile.
La cérémonie qui a porté M. Denis
Oumarou, ancien Ministre, en sa terre natale de Figuil dans
l'Extrême-Nord, le 26 janvier dernier, était digne et courue. De
nombreuses élites des trois Régions septentrionales ont fait le
déplacement pour prendre part aux obsèques de ce Haut commis de l'Etat
réservé, mais aussi pour parler de l'avenir. La tenue annoncée des
élections législatives ouvre la voie à des bouleversements pour le
Grand-Nord, du fait des nouvelles majorités qui peuvent s'en dégager et
de la perspective des nouveaux arbitrages pour l'équilibre régional des
pouvoirs.
En marge des cérémonies funéraires de M. Denis Oumarou, sans avoir programmé quelques rencontres et sans ordre du jour établi, les conversations très discrètes des dignitaires présents ce jour-là ont convergé sur la nécessité pour le septentrion d'abandonner le poste de Président de l'Assemblée nationale pour le poste de Premier Ministre.
Si c'est une révélation pour certains, les témoignages puisés dans les milieux nordistes montrent que l'idée d'inverser l’équilibre régional en attribuant le poste de Premier Ministre au Grand Nord et le perchoir aux anglophones ne date pas d'hier et semble aujourd'hui bien mûre pour être exprimée. En effet, la comptabilité des avantages liés au poste de Président de l'Assemblée nationale, occupé depuis 1992 par M. Cavayé Yéguié Djibril, originaire de l'Extrême-Nord, apparaît déficitaire aux partisans de la primature. Pour eux, ce poste a plus servi l'individu qui l'occupe que les intérêts du Grand-Nord. «Nous n'avons pas souvenance que du fait de Cavayé Yeguié Djibril et de la fonction qu'il occupe, le Grand Nord ait bénéficié de quoi que ce soit, comme s'il ignorait que s'il n'était pas nordiste, il ne serait pas là», dit une élite du Septentrion.
Pour certains, cette réalité n'est pas à mettre sur le dos de M. Cavaye Yéguié Djibril: le Président de l'Assemblée nationale, bien que deuxième personnalité du pays, a davantage une importance protocolaire. Au stade actuel du fonctionnement de nos institutions, le Président de l'Assemblée nationale est successeur constitutionnel du Président de la République, mais la perspective des sénatoriales balaie cette prérogative, qui reviendra de droit au Président du Sénat. Les Nordistes ne se complaisent plus des honneurs faits à l’un des leurs lors des cérémonies officielles, au cours desquelles le Chef de l'Etat affectionne des apartés avec M. Cavaye Yéguié Djibril, ce dernier se vantant d'avoir l'oreille présidentielle. Les ambitions enregistrées parmi les élites locales ne supportent plus le statu quo momifiant actuel.
Pour toutes ces raisons, les élites du septentrion considèrent le poste de PAN comme une coquille résonnante mais vide et préfère reprendre le poste de Premier Ministre occupé par le Grand-Nord en 1982 et 1983 et de 1991 à 1992 par des Nordistes. C'est au terme des législatives de mars 1992 que M. Sadou Hayatou, fils de Garoua, va céder le fauteuil à M. Simon Achidi Achu, originaire de Santa dans le Nord-Ouest. Les anglophones ne vont plus lâcher l'immeuble Etoile jusqu'à M. Philémon Yang, l'actuel Premier Ministre. Pour le Grand-Nord, cette fonction revêt aujourd'hui une saveur particulière, celle de la gestion effective des dossiers à véritable impact social et économique.
En effet, le Premier Ministre, dans notre système présidentialiste, est plus coordonnateur de l'action économique que Chef du gouvernement, donc de la majorité. «Il est de ce fait le point de convergence des dossiers économiques et des grands projets qui dessinent le Cameroun de demain. Il est bon que des changements soient apportés à la répartition des fonctions pour que le Grand Nord profite de la présence d'un de ses fils à ce haut niveau de décision», indique un fils de l'Extrême-Nord.
L'idée d'occuper la primature plutôt que, le perchoir de l'Assemblée nationale fait si bien son chemin qu'elle donne lieu à un jeu des profils pour savoir qui occuperait éventuellement cette fonction. L'hebdomadaire «L'Oeil du Sahel», spécialisé dans l'analyse des faits liés au Grand Nord, pense que M. Ibrahim Talba Malla, actuel DG de la CSPH, présente les meilleurs atouts, devant MM. Amadou Ali ou Luc Ayang, tous de l'Extrême-Nord, Région couvée par Paul Biya en raison de sa puissance électorale.
Pourtant, rien n'est acquis. La décision de confier la primature au Grand Nord n'est pas actée, et les Régions anglophones n'ont pas encore réagi à cette nouvelle qui semble ne pas tenir compte de leurs desiderata. Pis, la mise en place du Sénat va complexifier le partage des postes entre les différents groupes régionaux.
En marge des cérémonies funéraires de M. Denis Oumarou, sans avoir programmé quelques rencontres et sans ordre du jour établi, les conversations très discrètes des dignitaires présents ce jour-là ont convergé sur la nécessité pour le septentrion d'abandonner le poste de Président de l'Assemblée nationale pour le poste de Premier Ministre.
Si c'est une révélation pour certains, les témoignages puisés dans les milieux nordistes montrent que l'idée d'inverser l’équilibre régional en attribuant le poste de Premier Ministre au Grand Nord et le perchoir aux anglophones ne date pas d'hier et semble aujourd'hui bien mûre pour être exprimée. En effet, la comptabilité des avantages liés au poste de Président de l'Assemblée nationale, occupé depuis 1992 par M. Cavayé Yéguié Djibril, originaire de l'Extrême-Nord, apparaît déficitaire aux partisans de la primature. Pour eux, ce poste a plus servi l'individu qui l'occupe que les intérêts du Grand-Nord. «Nous n'avons pas souvenance que du fait de Cavayé Yeguié Djibril et de la fonction qu'il occupe, le Grand Nord ait bénéficié de quoi que ce soit, comme s'il ignorait que s'il n'était pas nordiste, il ne serait pas là», dit une élite du Septentrion.
Pour certains, cette réalité n'est pas à mettre sur le dos de M. Cavaye Yéguié Djibril: le Président de l'Assemblée nationale, bien que deuxième personnalité du pays, a davantage une importance protocolaire. Au stade actuel du fonctionnement de nos institutions, le Président de l'Assemblée nationale est successeur constitutionnel du Président de la République, mais la perspective des sénatoriales balaie cette prérogative, qui reviendra de droit au Président du Sénat. Les Nordistes ne se complaisent plus des honneurs faits à l’un des leurs lors des cérémonies officielles, au cours desquelles le Chef de l'Etat affectionne des apartés avec M. Cavaye Yéguié Djibril, ce dernier se vantant d'avoir l'oreille présidentielle. Les ambitions enregistrées parmi les élites locales ne supportent plus le statu quo momifiant actuel.
Pour toutes ces raisons, les élites du septentrion considèrent le poste de PAN comme une coquille résonnante mais vide et préfère reprendre le poste de Premier Ministre occupé par le Grand-Nord en 1982 et 1983 et de 1991 à 1992 par des Nordistes. C'est au terme des législatives de mars 1992 que M. Sadou Hayatou, fils de Garoua, va céder le fauteuil à M. Simon Achidi Achu, originaire de Santa dans le Nord-Ouest. Les anglophones ne vont plus lâcher l'immeuble Etoile jusqu'à M. Philémon Yang, l'actuel Premier Ministre. Pour le Grand-Nord, cette fonction revêt aujourd'hui une saveur particulière, celle de la gestion effective des dossiers à véritable impact social et économique.
En effet, le Premier Ministre, dans notre système présidentialiste, est plus coordonnateur de l'action économique que Chef du gouvernement, donc de la majorité. «Il est de ce fait le point de convergence des dossiers économiques et des grands projets qui dessinent le Cameroun de demain. Il est bon que des changements soient apportés à la répartition des fonctions pour que le Grand Nord profite de la présence d'un de ses fils à ce haut niveau de décision», indique un fils de l'Extrême-Nord.
L'idée d'occuper la primature plutôt que, le perchoir de l'Assemblée nationale fait si bien son chemin qu'elle donne lieu à un jeu des profils pour savoir qui occuperait éventuellement cette fonction. L'hebdomadaire «L'Oeil du Sahel», spécialisé dans l'analyse des faits liés au Grand Nord, pense que M. Ibrahim Talba Malla, actuel DG de la CSPH, présente les meilleurs atouts, devant MM. Amadou Ali ou Luc Ayang, tous de l'Extrême-Nord, Région couvée par Paul Biya en raison de sa puissance électorale.
Pourtant, rien n'est acquis. La décision de confier la primature au Grand Nord n'est pas actée, et les Régions anglophones n'ont pas encore réagi à cette nouvelle qui semble ne pas tenir compte de leurs desiderata. Pis, la mise en place du Sénat va complexifier le partage des postes entre les différents groupes régionaux.