Empêtré dans de graves affaires de crimes économiques, le Directeur général de la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater) tente de faire diversion en braquant les projecteurs sur ses prédécesseurs. Visiblement, Jean Williams Sollo mérite d’être conduit à l’hôpital. Et très rapidement.
Une curiosité. Avant même que le document ne parvienne à son
principal destinataire, des agents pollueurs s’étaient déjà chargés
d’inonder les médias. Jean Williams Sollo, porte «plainte contre X pour
détournement de deniers publics, faux en écritures privées et de
commerce, détournement de prêt». Le document, daté du 31 mars 2014 et
déposé le 2 février dernier chez le procureur général près le Tribunal
criminel spécial (Tcs), circulait déjà dans les rédactions dès le 30
mars dernier.
De quoi s’agit-il en réalité ? Au lieu de se mettre effectivement au
travail, pour que les Camerounais aient de l’eau potable, quand on sait
que l’homme hérite d’une structure disposant des moyens de sa politique
en termes de projets et de financements, M. Sollo, qui affirme s’être
penché sur les comptes de l’année 2002 ainsi que sur l’audit financier
réalisé sur les exercices 2003 et 2004 de la défunte Société nationale
des eaux du Cameroun (Snec), indique avoir constaté «de graves
irrégularités comptables symptomatiques de probables détournements de
deniers publics». Il se base notamment sur le rapport des commissaires
aux comptes dressé le 10 mai 2004 par Dieudonné Leuze (Eura-Audit) et
René Libong (Société fiduciaire d’audit et de commissariat aux comptes),
pour la période allant du 1er juillet au 31 décembre 2002.
Dans le détail, Jean Williams Sollo, comme un insensé, relève «d’énormes manquements comptables, tels la surévaluation des comptes des immobilisations corporelles et des amortissements, celle de la subvention d’équipement». Il y a «plus grave» : l’absence de justificatifs pour certains comptes de trésorerie, et même pour certains produits et charges pourtant imputés dans les comptes. «De toute vraisemblance, les états financiers produits à cette époque présentent une situation toute autre, ne laissant aucun doute quant à la volonté de leurs auteurs de dissimuler la réalité comptable de l’époque, mais surtout, d’établir un faux bilan comptable dans un dessein inavoué».
Le Dg de Camwater insiste lourdement. Après avoir étalé une litanie de prétendus préjudices subis par l’entreprise, et s’agissant de l’audit des comptes et des états financiers arrêtés au 31 décembre 2003 et 2004, réalisés par le cabinet d’experts Auditeurs associés Kpmg, confirme «l’existence des premières irrégularités déjà mises à nu par les commissaires aux comptes [et qui] renforce cette conviction de l’existence à cette époque-là, d’un réseau de personnes dont l’habileté à travestir les bilans financiers n’avait d’égal que leur dextérité à distraire pour leur compte, des deniers de la Snec».
Jean Williams Sollo qui, à l’observation, se tourne les pouces à la Camwater, alors que les Camerounais ont très soif, dit dans sa «plainte contre X» qu’avant avant de se réserver le droit de se constituer partie civile au cours des étapes de la procédure à engager, demande que les responsabilités quant à l’imputabilité des actes ainsi constatés soient établies contre ceux qui ont «spolié le patrimoine de la Camwater». Dieu rend fous ceux qu’il veut perdre.
Il n’est point nécessaire de s’attarder sur la qualité de la copie, infestée de contresens à travers lesquelles transparaît une haine recuite. Il faut juste constater que l’homme, empêtré dans de graves accusations de distraction de fonds publics qui le mèneront dans les prochains jours, sans aucun doute, derrière les barreaux, a choisi ce fumigène pour s’absoudre de tout soupçon. M. Sollo qui mit l’Onadef (Office national de développement des forêts) à terre, se spécialise ainsi dans une littérature nauséeuse contre ses prédécesseurs que sont Clément Obouh Fegue, de regrettée mémoire, et Basile Atangana Kouna, aujourd’hui ministre de l’Eau et de l’Energie.
La présidence, la Primature et consorts, qu’il inonde de sa prose vénéneuse, lui ont, jusqu’ici opposé un silence méprisant. Normal : là-bas, on a «la vraie vérité» sur la Camwater ainsi que les «exploits» de son Dg actuels en matière de gouvernance.
En réalité, voulant absolument éclabousser Basile Atangana Kouna, la pernicieuse «plainte contre X» de M. Sollo vise directement un mort, M. Clément Obouh Fegue. Elle risque de constituer un coup d’épée dans l’eau, sa ligne d’attaque se basant sur des conclusions d’audits comptable et financier ayant facilité l’élaboration d’une feuille de route, avant la privatisation de la Snec, et qui ne pourraient donc pas constituer des preuves «accablantes» de crimes économiques.
C’est dire si la stratégie choisie par l’ancien pilleur de l’Onadef aura du mal à prospérer. D’abord parce que l’un des auditeurs pris à témoin, vient de dénoncer la mesquinerie qui consiste à se porter en victime en allant déterrer un travail – les audits financiers – pourtant commandé en son temps par Basile Atangana Kouna, en personne. De plus, le réquisitoire, ou, plutôt, l’appel au lynchage judiciaire porte sur des comptes clos au 30 juin 2000 et 2001 qui, selon des sources introduites, avaient été approuvés par le conseil d’administration de la Snec.
De même, apprend-on, l’harmonisation du plan comptable de la Snec a, à l’époque, permis l’assainissement des livres à travers le gommage des aspérités et des doublons qui ont abouti, à la grande satisfaction de tous, à commencer par le gouvernement et les partenaires au développement, à une présentation sincère des états financiers de l’entreprise. Cette tentative désespérée de diversion pourrait même se retourner contre son auteur qui, depuis quelques semaines est sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire camerounais. Aux abris !