Manipulation: Jeune Afrique nomme Franck Biya Sénateur - Entre poisson d'avril et maraboutisme, les lecteurs se perdent

Yaoundé, 04 avril 2013
© Mamouda Labaran | La Météo

Le fils du Chef de l'Etat est devenu la cible privilégiée des apprentis sorciers. Entre poisson d'avril et maraboutisme, l'on se perd.

Manipulation: Franck Biya victime du délit de patronyme


Franck Biya
Photo: © L'Oeil du Sahel
Le dernier numéro de Jeune Afrique est revenu hanter le landernau politique camerounais, dans un registre des plus loufoques. On y apprend que le Président de la République pourrait nommer son fils, Franck Emmanuel Biya, au poste de sénateur parmi les 30 «sages», ainsi que le lui permet la loi. Et l'hebdomadaire basé à Paris est allé fouiller dans un passé récent, la campagne pour l'élection présidentielle du 9 octobre 2011, au cours de laquelle Franck Biya était, selon lui, régulièrement apparu aux côtés de son père pendant les meetings de campagne, lui qui jusque-là se consacrait à son métier d'homme d'affaires. Et voilà à quoi tient un «scoop»! Le journal de Béchir Ben Yahmed ne cite aucune source crédible connue, et se garde bien de faire parler l'intéressé ou toute personne proche.

En réalité, JA revient sur un terrain dont il est devenu familier: les poubelles du palais dans lesquelles pue constamment la manipulation. Et sur ce chapitre, Franck Biya, manifestement victime du délit de patronyme, semble devenu la proie toute désignée. Après avoir longtemps agité la menace de poursuites judiciaires contre le fils du Chef de l'Etat, que «plusieurs associations de Camerounais de l'étranger» accusent d'un éventuel enrichissement frauduleux (23 décembre 2012), après avoir élaboré «un scénario à la gabonaise», où Ali Bongo a succédé à son père (14 octobre 2011), etc.; nous voici de nouveau en plein vaudou.

La recherche effrénée du sensationnel, ajoutée aux manœuvres de lobbies tapis dans l'ombre, fait perdre toute notion de précaution à une publication pourtant respectée. Autrement, on ne comprendrait pas les motivations de ces écrits qui ramènent à la surface le visage hideux des spécialistes de la haine gratuite contre la famille présidentielle. A supposer même, comme le laisse deviner JA, que Franck Biya soit porté au Sénat par la force du décret présidentiel, il est difficile de saisir la pertinence du sujet. Tout comme il est scandaleux de vouloir faire croire, à travers une information tirée par les cheveux, que le fait de se nommer Biya vous exclut de toute participation active à la vie de la cité.

Jusqu'à preuve du contraire en effet, Franck Emmanuel Biya est un citoyen camerounais jouissant de ses droits civiques. De ce fait, il peut et a parfaitement le droit d'afficher des ambitions légitimes, y compris celles d'entrer au Sénat sans que cela constitue un scandale ou une affaire d'Etat. Homme discret, il aurait, comme certains dans d'autres pays, choisi d'en mettre plein la vue à ses concitoyens à travers un étalage de richesses que lui confère son envieux statut. Il a toujours préféré l'ombre. Et même lors de la campagne électorale sus-évoquée, Franck Biya s'est contenté de quelques apparitions épisodiques sans pour autant chercher à influencer la marche des choses. Plus simplement, il va falloir que les oiseaux de mauvais augure cessent d'agiter le spectre de la monarchie au Cameroun à travers Franck Biya. Etre le fils du Président de la République ne doit pas constituer un péché, ou un handicap. Encore moins la cible privilégiée des apprentis sorciers.



05/04/2013
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