Le ministre du Commerce, sans la moindre preuve, fait l’objet de dénonciations calomnieuses avec la mise à contribution d’une certaine presse.
Le savoureux titre barre la Une du journal Paroles : «Complicité, financement de l’opposition : le rapport qui accable le Mincommerce». Dans le sous-titre, Luc Magloire Mbarga Atangana est accusé, «dans une note confidentielle», par un «cadre» du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir), un certain Josué Pamansie, qui apprend-on, est le vice-président de la commission communale du Rdpc à Foumbot et membre statutaire de l’Agence des cafés robusta d’Afrique et de Madagascar (Acram). L’homme relate comment le ministre du Commerce «a mis à la disposition de l’honorable Patricia Ndam Njoya, l’épouse du président de l’Udc, un fonds de 2 milliards Fcfa, par l’entremise du secrétaire exécutif du Cicc [Conseil interprofessionnel du cacao et du café]».
Rendu à la page qui promet le «scoop du siècle», le lecteur ne peut que tomber des nues face à ce qui s’apparente à une grossière tentative de manipulation de l’opinion. Il est, pêle-mêle, fait état de «manigances» du Mincommerce visant à intégrer au sein de l’Acram «certains membres qui n’avaient au préalable rien à voir» avec cette organisation. Les faits remonteraient à la 2è assemblée générale de l’Organisation interafricaine du café (Oiac), tenue les 30 et 31 janvier 2013 à Libreville au Gabon.
Nulle part, sur une pleine page, on ne voit où, quand, comment et avec qui M. Mbarga Atangana aurait eu des rapports incestueux avec l’exécutif de l’Union démocratique du Cameroun. Nulle part, il ne ressort la moindre distraction de fonds, à hauteur de 2 milliards de francs, que le Mincommerce aurait affectés à la députée Patricia Ndam Njoya et à son époux et leader du parti, Adamou Ndam Njoya. Tout juste, dans un paragraphe du fameux «rapport qui accable», peut-on lire que l’auteur souhaite que le président Biya demande «des explications au ministre du Commerce sur le rôle joué par le secrétaire exécutif du Cicc dans l’organisation et le déroulement de la 2ème assemblée générale de l’Acram tenue les 30 et 31 janvier 2013 à Libreville ; Gabon».
Véritable tissu d’approximations, ces écrits sont assortis d’un appel du pied, comme savent en faire les maîtres chanteurs. On promet, pour «prochainement», d’autres «révélations» qui laissent clairement percevoir une entreprise télécommandée de nuisance contre le membre du gouvernement.
Bon à savoir. Cette observation se fonde sur des réalités légales et règlementaires, liées à l’organisation des regroupements professionnelles au Cameroun. En effet, l’ordonnance n°91/007 du 12 juin 1991, portant restructuration des filières cacao-café, indique clairement que le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (Cicc) est constitué d’associations de type privé, conformément à la loi sur les associations de droit privé. Cette disposition est renforcée par la loi 2004/029 du 30 décembre 2004, qui précise que le Cicc, dénommé «l’interprofession», s’organise sous forme de fédération d’associations conformément à la législation sur la liberté d’associations. Il comprend ainsi 4 collèges que sont les organisations des producteurs, les organisations d’usiniers, les organisations de commerçants et les organisations des transporteurs.
Comme on peut le constater, nulle part, il n’est prévu la moindre interférence ou intervention des pouvoirs publics dans le fonctionnement de cet organisme, à plus forte raison du département du Commerce. Comment, dès lors, Luc Magloire Mbarga Atangana a-t-il pu se retrouver dans le rôle du manager d’une association indépendante, au point d’y coopter des gens et, plus grave, d’octroyer des milliards à «l’opposition avec qui (sic) il a pactisé» ?
Ce type d’entreprise malfaisante, comme on en voit de plus en plus dans les médias camerounais, commande une bonne dose de discernement de la part de nos concitoyens. Une chose est déjà certaine : l’œuvre de Luc Magloire Mbarga Atangana à la tête du Mincommerce, mais également au sein du Rdpc, ne lui procure pas que des amis. Mais dans le cas présent, la ficelle est trop grosse et la tentative de lapidation vouée à l’échec.