Manifestations publiques: 17 marins enfermés à la police judiciaire de Douala
DOUALA - 24 OCT. 2012
© Etame Kouoh | Le Messager
L’administrateur du groupement professionnel des marins marchands du Cameroun et seize inspecteurs sont accusés de tentative de trouble à l’ordre public et usurpation de titre.
© Etame Kouoh | Le Messager
L’administrateur du groupement professionnel des marins marchands du Cameroun et seize inspecteurs sont accusés de tentative de trouble à l’ordre public et usurpation de titre.
Comme de vulgaires bandits de grand
chemin, dix-sept marins marchands membres du Groupement professionnel
des marins marchands du Cameroun (Gp2mc) ont été arrêtés, violentés au
port autonome de Douala (Pad) et conduits manu militari dans les locaux
de la division régionale de la police judiciaire pour le Littoral, où
ils sont enfermés depuis lundi 22 octobre 2012. Que reproche-t-on à ces
marins marchands ?
Du fond de sa cellule, Albert Simon Mienlam, administrateur du Gp2mc témoigne. «Les inspecteurs du Gp2mc étaient sur le point de finaliser la mission d’inspection et de reconnaissance sur les quais. Ils ont été interpelés par deux commissaires de police et le commandant de brigade du port. Ils ont été entendus sur place. La police a fait appel à moi lorsqu’on les conduisait à la police judiciaire. C’est à ce niveau que mon destin a été lié au collectif car en tant que leader, je ne pouvais pas les laisser seuls dans cette épreuve». Reprenant son souffle en essuyant les yeux endoloris après une nuit passée à la belle étoile, il poursuit. «Nous sommes accusés à tort de tentative de déstabilisation de la paix sociale et d’usurpation de titre. Ce qui est faux dans les deux sens car nos positions sont claires depuis le début. Nous voulons prendre possession des navires pour y assurer l’entretien conformément au code Isps. Nous sommes en possession des documents qui montrent que nous sommes dans notre bon droit. Nous voulons seulement que le marin soit pris en compte dans ce secteur qui est le sien. Nous ne voulons en aucun cas perturber la paix sociale. Nous sommes des marins marchands professionnels et non des usurpateurs comme ces policiers, gendarmes et vigiles qui écument les navires sans aucune connaissance des droits et devoirs du marin». A la police judiciaire du Littoral, un inspecteur 2è grade parle de formule de routine. «Pour besoin d’enquête, nous avons décidé de les garder un peu plus pour voir clair dans cette affaire qui prend de l’importance. Il faut que leurs motivations profondes qui ne sont pas seulement celles énoncées dans les journaux soient tirées au clair. Nous avons des informations selon lesquelles des hommes politiques en mal de notoriété ont instrumentalisé ces marins afin qu’ils viennent saper tous les efforts déployés par notre hiérarchie. Il revient au ministre des Transports et au directeur général du port de prendre des mesures pour que ces marins se trouvent en situation régulière. Tant que cette formalité n’est pas remplie, nous allons les considérer comme des hors la loi». En attendant la réaction du directeur général du Pad dont on dit informé des tribulations que connaissent les marins marchands, ces derniers sont toujours sous haute surveillance à la police judiciaire. «Même comme nos leaders sont en prison, nous allons manifester samedi prochain si rien n’est fait en faveur de notre état», dit M. Yombi, responsable technique du Gp2mc. Etame Kouoh Focal: Visite sous caution des détenus «Si vous voulez voir un détenu, il faut venir avec quelque chose à manger ou à boire sinon vous n’entrez pas». C’est par cette formule que les agents de police répondent aux usagers venus rendre visite à leurs proches internés dans cette unité spécialisée de la police. Approché, un officier de police 2è grade vole au secours de son agent en confirmant cette loi non écrite en vigueur aussi bien à la police judicaire que dans d’autres commissariats et brigades. «Nous n’avons pas de budget pour s’occuper de l’alimentation des détenus. C’est pourquoi il est demandé à tout visiteur de venir avec de la nourriture qui permettra au prévenu de tenir avant sa libération ou son transfert à New-Bell ou ailleurs. Non seulement ces visites sont bénéfiques pour les prévenus mais elles permettent également de suivre ces derniers». E. K. |
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