Manifestations à Soa: Les explications d'un prévenu

DOUALA - 05 JUILLET 2012
© Nadège Christelle BOWA | Le Messager

Denis Atangana est à l'origine de la manifestation réprimée des étudiants de l'Université de Yaoundé 2- Soa.

Volontaire! Ainsi pourrait-on qualifier l'étudiant Denis Atangana. Inscrit en Sciences politiques (niveau 2) à l'Université de Yaoundé II-Soa, il fait partie des quatre étudiants (Nzouabet Hervé, Tchaleu Ndemanga Barthélémy, Njouonkou Soulemanou) poursuivis devant le tribunal de première instance de Mfou pour avoir participé le 29 juin 2012 à l'organisation d'une manifestation sans avoir fait la déclaration préalable. Mieux, il est, pourrait-on dire, celui par qui le procès est arrivé. Et il en est fier en dépit de la «torture morale» subie et à venir (?)

En fin du mois de juin 2012, le jeune homme ne supporte pas d'entendre que le recteur de l'Université qu'il fréquente soit cité dans une affaire de détournement de deniers publics. A la tête du collectif baptisé «sauvons l'Université de Yaoundé II-Soa» dont il est le porte-parole, il organise une «manifestation qui n'aura lieu qu'uniquement au sein du campus pour ce vendredi 30 juin 2012», peut-on lire dans l'appel destiné aux étudiants.
Bien avant la rencontre, le jeune est cueilli par les forces de l'ordre. «Je partais de ma chambre située en face de l'Université pour effectuer un transfert téléphonique». Il est conduit sous la commande de l'officier Akono, le chef de poste de la sécurité publique de Soa, au groupement mobile d'intervention (Gmi). «J'y ai été torturé moralement parce qu'il disait qu'un ministre était derrière notre action. Ce qui n'est pas vrai», fulmine-t-il avant de préciser. «Pour nous, l'Université est un acquis. Notre devoir est de la protéger. Nous ne saurons être indifférents lorsque nos responsables sont cités dans des affaires de détournement de deniers publics. Cela ne nous honore pas. Voila qui justifie notre action». La jeunesse pense-t-il «doit comprendre que le courage, c'est quelque chose». Et de poursuivre s'adressant à ses camarades: «il ne sert à rien de faire des études de droit, de sciences politiques ou de gestion, si on ne peut pas en user pour défendre nos propres droits».

Voilà qui vaut à ce Camerounais né le 8 janvier 1988 d'être poursuivi par l'Etat du Cameroun dans un procès que ses conseils qualifient de «procès du ridicule». Malgré tout confie-t-il, «je suis serein, je sais que les motifs sont vides. Il semble fondé sur le plan de la forme mais dans le fond, le dossier est vide». En outre, Denis et ses compagnons font confiance à leurs avocats.

Interrogé, sur les conditions de détention lors de son interpellation, (il comparaît libre): «c'est horrible», lance-il. «Il n'y avait pas de toilettes. On se couche à même le sol ou sur des cartons. Nous avons dormi sur les pancartes en carton prévues pour la manifestation». Du haut de son 1m60 ou plus, il est déterminé, en dépit des menaces de l'officier suscité. «Il m'a clairement dit que j'étais fiché». Et que dans sa ville désormais, je devais marcher avec prudence».


05/07/2012
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