Malversations: Des enquêtes sèment la panique aux impôts
Le receveur principal des impôts du Littoral I a travaillé pour la dernière fois dans son bureau le 5 mai. Ce jour-là, M. Bomba Effa reçoit une demande d'explications d'une mission de contrôle de l'inspection générale des services de la direction générale du Trésor, à pied d'œuvre dans ce poste comptable depuis près d'un mois et demi. Dès le lendemain, il n'est plus visible ni joignable sur son téléphone portable. C'est son épouse qui viendra remettre les clés du véhicule de fonction affecté à son usage à ses collaborateurs, expliquant que son mari est porté disparu. Selon les informations de Repères, M. Bomba Effa aurait quitté le Cameroun dimanche 9 mai.
Une fois son évanouissement confirmé, l'on s'est résolu, en présence d'un huissier et du directeur du Trésor, à éventrer son bureau ainsi que le caveau de la recette principale. Le premier constat révèle qu'il a emporté à peu près 50 millions en espèces sonnantes et trébuchantes. Auparavant, la mission de contrôle de la direction générale du Trésor a, selon des estimations sommaires, relevé un trou de caisse de deux à trois milliards de FCFA.
Des sources croient savoir qu'on aurait pu limiter le déficit de ce poste comptable du Trésor, les frasques de M. Bomba Effa ayant été depuis longtemps portées à la connaissance de la hiérarchie. La trajectoire parsemée de points noirs de cet inspecteur du Trésor n'aurait jamais, de l'avis de certains fonctionnaires de l'administration fiscale, dû le conduire à sa nomination en 2007 comme receveur principal des impôts du Littoral I, le plus important poste de recettes fiscales du Cameroun. Ils rappellent volontiers que quelques années plus tôt, M. Bomba Effa a été mis en débet à Mamfé pour près de 40 millions de FCFA.
Son nom a également été régulièrement cité dans le scandale du réseau parallèle des machines à affranchir qui agite la direction générale des Impôts en ce moment, et qui devrait conduire à une nouvelle audition de certains fonctionnaires de l'administration fiscale à la sous-direction des enquêtes économiques et financières de la police judiciaire. Repères a appris qu'il devait dans le cadre de cette affaire, qui a fait perdre plusieurs milliards à l'Etat, recevoir une mission de contrôle interne chargé de réaliser un audit de la gestion des timbres fiscaux.
Dans le même temps, de fortes rumeurs annonçaient la fuite du sous-directeur du timbre qui a dans un premier temps été prié de ne pas sortir du pays avant la fin du contrôle dans son caveau. Vérification faite, il s'avère finalement qu'il effectue présentement une mission en France avec Mercury, le partenaire de la direction générale des impôts chargé de l'acquisition et de l'entretien des machines à timbrer, pour la maîtrise du fonctionnement des machines de seconde génération acquises en 2009 par le Cameroun pour limiter la fraude fiscale.