MALI: L’armée se retourne contre son chef
MALI: L’armée se retourne contre son chef
L’armée malienne est dans une phase de décomposition très avancée. En se mutinant et en investissant le siège de l’ORTM (Office de radiotélévision du Mali), les militaires manifestent de façon brutale et bruyante leur ras-le-bol. Excédés par le manque de moyens qui a entraîné leurs défaites successives face à la rébellion touarègue, ils ont décidé de réagir. Mais ce n’est certainement pas la meilleure des formes d’expression que ces militaires mutins ont choisie.
Car, on sait où commence ce genre d’action, mais on ignore jusqu’où elle peut aller. Par ailleurs, cette mutinerie, qui en rappelle d’autres survenues dans la sous-région, notamment au Burkina, si elle traduit un réel malaise au sein des armées, n’en constitue pas moins une grave atteinte à la paix, à la sécurité et à la démocratie. Voilà pourquoi il ne faut jamais franchir ce pas dangereux des mutineries. Si le président Amadou Toumani Touré (ATT) arrive à éteindre ce feu, il lui faut sans doute prendre des mesures décisives urgentes pour corriger la situation.
En tant que chef des armées, c’est son autorité qui est remise en cause. Il ne peut la restaurer qu’en offrant aux soldats les moyens de défendre convenablement le territoire. Cela s’entend par la mise à disposition d’une logistique appropriée. Mais ce n’est pas tout. Le fonctionnement de l’armée est sans doute aussi à la base de cette démotivation et finalement de ce soulèvement.
Comme dans d’autres pays africains, la Grande muette malienne n’échappe pas à la corruption, aux détournements, aux prébendes et autres maux de nature à saper le moral de la troupe. Un autre problème non moins important, celui rapporté par le journal algérien El Watan, selon lequel le Mali aurait levé des milices pour combattre les Touaregs. Si cette information se confirmait, elle pourrait traduire l’existence d’une armée parallèle, qui ne serait pas forcément du goût de l’armée régulière. En tous les cas, elle prouverait les difficultés de l’armée malienne sur le terrain. Autant donc de problèmes qu’il faudra mettre sur la table des discussions que le président ATT ne manquera sans doute pas d’engager avec ses généraux et peut-être des représentants des mutins.