MALI: Cheikh Modibo Diarra s'en va - Le voyage éclair d'un astrophysicien
Yaoundé, 12 Décembre 2012
© BORIS BERTOLT | Correspondance
© BORIS BERTOLT | Correspondance
L'ancien
premier ministre a démissionné hier, après avoir été arrêté lundi soir
à Bamako par des militaires sous les ordres du capitaine Sanogo.
Le Mali, est-il définitivement entré
dans une période chaos? De nombreux observateurs n'hésiteraient pas à
répondre par l'affirmative après la démission du premier ministre,
Cheikh Modibo Diarra et celle de son gouvernement hier matin à Bamako. «
Moi Cheik Modibo Diarra, je démissionne avec mon gouvernement», a
déclaré Diarra lors d'une brève allocution à l'Office de
radio-télévision du Mali (Ortm) sans donner d'explication à sa décision.
L'air grave et les traits tirés, l'ancien premier-ministre, vêtu d'un
costume et d'une cravate sombres, a simplement remercié ses
collaborateurs et souhaite que «la nouvelle équipe» qui lui succédera
réussisse sa mission.
Son allocution est intervenue quelques heures après son arrestation à son domicile de Bamako par des militaires sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, ancien chef des putschistes qui avaient renversé le président Amadou Toumani Touré le 22 mars 2012, précipitant la chute du Nord aux mains des rebelles du Mali et des islamistes, Cheik Modibo Diana avait prévu de partir lundi soir pour Paris afin d'y passer un contrôle médical, selon son entourage. Il s'apprêtait à se rendre à l'aéroport quand il a appris que ses bagages avaient été débarqués de l'avion qui devait l'emmener en France et il est resté à son domicile où il a été arrêté. «Le Premier ministre est en résidence surveillée. Il ne peut pas recevoir qui il veut, ou aller où il veut. Il y a des militaires à sa résidence et il n'est pas libre de ses mouvements», a indiqué à l'Afp un membre de la famille de Modibo Diarra.
La démission de Diana est survenue après le report de «concertations nationales» convoquées par son gouvernement de transition qui devaient se tenir pendant trois jours à partir de mardi. La concertation avait pour but de tenter d'établir une «feuille de route» pour les mois à venir entre tous les acteurs politiques, militaires, sociaux, organisations de la société civile- qui restent divisés face à la crise et la manière de tenter de la résoudre.
Après l'annonce de la démission du premier ministre, de nombreux maliens ont cru à un nouveau putsh. Mais les militaires ont très vite réagit. «Ce n'est pas un nouveau coup d'Etat», a affirmé sur France 24 M. Mariko, qui a reproché à Diana, arrêté dans la nuit par des militaires, de ne pas avoir agi en «homme de devoir» face à la crise au Mali mais en fonction d’ «un agenda personnel». «Le Premier ministre sera remplacé dans les heures qui viennent par le président de la République», a-t-il affirmé.
Les points de frictions ne manquaient pas entre le capitaine Sanogo et Cheikh Modibo Diana. Le plus important était l'intervention militaire au Nord du Mali. Diarra s'est prononcé à plusieurs reprises en faveur de l'intervention rapide d'une force militaire internationale dans le nord du Mali, intervention à laquelle est farouchement opposé le capitaine Sanogo. Or, ce nouveau coup de force des ex-putschistes survient alors que Bamako et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont demandé au Conseil de sécurité de l'Onu d'autoriser rapidement le déploiement d'une force internationale de 3300 hommes dans le nord du Mali.
L'Ue a mis lundi sur les rails sa mission de 400 militaires, dont 250 formateurs, qui devront dès le premier trimestre 2013 former, entraîner et réorganiser une armée malienne totalement démoralisée depuis sa débâcle dans le Nord face aux groupes armés.
Cheick Modibo Diarra: Le voyage éclair d'un astrophysicien
II aura passé à peine huit mois comme premier ministre.
Dans sa tombe, Cheikh Modibo Diarra aura certainement beaucoup de choses à raconter, tant la trajectoire de cet homme, qui il y a encore 48 heures était premier ministre du Mali est fort édifiante.
Cheick Modibo Diarra, né en 1952 à Nioro au Mali le fils d'un commis de l'administration coloniale. Dépossédé à son père très jeune, il alterne ses études à l'école et les travaux des champs. Plus jeune, il rate ses examens universitaires pour aller passer un week-end en amoureux à Rome.
Plus tard, toujours sur un coup de tête, il part aux États-Unis et se retrouve, d'abord à vendre des colliers africains sur Madison Avenue avant d'être accepté à l'université prestigieuse de Howard à Washington. Diplômé en ingénierie spatiale, il est recruté par la Nasa et devient «navigateur interplanétaire», comme il se décrit lui-même modestement dans un livre sorti en 2000. Pendant presque dix-huit ans, il a piloté des vaisseaux spatiaux vers Mars et Vénus. Une expérience qui lui a apporté une reconnaissance internationale.
Ce succès dans le domaine scientifique va le mettre sur les projecteurs et faire de lui un «digne fils de l'Afrique» qu'il s'attèlera à servir. Il organise en avril 2000 Forum mondial sur l'éducation à Dakar et le Forum sur l'Afrique au Siège de l'Unesco en novembre 2001, II sera «ambassadeur de bonne volonté» pour cette même organisation. Il a été le premier président de l'université virtuelle africaine basée au Kenya, qu'il a quitté en 2005 pour cofonder l'Université numérique francophone mondiale. Le 20 février 2006, Microsoft a annoncé la nomination de Cheick Modibo Diarra au poste de président de Microsoft Afrique.
Face à la crise qui secoue son pays, il décide de se lancer en politique. Le 6 mars 2011, Cheick Modibo Diarra présente à Bamako la formation politique qu'il vient de créer en vue de l'élection présidentielle de 2012, le Rassemblement pour le développement du Mali (Rpdm). Les observateurs politiques lui donnent alors peu de chance de remporter le scrutin. Mais le putsch mené par le capitaine Amadou Haya Sanogo peu avant l'élection change la donne politique.
Le 17 avril 2012, Cheick Modibo Diana est nommé Premier ministre du Mali afin de mener un gouvernement d'union nationale de transition, rétablir l'intégrité du territoire malien, sortir le Mali des troubles insurrectionnels dans le Nord du pays (1) et organiser des élections transparentes. Le 25 avril, il forme son gouvernement. En août 2012, il forme un nouveau gouvernement d'union nationale.
Le 10 décembre 2012 il est enlevé par des anciens putschistes et présente sa démission.
Réactions: La France condamne les «circonstances» de sa démission
La France préoccupée par la situation à Bamako a condamné mardi les «circonstances» de la démission du Premier Ministre malien.
«Nous condamnons les circonstances dans lesquelles le Premier ministre Cheick Modibo Diarra a été contraint de démissionner (…) L'ancienne junte doit cesser ses interventions dans les affaires politiques du pays», a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay Philippe Lalliot.
«Nous appelons chacun à la responsabilité dans I ’intérêt du Mali. Un nouveau gouvernement représentatif et qui recueille le plus large soutien au sein de la population malienne doit être rapidement formé par le président Traoré», a-t-il poursuivi. «Alors que la communauté internationale, la CEDEAO, l'Union Africaine, les Nations Unies, l'Union européenne sont mobilisées pour aider le Mali à recouvrer sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire, chacun, au Mali, doit se montrer à la hauteur des défis auxquels le pays est confronté», a encore déclaré M. Lalliot.
«Ces développements viennent souligner la nécessité du déploiement d’une force africaine de stabilisation», a-t-il ajouté. Le Mali a plongé dans une nouvelle crise après la démission forcée de M. Diarra sous la pression d'anciens officiers putschistes hostiles à toute intervention militaire étrangère pour chasser les islamistes armés qui occupent le nord du pays depuis huit mois. Cheick Modibo Diarra a annoncé sa démission et celle de son gouvernement après avoir été arrête dans la nuit sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de l’ex-junte qui avait renversé le président Amadou Toumani Touré en mars.
Le porte-parole de l'ex-junte militaire, Bakary Mariko, a démenti mardi matin tout nouveau «coup d’Etat» et assuré que le Premier ministre serait remplacé par le Président de la République Dioncounda Traore. Ce nouveau coup de force des putschistes survient alors que Bamako et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont demandé au Conseil de sécurité de l'Onu d'autoriser rapidement le déploiement d'une force internationale de 3.300 hommes afin de reconquérir le nord du Mali occupé par des islamistes armés.
source: mutations
Son allocution est intervenue quelques heures après son arrestation à son domicile de Bamako par des militaires sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, ancien chef des putschistes qui avaient renversé le président Amadou Toumani Touré le 22 mars 2012, précipitant la chute du Nord aux mains des rebelles du Mali et des islamistes, Cheik Modibo Diana avait prévu de partir lundi soir pour Paris afin d'y passer un contrôle médical, selon son entourage. Il s'apprêtait à se rendre à l'aéroport quand il a appris que ses bagages avaient été débarqués de l'avion qui devait l'emmener en France et il est resté à son domicile où il a été arrêté. «Le Premier ministre est en résidence surveillée. Il ne peut pas recevoir qui il veut, ou aller où il veut. Il y a des militaires à sa résidence et il n'est pas libre de ses mouvements», a indiqué à l'Afp un membre de la famille de Modibo Diarra.
La démission de Diana est survenue après le report de «concertations nationales» convoquées par son gouvernement de transition qui devaient se tenir pendant trois jours à partir de mardi. La concertation avait pour but de tenter d'établir une «feuille de route» pour les mois à venir entre tous les acteurs politiques, militaires, sociaux, organisations de la société civile- qui restent divisés face à la crise et la manière de tenter de la résoudre.
Après l'annonce de la démission du premier ministre, de nombreux maliens ont cru à un nouveau putsh. Mais les militaires ont très vite réagit. «Ce n'est pas un nouveau coup d'Etat», a affirmé sur France 24 M. Mariko, qui a reproché à Diana, arrêté dans la nuit par des militaires, de ne pas avoir agi en «homme de devoir» face à la crise au Mali mais en fonction d’ «un agenda personnel». «Le Premier ministre sera remplacé dans les heures qui viennent par le président de la République», a-t-il affirmé.
Les points de frictions ne manquaient pas entre le capitaine Sanogo et Cheikh Modibo Diana. Le plus important était l'intervention militaire au Nord du Mali. Diarra s'est prononcé à plusieurs reprises en faveur de l'intervention rapide d'une force militaire internationale dans le nord du Mali, intervention à laquelle est farouchement opposé le capitaine Sanogo. Or, ce nouveau coup de force des ex-putschistes survient alors que Bamako et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont demandé au Conseil de sécurité de l'Onu d'autoriser rapidement le déploiement d'une force internationale de 3300 hommes dans le nord du Mali.
L'Ue a mis lundi sur les rails sa mission de 400 militaires, dont 250 formateurs, qui devront dès le premier trimestre 2013 former, entraîner et réorganiser une armée malienne totalement démoralisée depuis sa débâcle dans le Nord face aux groupes armés.
Cheick Modibo Diarra: Le voyage éclair d'un astrophysicien
II aura passé à peine huit mois comme premier ministre.
Dans sa tombe, Cheikh Modibo Diarra aura certainement beaucoup de choses à raconter, tant la trajectoire de cet homme, qui il y a encore 48 heures était premier ministre du Mali est fort édifiante.
Cheick Modibo Diarra, né en 1952 à Nioro au Mali le fils d'un commis de l'administration coloniale. Dépossédé à son père très jeune, il alterne ses études à l'école et les travaux des champs. Plus jeune, il rate ses examens universitaires pour aller passer un week-end en amoureux à Rome.
Plus tard, toujours sur un coup de tête, il part aux États-Unis et se retrouve, d'abord à vendre des colliers africains sur Madison Avenue avant d'être accepté à l'université prestigieuse de Howard à Washington. Diplômé en ingénierie spatiale, il est recruté par la Nasa et devient «navigateur interplanétaire», comme il se décrit lui-même modestement dans un livre sorti en 2000. Pendant presque dix-huit ans, il a piloté des vaisseaux spatiaux vers Mars et Vénus. Une expérience qui lui a apporté une reconnaissance internationale.
Ce succès dans le domaine scientifique va le mettre sur les projecteurs et faire de lui un «digne fils de l'Afrique» qu'il s'attèlera à servir. Il organise en avril 2000 Forum mondial sur l'éducation à Dakar et le Forum sur l'Afrique au Siège de l'Unesco en novembre 2001, II sera «ambassadeur de bonne volonté» pour cette même organisation. Il a été le premier président de l'université virtuelle africaine basée au Kenya, qu'il a quitté en 2005 pour cofonder l'Université numérique francophone mondiale. Le 20 février 2006, Microsoft a annoncé la nomination de Cheick Modibo Diarra au poste de président de Microsoft Afrique.
Face à la crise qui secoue son pays, il décide de se lancer en politique. Le 6 mars 2011, Cheick Modibo Diarra présente à Bamako la formation politique qu'il vient de créer en vue de l'élection présidentielle de 2012, le Rassemblement pour le développement du Mali (Rpdm). Les observateurs politiques lui donnent alors peu de chance de remporter le scrutin. Mais le putsch mené par le capitaine Amadou Haya Sanogo peu avant l'élection change la donne politique.
Le 17 avril 2012, Cheick Modibo Diana est nommé Premier ministre du Mali afin de mener un gouvernement d'union nationale de transition, rétablir l'intégrité du territoire malien, sortir le Mali des troubles insurrectionnels dans le Nord du pays (1) et organiser des élections transparentes. Le 25 avril, il forme son gouvernement. En août 2012, il forme un nouveau gouvernement d'union nationale.
Le 10 décembre 2012 il est enlevé par des anciens putschistes et présente sa démission.
Réactions: La France condamne les «circonstances» de sa démission
La France préoccupée par la situation à Bamako a condamné mardi les «circonstances» de la démission du Premier Ministre malien.
«Nous condamnons les circonstances dans lesquelles le Premier ministre Cheick Modibo Diarra a été contraint de démissionner (…) L'ancienne junte doit cesser ses interventions dans les affaires politiques du pays», a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay Philippe Lalliot.
«Nous appelons chacun à la responsabilité dans I ’intérêt du Mali. Un nouveau gouvernement représentatif et qui recueille le plus large soutien au sein de la population malienne doit être rapidement formé par le président Traoré», a-t-il poursuivi. «Alors que la communauté internationale, la CEDEAO, l'Union Africaine, les Nations Unies, l'Union européenne sont mobilisées pour aider le Mali à recouvrer sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire, chacun, au Mali, doit se montrer à la hauteur des défis auxquels le pays est confronté», a encore déclaré M. Lalliot.
«Ces développements viennent souligner la nécessité du déploiement d’une force africaine de stabilisation», a-t-il ajouté. Le Mali a plongé dans une nouvelle crise après la démission forcée de M. Diarra sous la pression d'anciens officiers putschistes hostiles à toute intervention militaire étrangère pour chasser les islamistes armés qui occupent le nord du pays depuis huit mois. Cheick Modibo Diarra a annoncé sa démission et celle de son gouvernement après avoir été arrête dans la nuit sur ordre du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de l’ex-junte qui avait renversé le président Amadou Toumani Touré en mars.
Le porte-parole de l'ex-junte militaire, Bakary Mariko, a démenti mardi matin tout nouveau «coup d’Etat» et assuré que le Premier ministre serait remplacé par le Président de la République Dioncounda Traore. Ce nouveau coup de force des putschistes survient alors que Bamako et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont demandé au Conseil de sécurité de l'Onu d'autoriser rapidement le déploiement d'une force internationale de 3.300 hommes afin de reconquérir le nord du Mali occupé par des islamistes armés.
source: mutations