En recevant les voeux lundi, le chef d'état-major des armées a vertement critiqué la démarche de certains militaires.
Après le décret de Paul Biya du 25 janvier dernier portant nominations de nouveaux hommes à la tête de certaines unités de l’armée camerounaise, l’on n’aurait pu penser que la tension est retombée au sein des forces armées camerounaises. Que non ! L’état-major de l’armée semble n’avoir pas encore digéré les récentes crises qui ont traversé notamment la garde présidentielle et a tenu à le faire savoir à la troupe. C’est le général René Claude Meka, chef d’état-major des armées (Cema) qui s’en est chargé lundi dernier en recevant les v?ux de nouvel an de ses collaborateurs, officiers et hommes de troupe.
René Claude Meka a commencé par un mea-culpa. Il a notamment souligné que «les militaires ont des droits. Il peut malheureusement arriver que certains chefs ne le leur servent pas. C’est inadmissible». Intervenant avant le Général René Claude Meka, le chef d’état-major de l’armée de terre, le Général Baba Souley, s’exprimant au nom des personnels civils et militaires s’est lui aussi insurgé contre «l’utilisation des tracts et des lettres anonymes» dans les médias et les réseaux sociaux.
En s’exprimant ainsi, le haut commandement cherche certainement à apaiser définitivement la colère des éléments de la garde présidentielle qui se sont plaints à plusieurs reprises de n’avoir pas perçu leurs primes et de subir des traitements inhumains. La colère de ce corps d’élite de l’armée a atteint son paroxysme le 23 décembre 2012 lorsque le caporal Abena Meba, 25 ans, a tiré sur le cortège du chef de l’Etat au niveau d’Elig-Edzoa, alors que Paul Biya venait d’assister à la finale de la coupe de Cameroun.
Mais quelques jours avant lui, Nouté Léonin, lui également en service à la garde présidentielle a envoyé un short message service à sa hiérarchie, menaçant de tirer sur le cortège du chef de l’Etat lors de son retour de Malabo.
Internet
Nos sources indiquent qu’il a été repéré à partir de son téléphone, après qu’il ait tenté de jeter la puce de son appareil. Des sources concordantes nous ont confié que Nouté Léonin et Abena Meba sont actuellement détenus dans «de très bonnes conditions» dans les cellules du secrétariat d’Etat à la défense (Sed). Ils ont auparavant effectué un passage dans les cellules de la Direction générale de la Recherche extérieure (Dgre) pour «exploitation». Nos sources précisent qu’ils ont affirmé avoir agi «seul dans l’intérêt de la troupe». Nous avons par ailleurs appris que de nombreux débats ont opposé des officiers supérieurs de l’armée sur le sort qui devait leur être réservé.
Certains officiers de l’armée parlent «d’embourgeoisement» de l’ancien Com Gp. Malgré cette situation, le chef d’état-major des armées s’est voulu ferme. Il a rappelé aux militaires, s’agissant du non paiement des primes qu’il y a des voies pour contester. «Si vos droits ne sont pas respectés, la hiérarchie militaire est là pour vous les faire servir. A quoi sert-il d’aller s’exhiber dans les médias et sur internet ? Il faut rester dans la ligne des règlements militaires».
Malgré cette mise en garde du chef d’état-major des armées, un officier supérieur nous confiait encore mardi dernier qu’ «il y a encore beaucoup de panique à la garde présidentielle».