Magouilles politiques au sommet: Comment Paul Biya veut enrichir ses amis au Rdpc

Douala, 09 Juillet 2013
© BENJAMIN ZEBAZE | Ouest Littoral

Lors des primaires au sein du Rdpc, des voyous et des voleurs de toute sorte distribuent au petit peuple, quelques victuailles et de la petite monnaie. Certains militants améliorent, l'espace de quelques jours leur ordinaire. Paul Biya a brisé ce cycle en réservant tout cet argent plus ou moins bien acquis à une élite corrompue jusqu'à la moelle. Qu'attendre d'un mal élu (Biya) et d'un jamais élu (Nkueté)?

Dès son arrivée au pouvoir le 06 novembre 1982, Paul Biya fait bonne impression à de nombreux camerounais dont nous sommes. On a alors entendu des mots qui jusque-là apparaissaient inconnus dans le micro-cosme politique camerounais. Rigueur, moralisation, démocratie.., sont alors les mamelles du «Renouveau » incarnée par le fils de Mvondo.

On se dit alors que le Cameroun est sur la bonne voie après tant d'années de chape de plomb pesant sur le pays, du fait d'un régime de fer incarné par Ahmadou Ahidjo. On frôle l'extase lorsque Paul Biya annonce quelques mois après son arrivée, la fin des investitures au sein du parti au pouvoir pour le système de primaires au sein même d'un parti unique.

Toute la faillite du régime matérialisée par la fin du système des primaires au sein du Rdpc.

La mise en place de ces primaires avait eu des conséquences dramatiques pour certains pontes du Régime qui s'étaient fait battre sur le terrain par des gens qui n'auraient jamais pu passer par le filtre des investitures. Le cas de Jean Teinkala est le plus édifiant. Au sommet de sa puissance à l'arrivée de Paul Biya au pouvoir à l'Ouest où il se faisait appeler «/e tout puissant» parce qu'occupant les postes de Président de la Caplame, Président de l'Uccao, Député, Président de la section Unc de la Menoua, Membre du Bureau politique de l'Unc... Il s'est fait éjecter de la scène au cours de cette première pri¬maire après une bataille épique.

Trente années environ plus tard, le Président Biya, Président national du «grand parti national» le Rdpc revient sans crier gare en arrière en imposant à ce qui reste à ses supporters l'inique système des investitures.

On dirait que l'âge avançant, l'homme de Mvomeka opte autant que faire se peut, pour un système dominé par l'arbitraire. Dans les concours d'entrée à la fonction publique, les résultats sont biaisés par des considérations politiques qui n'ont rien à voir avec le mérite indispensable à la formation des élites de demain. Le choix des sénateurs, des députés, de tous les hauts dirigeants de ce pays sont soumis au même arbitraire.

Pourquoi le Rdpc a réellement rejeté le système des primaires?

Dans toute décision de Paul Biya, il faut essayer de voir ce qui se cache derrière. Il est de notoriété publique que le Président national du Rdpc ne brille pas par son ardeur au travail. Les décisions qu'il prend sont très souvent intimement liées aux visions de ceux qui l'entourent à ce moment-là.

Lorsqu'il accepte la mise en place du Conseil Constitutionnel, de l'article 66 de la Constitution... c'est parce qu'il a autour de lui, de brillants juristes qui malgré de nombreux actes de flagorneries, veulent quand même doter leur pays d'un encadrement juridique moderne. Si toutes ces institutions ne sont pas mises en place depuis, c'est parce que depuis lors, de véritables cancres sont venus expliquer au Chef de l'Etat, les dangers de telles institutions dont l'indépendance est garantie par les textes.

On n'a qu'à voir le profil du principal collaborateur du Chef de l'Etat au Rdpc aujourd'hui, pour comprendre le pourquoi d'un tel revirement. C'est depuis que Jean Nkueté est aux affaires, que lors des sénatoriales et aujourd'hui des législatives et municipales, les primaires sont renvoyées aux calendres grecques. Qui peut contester ces faits? Ceux qui le connaissent bien ne peuvent être surpris dans la mesure où, on ne peut attendre mieux de quelqu'un qui n'a jamais été élu nulle part et à qui on confie le choix des candidats. Quelqu'un qui ne pourrait être élu dans sa Menoua natale même s'il était le seul candidat se voit accorder le pouvoir en avant dernier ressort de dire qui est le bon candidat ou pas.

Ne voyant en la politique que petits arrangements, petits règlement de compte, il a fait perdre au Rdpc 7 postes de sénateurs lors des dernières élections pour avoir voulu à tout prix mettre sur la liste une inconnue politique dans la Menoua répondant au nom de Mme Akwalefo, juste par pure jalousie contre la classe politique locale qui mouille le maillot sur le terrain tous les jours.

Un système pour favoriser la même caste dont d'imminents membres se trouvent aujourd'hui en prison.

Les primaires ont, entre autres vertus, celles de permettre à tous les voyous, brigands, voleurs encartés au Rdpc de descendre sur le terrain. Avec l'argent soustrait des caisses de l'Etat, ils achètent la conscience des électeurs en distribuant victuailles et petites monnaies au petit peuple qui en l'espace d'une campagne, peut au moins améliorer son ordinaire.

En choisissant le système des investitures, l'argent volé continuera à circuler sauf que cette fois ci, il passera des poches des voleurs aux poches d'autres voleurs au nez et à la barbe du pauvre peuple, à qui on demandera par la suite de se rendre massivement aux urnes afin de voter pour des gens qui ne représentent rien, choisi par des gens qui ont du mal à se représenter eux-mêmes. Toute la poli¬tique du «Renouveau» est résumée par cette séquence. Tout pour les riches et rien pour les pauvres.

Tout cela va entrainer des scènes ubuesques sur le terrain. Imagine-les Fotso Victor, Siantou Wantou, Seme Noungon, Sohaing André... s'agglutinant devant la chambre d'hôtel de Mohamadou Fadil Bayero, tôt le matin pour négocier les places! Quelle humiliation pour le Professeur Gérard Pougoué et ses admirateurs, lui qui sera obligé de prendre des ordres de ce même Bayero!

Cette façon de faire ne passe cependant plus auprès des jeunes du Rdpc qui sont pressés d'en découdre. Le weekend dernier, les opportunistes Atéba Eyene et Pius Ottou s'en sont donnés à cœur joie dans les médias audio visuels. Ce dernier a attaqué le pouvoir dans tous les sens avec des termes que ne renierait aucun opposant primaire. Selon lui, depuis le départ de René Sadi, les délégations du Comité Central sur le terrain sont pléthoriques et inefficaces; il voudrait traiter Jean Nkueté d'incompétent qu'il ne s'y prendrait pas autrement.

«J'ai bien peur que le disque soit rayé» a-t-il continué parlant de la future campagne du Rdpc avant de conclure que «les tâtonnements caractérisent les actions des membres du gouvernement camerounais».

Des jours sombres attendent le parti au pouvoir dirigé par des méthodes du début du siècle dernier. Pas sûr que ce qui arrive ne soit que les derniers balbutiements d'un pouvoir dans un coma avancé.


09/07/2013
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