A quelques exceptions près, notamment dans les circonscriptions électorales du Mayo-Banyo, du Mayo-Rey et la circonscription spéciale du Diamaré-Nord, où à chaque fois une seule liste a été enregistrée, c’est à une véritable foire d’empoignes que l’on a eu droit ailleurs. Cette situation est essentiellement la résultante du mécanisme mis en place par le parti au pouvoir dans son processus de désignation de ses candidats pour les élections législatives du 30 septembre prochain. En optant pour les investitures, la voie a semblé être ouverte à tous ceux qui, par le passé, pour toutes sortes de raisons, redoutaient les primaires. Il a aussi permis à des plaisantins d’animer la galerie jusqu’aux portes des commissions départementales et parfois même au-delà. D’où le nombre incroyablement élevé des listes enregistrées par les instances du Rdpc, reflet tangible selon des responsables de ce parti, du dynamisme de leur formation politique.
Ce mécanisme d’investiture a donc mis en relief d’étonnantes contestations de l’autorité politique établie, comme en témoignent les quatre listes de départ dans le département du Mayo-Sava, circonscription électorale de Cavaye Yeguié Djibril, président sortant de l’Assemblée nationale. Si au finish, la commission régionale de l’Extrême-Nord a retenu celles conduites par Cavaye Yeguié et Abba Malla Boukar, il n’en demeure pas moins que le lamido de Mada a été incapable d’imposer un consensus autour de sa personne. «Le lion a perdu ses dents», a indiqué ainsi un des adversaires du président de l’Assemblée nationale. Dans le Mayo-Louti, Todou Leonel, comme bien d’autres militants qui goûtent aux joies de la by Savings Wave">retraite, a contesté avec véhémence le leadership politique de Harouna Nyako, député sortant et président de section.
L’ancien directeur des Affaires générales au secrétariat général de la présidence de la République a rejeté tout compromis qui ne lui garantissait pas la conduite de la liste départementale. «Il a refusé le consensus au motif qu’il est déjà en retraite. Moi, ma maison a été brûlée pendant les heures chaudes et quand les élections seront terminées, c’est à moi que ce beau monde va abandonner le parti», s’indigne Harouna Nyako pour justifier son refus de lui céder la tête d’une liste consensuelle. Les deux camarades sont donc restés arcbouter sur leurs positions en attendant la décision de la commission nationale d’investiture de leur parti.
CHASSE À LA COLISTIÈRE
Dans certains départements, à l’instar de la Bénoué qui compte deux circonscriptions spéciales de deux députés chacune, consigne a été donnée que seule les listes avec des titulaires à parité égale homme-femme soient acceptées. Cette décision a eu un double effet. Primo : des listes ficelées depuis belle lurette ont volé en éclats car pour la plupart, elles n’étaient composées que d’hommes. Des partenaires politiques de longues dates ont donc été contraints de se séparer et de faire cavalier seul, en quête de la précieuse colistière oh combien rare.
Toutes les commissions départementales n’ont pas fait preuve de la même intransigeance comme dans la Bénoué. Dans la circonscription électorale du Mayo Kani-Nord où deux sièges sont compétition, les deux listes enregistrées sont toutes composées d’hommes. «Nous sommes tous pour la promotion du genre, mais nous devons être prudents. Une liste doit d’abord être composée de militants et de militantes valables, qui ont des arguments pour aller parler aux électeurs. Je crains que nous ne payons cela lors des élections», regrette un candidat à la députation dans le Logone et Chari.
Comme en pareille circonstance, de nombreux coups tordus ont été enregistrés, tous ayant pour objectif d’obtenir le rejet de la liste d’un concurrent ou le noyautage de la liste la plus en vue. Dans des circonscriptions à plusieurs arrondissements, de nombreux prétendants ont été incapables de confectionner une liste faute de trouver des colistiers dans les autres circonscriptions administratives autres que la leur. Des dossiers ont disparu à minuit quand des colistiers, sous la pression des espèces sonnantes et trébuchantes ne font pas défection à la dernière minute. De nombreux cas de corruption des membres des commissions Rdpc ont aussi été signalés, faussant le jeu. D’où de nombreuses contestations enregistrées ici et là. Un recours est-il possible ? En théorie oui, le contentieux ayant été confié à Grégoire Owona, secrétaire général adjoint du comité central.