Ainsi donc, les sanctions infligées jusqu’ici à ceux - candidats et enseignants - qui avaient pris des libertés par rapport à la norme, à la règle, à l’orthodoxie n’ont pas été assez dissuasives pour décourager la fraude lors de la dernière session des examens organisés par l’Office du Baccalauréat du Cameroun (OBC) en 2010. Triste constat. De l’inscription des signes sur la feuille de composition à l’utilisation d’appareils de communication miniaturisés dans les salles d’examen, en passant par l’intimidation, le rançonnement des candidats et la substitution de candidats, les cas de dérives demeurent légion.
Pour se rendre intéressants, d’aucuns argueront certainement qu’il serait illusoire de rêver d’un système d’examen exempt d’avatar, d’imperfection et, de ce fait, fiable à cent pour cent. Soit. Reste pas moins le désastre et les ravages des cas avérés sur le corps social. Tant il est vrai que l’école est le socle sur lequel se bâtit de tout temps, la société des hommes. Demain plus qu’hier et aujourd’hui. C’est sur cette institution que reposent finalement tous nos espoirs d’émergence dans un monde marqué du sceau de la compétitivité. Une tendance, une réalité qui s’inscrivent aux antipodes de la tricherie et des magouilles dont la culture fait un nombre grandissant d’adeptes chez nous. A l’évidence, le vice, l’ivraie gagnent du terrain.
On se rappelle, en effet, qu’il n’y a pas si longtemps, des dizaines de candidats aux recrutements dans les forces de l’ordre et de défense s’étaient avérés des faussaires notoires. Inquiétés du bout des lèvres, certaines auraient, semble-t-il, poursuivi leur formation sans coup férir. Contre vents et marées… Et ces résquilleurs ayant réussi à passer entre les mailles, grossissent, paradoxalement, les rangs de ceux qui embouchent des trompettes pour pérorer sur tous les toits que le pays va mal. Naturellement ils se veulent sereins, ne se reprochent rien. Ils n’ont fait que se « débrouiller ». Bien plus, nombre de parents, dont certains, pourtant, ont apparemment fait de bonnes études, n’hésitent pas à raller « voir le maître » afin de s’assurer la complaisance et les faveurs de ce dernier en vue de la promotion de leur rejeton tourné plutôt vers le succès facile. La godasse. Le parapluie. Et tutti quanti…
Un échange de vues récent lors du dixième anniversaire de la création de l’Agence de régulation des marchés publics (ARMP) a conduit à la conclusion qu’il était indispensable, pour combattre efficacement et de façon durable la corruption dans notre pays, de restaurer l’éthique à l’école dès les premières années de l’enseignement. Dans l’optique d’ériger dans la mentalité des générations montantes de solides barrières contre la fraude. Ce ne sera ni une sinécure, ni un combat gagné d’avance. Tant le mal est profond ! Pour autant, l’écueil n’est pas rédhibitoire. Il importe tout simplement de redoubler de vigilance, en gardant le cap. Un pas après un autre. Dans un véritable travail de fourmi qui nécessite patience, mais détermination. Osons cette refondation salvatrice !