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La plupart des fonctionnaires qui, pour des raisons diverses, se sont présentés ces dernières semaines au Centre national de développement informatique (Cenadi), à Yaoundé pour se voir délivrer leur bulletin de solde sont rentrés bredouilles. Les opérations d'impression de ce document sont suspendues.

Vaguement, on invoque une panne de machine pour expliquer le phénomène. Officiellement, aussi, un responsable de la communication du ministère des Finances (Minfi), Gédéon Adjomo, reconnaît que cette panne a été constatée peu avant le paiement des derniers salaires des fonctionnaires : ceux du mois de mars, en l'occurrence.

Beaucoup de postulants au bulletin de solde crurent au départ à un surcroît de travail au Cenadi, lié à la programmation desdits salaires. Mais l'incident mécanique semble plus sérieux. Les responsables interrogés aux Finances expliquent que le dépannage de l'ordinateur géant, acquis à grands frais l'année dernière, nécessite d'énormes moyens financiers. De même, la commande de la pièce de rechange et sa livraison devraient prendre du temps. Ce n'est donc pas demain la veille que les choses devraient revenir à l'ordre.

Pourtant, la livraison des bulletins de solde ne s'est jamais véritablement interrompue au Cenadi. Hier encore, mercredi, on pouvait constater un curieux manège à l'entrée du bâtiment. «Je viens d'avoir mon papier, qui m'est exigé pour la constitution d'un dossier de bourse», se pourlèche, en brandissant le document informatisé, un fonctionnaire en service aux Enseignements secondaires.

C'est que, au moment où les Finances s'attèlent à colmater ce qui est officiellement présenté comme un incident, un puissant réseau mafieux s'est développé au Cenadi. Il est, selon des sources introduites, entretenu par les militaires en faction à l'entrée de l'immeuble. C'est eux qui, apprend-on, servent d'entremetteurs entre les demandeurs et les techniciens du Centre. «Officiellement, rien n'est délivré, explique le salarié de l'Etat suscité. Tout comme, de manière régulière, l'impression du bulletin de solde est gratuite. Pourtant, en temps normal, pour espérer avoir la pièce, il faut débourser 1000 francs. Avec la nouvelle donne liée à la panne d'ordinateur, ce tarif a été porté à 5000 francs la pièce.»

Reste de graves questions: la prétendue panne de machine au Cenadi ne serait-elle pas, finalement, une manœuvre de sabotage ? A partir de quel ordinateur sont actuellement délivrés les bulletins de solde du réseau mafieux? A qui profite la situation ainsi créée ?