Machiavélisme: Comment Paul Biya gère ses nomination
YAOUNDE - 02 AVRIL 2012
© Mota’a Bila | L'Indépendant
Le chef de l'Etat camerounais saurait gratter ses collaborateurs par où ils se démangen
Lorsqu'il accède au pouvoir en 1982, le nouvel homme fort de Yaoundé place son action sous le signe de la « rigueur » et de la « moralisation ». Toutefois, le successeur constitutionnel n'arrive pas immédiatement à imposer ses marques du fait de la primauté du chef du parti (Ahidjo) sur le chef de l'Etat. Protocolairement et même au niveau des prises de décisions, car celui-ci se référait à son «bienfaiteur», pour une quelconque nomination. Jusqu'à la fracture, intervenue peu avant le coup d'Etat manqué de 1984.
En effet, après avoir attendu Ahmadou Ahidjo pendant 2 jours à Ngaoundéré courant 1983, Paul Biya prend ses distances et regagne Yaoundé où il forme son gouvernement et se sépare de quelques caciques de l'ancien régime. L'homme a donc désormais les coudées franches pour diriger le pays, malgré la crise économique. Le fameux «Le Cameroun n'est la chasse gardée de personne» prononcé par le 1er camerounais en 1985, n'était pas pour arranger les choses de la mère-patrie, qui appuie sur l'accélérateur pour ramener l'ancien étudiant de l'Institut des Hautes Etudes politiques de Paris à de meilleurs sentiments...
Paul Biya, en bon prince appliquerait bien le machiavélisme; fait de lourdeurs, de cynisme et d'hypocrisie. Une vraie main de fer dans un gant de velours, on dirait. Il endort particulièrement ses plus proches collaborateurs en leur faisant croire qu'il ne contrôle pas la situation. Et pourtant ... Dans ce sens, les exemples sont légion, et le Cameroun est l'un des rares (sinon le seul) pays au monde où 2 anciens secrétaires généraux à la présidence sont au gnouf pour détournement de fonds publics. Un 3e pourrait d'ailleurs les suivre ...
Série noire
Titus Edzoa, alors médecin du chef de l'Etat connut une ascension fulgurante pour se retrouver en 1994 Sg/Prc. Ce qui lui monta dans la tête, et après sa nomination en 1996 comme ministre de la santé publique, il trouva cela comme injure et démissionna de son poste en 1997 pour se déclarer candidat à la présidentielle de la même année ... Il fut cueilli quelques semaines plus tard (après quelque simulacre de karaté), et condamné à 15 ans de prison. Il est numériquement remplacé par Jean Marie Atangana Mebara dans la Mefou ou et Akono (nommé ministre de l'Enseignement supérieur en 1997), lui-même battu aux primaires pour les législatives de 97 par Etoundi Florent.
En Août 2002, Mebara est nommé ministre d'Etat Sg/Prc où il succède à Marafa. Tous ces «vice-dieu» auraient pris la grosse tête à ce poste en installant un imposant réseau pour détourner les fonds publics, une sorte de trésor de guerre, pour selon des indiscrétions, prendre le pouvoir. Atangana Mebara qui médite son sort aujourd'hui sur la paille humide de Kondengui était même allé jusqu'à acheter un cercueil volant (Albatros) qui faillit emporter toute la famille présidentielle, lors de son vol inaugural en 2004. Les jours de liberté de Marafa Hamidou, dans le cadre du même dossier, seraient comptés. Même Laurent Esso alias le «cœur du pays» semble aussi n'avoir pas assimilé qu'« un lion ne meurt jamais, mais il dort».
Propulsé Sg/Prc en 2007, l'homme est tombé dans les mêmes travers. En 2008, alors que le président camerounais vante les performances du Port de Douala sur la chaîne France 24 au cours d'une interview, quelques mois après le Dg Etoundi Oyono Adolphe Emmanuel est limogé sans façon du mastodonte, au profit du frère du village Marcel Dayas Mounoumé. Le réseau de « Lorenzo » via le groupe Bolloré a eu la tête de « Zorro ». Aujourd'hui, Etoundi Oyono retrouve ce poste 4 ans après, tandis que le nom de Dayas circulerait dans la liste des prochaines victimes de l'Opération Epervier, que conduira bientôt son mentor, devenu ministre de la justice garde des sceaux ...
© Mota’a Bila | L'Indépendant
Le chef de l'Etat camerounais saurait gratter ses collaborateurs par où ils se démangen
Lorsqu'il accède au pouvoir en 1982, le nouvel homme fort de Yaoundé place son action sous le signe de la « rigueur » et de la « moralisation ». Toutefois, le successeur constitutionnel n'arrive pas immédiatement à imposer ses marques du fait de la primauté du chef du parti (Ahidjo) sur le chef de l'Etat. Protocolairement et même au niveau des prises de décisions, car celui-ci se référait à son «bienfaiteur», pour une quelconque nomination. Jusqu'à la fracture, intervenue peu avant le coup d'Etat manqué de 1984.
En effet, après avoir attendu Ahmadou Ahidjo pendant 2 jours à Ngaoundéré courant 1983, Paul Biya prend ses distances et regagne Yaoundé où il forme son gouvernement et se sépare de quelques caciques de l'ancien régime. L'homme a donc désormais les coudées franches pour diriger le pays, malgré la crise économique. Le fameux «Le Cameroun n'est la chasse gardée de personne» prononcé par le 1er camerounais en 1985, n'était pas pour arranger les choses de la mère-patrie, qui appuie sur l'accélérateur pour ramener l'ancien étudiant de l'Institut des Hautes Etudes politiques de Paris à de meilleurs sentiments...
Paul Biya, en bon prince appliquerait bien le machiavélisme; fait de lourdeurs, de cynisme et d'hypocrisie. Une vraie main de fer dans un gant de velours, on dirait. Il endort particulièrement ses plus proches collaborateurs en leur faisant croire qu'il ne contrôle pas la situation. Et pourtant ... Dans ce sens, les exemples sont légion, et le Cameroun est l'un des rares (sinon le seul) pays au monde où 2 anciens secrétaires généraux à la présidence sont au gnouf pour détournement de fonds publics. Un 3e pourrait d'ailleurs les suivre ...
Série noire
Titus Edzoa, alors médecin du chef de l'Etat connut une ascension fulgurante pour se retrouver en 1994 Sg/Prc. Ce qui lui monta dans la tête, et après sa nomination en 1996 comme ministre de la santé publique, il trouva cela comme injure et démissionna de son poste en 1997 pour se déclarer candidat à la présidentielle de la même année ... Il fut cueilli quelques semaines plus tard (après quelque simulacre de karaté), et condamné à 15 ans de prison. Il est numériquement remplacé par Jean Marie Atangana Mebara dans la Mefou ou et Akono (nommé ministre de l'Enseignement supérieur en 1997), lui-même battu aux primaires pour les législatives de 97 par Etoundi Florent.
En Août 2002, Mebara est nommé ministre d'Etat Sg/Prc où il succède à Marafa. Tous ces «vice-dieu» auraient pris la grosse tête à ce poste en installant un imposant réseau pour détourner les fonds publics, une sorte de trésor de guerre, pour selon des indiscrétions, prendre le pouvoir. Atangana Mebara qui médite son sort aujourd'hui sur la paille humide de Kondengui était même allé jusqu'à acheter un cercueil volant (Albatros) qui faillit emporter toute la famille présidentielle, lors de son vol inaugural en 2004. Les jours de liberté de Marafa Hamidou, dans le cadre du même dossier, seraient comptés. Même Laurent Esso alias le «cœur du pays» semble aussi n'avoir pas assimilé qu'« un lion ne meurt jamais, mais il dort».
Propulsé Sg/Prc en 2007, l'homme est tombé dans les mêmes travers. En 2008, alors que le président camerounais vante les performances du Port de Douala sur la chaîne France 24 au cours d'une interview, quelques mois après le Dg Etoundi Oyono Adolphe Emmanuel est limogé sans façon du mastodonte, au profit du frère du village Marcel Dayas Mounoumé. Le réseau de « Lorenzo » via le groupe Bolloré a eu la tête de « Zorro ». Aujourd'hui, Etoundi Oyono retrouve ce poste 4 ans après, tandis que le nom de Dayas circulerait dans la liste des prochaines victimes de l'Opération Epervier, que conduira bientôt son mentor, devenu ministre de la justice garde des sceaux ...