M. RENE SADI...PAUL BIYA EST PEUT-ÊTRE VOTRE " dieu "
Source: Camer.Be 20 03 2019
- Correspondance : Abdelaziz Mounde
- mercredi 20 mars 2019
M. RENE SADI...PAUL BIYA EST PEUT-ÊTRE VOTRE " dieu " MAIS IL N'EST PAS DIEU POUR NE PAS RECEVOIR SES CONCITOYENS AU PALAIS DE L'UNITÉ DANS L'INTERET SUPÉRIEUR DE NOTRE PAYS !
Quand le président malien, Ibrahim Boubakar Keita, reçoit le leader de l'opposition ou les principales figures de la classe politique du pays de Soundiata, est-ce parce qu'ils sont au même niveau ? Il y'a des moments où un chef d'Etat doit sortir de sa tour d'ivoire pour echanger, confronter et soupeser les points de vue avec ses concitoyens, en temps de crise, perils ou de situation critique. Cela s'appelle l'humilité des grands et la sagesse des patriotes !
Quand Mugabe et Tsvangirai se sont rencontrés au plus fort de la crise post-electorale au Zimbabwe, était - ce parce que le veteran de l'Indépendance de l'ex-Rhodesie du Sud était devenu couard, poltron ou n'avait plus la criniere d'un lion ? Non, il fallait decanter la situation et decrisper l'atmosphere, dans l'interet supérieur de ce beau pays, à travers notamment la formation d'un Gouvernement dit d'Union Nationale.
Quand Uhuru Kenyatta et Raila Odinga se concertent, enterrent ces haches de guerre tribales et civiles qui plombent tant l'Afrique, est-ce parce que le fils de Jomo Kenyatta a cessé d'être le pharaon Thoutmousis III ou Ramses II ? Non, un chef d'Etat, dans un pays où le thé est un art, sait qu'il n'a pas la science politique infuse.
Quand, en France, chez ceux que le président Paul Biya a un jour désigné comme ses maîtres, Hollande ou Macron reçoivent Le Pen, Melenchon ou debattent avec le peuple et les intellectuels, comme hier au Palais de l'Elysee, est-ce parce qu'ils ont cesse d'être les Roi-Soleil, Napoleon ou Bonaparte de leur temps ? Non, c'est juste qu'il faut dans des temps heurtes et troubles savoir donner un cadre aux colères.
Nous pouvons multiplier à l'infini ces exemples de sens politique, de hauteur et de depassement de soi.
Notre pays, après l'élection présidentielle de 2018, quoi que vous pensiez et quoi que vous commande ou suggere votre loyaute au président, devrait pour se remettre sur les rails, non comme ces locomotives d'un autre temps récemment acquises par Camrail, s'astreindre à ce triptyque :
- Le devoir d'humilité :
quand on est élu dans des resultats contestes par moins de 10 % des Camerounais, quand on ne mobilise que la moitié des inscrits sur les listes électorales, on devrait questionner après plus de trois décennies, sa légitimité. Et donc se rendre compte qu'il faut la nourrir de formes nouvelles de recherche du consensus, de reformulation du contrat social et de remodelage de l'idée de Nation, au milieu de tant de crises dans un pays si beau et doté par la Providence.
- L'imperatif du Dialogue :
face à la multiplication des tensions et de ces crises ( societale, politiques, morale, economique ), on ne peut plus se contenter des oukases de M. Atanga Nji, du pretexte douteux des saccages condamnables des ambassades, du bruit assourdissant des assauts de la Grande Muette dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, de la contemplation du feu roulant des secessionnistes, de la surpopulation de nos prisons par les opposants, victimes de la reinvention de la dictature sous nos cieux... Il faut un appel d'air pour que tous les enfants de ce pays se mettent autour d'une Table et non, à table, pour certains qui ont préféré à l'interet collectif, la cuillere du decret pour soi.
- Un programme de reenchantement de notre pays :
Votre collègue des Finances, ex patron de l'Economie l'a avoué : le Document de Strategie pour la Croissance et l'Emploi, boussole de l'emergence projetee, n'a pas atteint ses objectifs et n'est plus operationnel. Sa première période de mise en oeuvre ( 2010-2020 ) est déjà un echec. Il faut de nouveaux outils comme en temoigne, au delà de la pompe, les preoccupations et débats du Cameroon Business Forum, tenu en début de semaine.
De cet echec comme de bien d'autres, les Camerounais peuvent concevoir de nouveaux logiciels. Ils peuvent travailler sur cette ces thèmes majeurs et surprendre le monde avec des outils nouveaux : de la loi électorale inequitable et conflictogene, du toilettage de la Constitution, de la penalisation de l'incitation à la haine, l'injure et la discrimination tribales, de la promotion d'une nouvelle cohésion et solidarité nationales, de la forme de l'Etat, de la création d'emplois et du sort de la jeunesse, de nos champions nationaux, de l'integration africaine et de la sortie du f.cfa, des libertés et droits humains, bref de ces mille sujets, reflets des enjeux et défis de notre pays.
Pour cela, les leaders de l'opposition, les figures de la vie publique, les hommes et femmes de pensée et d'idees, la classe d'affaires, devraient avoir porte largement ouverte au Palais d'Etoudi. Ahidjo, en y recevant Biya en 1982, ne lui avait pas donné un verrou, mais une clé : celle d'un locataire, jamais roi ou demiurge, qui doit accueillir des réunions du syndicat de co-propriete. Dans l'interet du pays de Douala Manga Bell, Um Nyobe, Félix-Roland Moumié, Ernest Ouandié et Martin Paul Samba.