Dans l’univers jadis éthéré de la Ctrv, où la règle était de produire des émissions aseptisées, quitte à protéger les pires des ripoux, des voies latérales s’ouvrent. C’est le cas de « La Radio Utile ». Une émission qui a du…fouettant. Lazare Dolou est le poil à gratter de tous ceux qui sont en délicatesse avec la chose publique. Concepteur et présentateur de l’émission « La Radio Utile », ce produit de l’Esstic (Ecole supérieure des Sciences et Techniques de l’information et de la Communication) a décidé de se démarquer de la sécurocratie qui caractérise ses collègues. Au grand dam des prévaricateurs et autres détourneurs des fonds publics.
Il leur coupe le sommeil. Simplement. « Je n’ai pas le pouvoir du décret pour relever les gens de leurs fonctions. Aussi, je me sers de mon fouet pour les corriger. » Déclare-t-il pince sans rire. En effet, au moyen d’effets spéciaux qui reflète les claps d’un fouet fendant l’air, suivi des hurlement du ‘’supplicié’’ qui les reçoit sur son postérieur en poussant des cris de douleur, Lazare Dolou chicotte ceux qu’il a dans son collimateur. Et ils y passent tous : du gouverneur de la Région, au planton. Avec lui, il vaut mieux pour les gestionnaires de la chose publique, être sage. Ce n’est en effet pas une sinécure de se voir indexé en direct sur les ondes le vendredi matin dès 5h, avec rediffusion le samedi à la même heure. D’autant que le bonhomme n’y va pas de langue morte. Le mis en cause est nommément cité, sa fonction explicitée, et ses frasques étalées. Simple lynchage ω Que non ! « Je prends la peine de recouper toutes les informations, d’enquêter et de ne produire que des faits avérés et inattaquables » Confie le « Chicotteur ». Et les auditeurs apprécient, eux qui l’ont fort justement affublé de ce surnom révélateur.
Plus de soutien
Le sieur Domga, professeur d’espagnol au lycée de Bandja, a tenu à le dire moins prosaïquement. « J’ai appris de toi ‘’Radio utile’’ que : certains métiers sont des métiers de héros/mais que ne sont pas héros tous ceux/qui les embrassent, mais plutôt tous ceux/qui remplissent leur métier avec cœur jusqu’au bout. » écrit en effet cet enseignant à l’esprit critique éprouvé. Dans ce poème aux accents lyriques marqués, il ajoute : « Alain Tonyama (le chef de station sortant Ndlr)/Lazare Le Républicain/Brigadier Souleymane/ les autres membres de l’équipage !/seuls, obstinés, lutteurs, courageux, ace à ceux qui écartent la norme/ pour normaliser l’écart, /privatisant leur poste de travail, vous n’avez pas reculé devant le sacrifice/Vos actes sont héroïques. » Se considère-t-il pour autant comme un héros notre Dolou régional ω « Quand le politique demande de s’engager dans la lutte contre la corruption, nous avons le devoir de l’accompagner dans cette voie. Nous devons nous rendre disponibles pour cette tâche difficile et titanesque qu’est la traque des ennemis de la République. On a besoin de tout le monde pour gagner ce pari. » Avoue-t-il, modeste. Une tâche glorieuse donc, mais dangereuse. Le Chicotteur a ainsi été agressé par un commandant de brigade de Galim, qui rançonnait les motos taxis. « J’ai été hospitalisé, mais cette violente agression n’a fait que me conforter dans mon engagement à me battre pour le changement des mentalités dans notre pays. » Confesse-t-il. Prudent aussi, le bonhomme : son émission a pour Superviseur National, un certain…Paul Biya, et Superviseur Régional, le Gouverneur Himself. « L’ancien gouverneur Pascal Mani m’avait personnellement appelé pour dénoncer le contrôleur régional des finances qui refusait de réceptionner 25 ordinateurs livrés pour des Ong. Il voulait « sa part ». Après enquête, je l’ai dénoncé un vendredi, et le samedi, il a réceptionné les machines. » ‘’ Radio utile’’, une œuvre utile qui demande à être plus soutenue. « Si j’ai le soutien psychologique total de ma hiérarchie, les moyens ne suivent pas. Il en faut pourtant beaucoup pour produire l’émission. J’utilise mon salaire pour mener les enquêtes. Je dois remercier mon ancien patron Benoît Effa Essomba qui m’a soutenu dès le lancement de l’émission en 2007, puis le sortant Fouba Tonyama qui a suivi cette voie. J’espère qu’il en sera de même pour le nouveau Samuel Nongowé » Personne n’aurait parié un copeck sur cette émission. Elle fait son chemin, et ne demande que des soutiens…concrets de la part, pourquoi pas, de la Conac, des Organisations de la société civile et des partenaires au développement