Lutte contre la corruption: Des directeurs à l'épreuve
Yaoundé, 27 Août 2013
© Jean Baptiste KETCHATENG | Cameroon Tribune
La CONAC monte d'un cran dans les initiatives à résultats rapides.
Selon une source à la Commission nationale anti-corruption (Conac) qui lancera la sixième série de ses Initiatives à résultats rapides (Irr) au siège de la commission à Yaoundé, cette cuvée permettra la généralisation de ce programme de gouvernance aux directions d’administrations publiques. 22 structures seront concernées par cette suite, après les quatre saisons d’environ cent jours chacune, de 2011 et 2012, ainsi que la cinquième dont les résultats ont été divulgués jusqu’à la semaine dernière. L’essor annoncé est la traduction du succès de l’opération, explique-t-on au palais des Congrès de Yaoundé où la Conac est établie.
Fondée sur l’idée que la gestion axée sur les résultats a déjà fait ses preuves, la méthode Irr a aussi été choisie en raison de «la faiblesse des ressources» de la commission. «Elle est utilisée pour la mise en œuvre d’un projet complexe en le décomposant par phases [de telle manière que] les leçons [positives ou négatives] tirées à une phase antérieure permettent d’accélérer l’obtention des résultats aux phases ultérieures», rappelle le Rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2011, publié en novembre 2012 par la Conac.
A l’épreuve des terrains expérimentés, la commission met en avant des chiffres. Dans son rapport mentionné plus haut, au milieu de cinq hôpitaux cobayes de Yaoundé, le cas de l’hôpital de Biyem-Assi. Les recettes de cet établissement hospitalier ont augmenté de 400% à la suite de la mise en œuvre d’une Irr. L’initiative se résume ici comme ailleurs en un acronyme: Précis. Lequel se décompose en prévention (réduire de 60% les détournements de malades; éducation (réduire d’au moins 50% la vente parallèle et illicite de médicaments); conditions (réduire de 25% le délai de traitement des dossiers d’intégration de nouveaux médecins); incitation (identifier et récompenser les agents intègres) et sanction (rendre applicable 80% des sanctions de tout acte de corruption confirmé).
Fort de tels exemples dans divers secteurs, à la Conac, on se plaît à souligner que seuls trois ministères ne sont pas encore montés dans le train des Irr. Même si d’aucuns pensent que les Irr correspondent à la politique de petits coups passagers. Ce qui est du reste faux pour notre source: «Quand nous mettons en œuvre une Irr, nous nous assurons que ses résultats instaurent une nouvelle pratique saine du service public. C’est d’ailleurs parce que les Irr ont commencé par de petites touches que l’on peut passer d’une opération dans les services pour les appliquer dans des directions».