Lutte contre la corruption au Cameroun : Et si le gendarme était le problème !


Lutte contre la corruption au Cameroun,Cameroon : Et si le gendarme était le problème !Dans le cadre de la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics, plusieurs institutions de lutte contre ces fléaux ont vu le jour. C’est le cas de Commission nationale anti-corruption (CONAC), de l’Agence nationale d’investigation financière (Anif) et du traditionnel Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe). Mais depuis quelques mois, il ne se passe pas une semaine sans que la presse ne fasse écho d’une défaillance criarde de l’une de ces institutions de lutte contre la corruption.

Tour à tour, les scandales de la Conac, du Consupe et de l’Anif sont mis au grand jour. Le constat est amer, ces organismes sont devenus le siège de la grande corruption, de la mauvaise gestion et même finalement des détournements des biens publics. Et ce n’est pas moins que les responsables en chef de ces instances qui soient concernés par ces grossières irrégularités alors que leurs missions essentielles étaient de les combattre. Nous n’allons pas énumérer tous les cas d’irrégularités relayés par la presse concernant chacune de ces institutions, mais nous mettons à votre connaissance les cas les plus marquants qui ont créé un tollé dans l’opinion nationale ces derniers moments.

Le premier scandale ayant traumatisé l’opinion est le traitement du président de la Conac, traitement excessif et injustifié sans base légale ou règlementaire. Il est en totale violation du décret portant création de la Conac et de tous les textes relatifs à l’octroi des avantages aux personnels de cette structure. Le texte régissant les salaires et avantages des personnels de la Conac indique clairement que les salaires sont fixés après approbation du président de la République et qu’aucun  salaire ne dépasse deux millions Fcfa. Tout le monde se rappelle pourtant que la presse a fait état d’un salaire de sept millions Fcfa attribué au président de la Conac.

Le Consupe quant à lui a été créé pour assainir les moeurs publiques et surtout traquer les gestionnaires véreux des biens publics, lui également a défrayé la chronique avec la mise à la connaissance de l’opinion publique du scandale orchestré par les inspecteurs d’Etat envoyés au Port autonome de Douala (PAD) pour une mission de contrôle. Ceux-ci se sont illustrés par l’exigence des pots de vin et des dessous de table qui se chiffrent à des centaines millions Fcfa indûment extorquées à la structure.

Sans toutefois dévoiler les noms des inspecteurs du Consupe concernés par ce scandale, les montants querellés vont de 52 millions, 66 millions et 82 millions pour les inspecteurs d’Etat à 2 millions pour leurs chauffeurs et autres collaborateurs impliqués dans la mission de contrôle réalisée au PAD. Certainement cette pratique honteuse découverte au PAD n’est pas unique. Il est fort à parier qu’elle doit être la règle. Et si c’est le cas, la corruption et la mauvaise gestion des biens publics ont encore de beaux jours dans notre pays.

L’Anif de son côté, s’est illustrée il y a quelques jours d’après les révélations de la presse par le scandale des frais de mission exorbitants imputés à son directeur général en totale contradiction avec la règlementation en la matière. Il lui est reproché d’avoir perçu 22 millions Fcfa indûment. Il lui est également reproché d’avoir créé un cabinet privé restreint au sein de l’Anif totalement indépendant des personnels de la structure. Et il excellerait enfin par le chantage permanent auprès de certaines personnalités haut placées.

Au vu de ce qui précède, sans forcement désespérer de notre pays, il est néanmoins à craindre que si les instances de lutte contre la corruption, le blanchiment d’argent et les détournements des biens publics sont aussi scandaleusement corrompues, l’espoir de venir à bout de ces fléaux reste mince. Il est donc temps de se réajuster pour éviter que notre pays ne sombre définitivement dans les profondeurs du sous-développement. Vivement qu’on reprenne les bons rails. 

© L’Oeil du Sahel : Abdoulaye Ado


02/08/2014
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