l’Onu enquête sur l’après-février 2008: Des associations camerounaises de la diaspora interpellent Olivier De Schutter

l’Onu enquête sur l’après-février 2008: Des associations camerounaises de la diaspora interpellent Olivier De Schutter

Olivier De Schutter:Camer.beOlivier De Schutter, le rapporteur des Nations Unies pour le droit à l’alimentation effectue une mission au Cameroun dès ce lundi. Au cours de sa visite, le rapporteur spécial rencontrera plusieurs autorités camerounaises. Dans une lettre parvenue ce jour à la rédaction de camer.be, des associations camerounaises interpellent Olivier De Schutter afin de lui suggérer de rencontrer également dans le cadre de sa mission au Cameroun ,la société civile camerounaise, les personnes encore détenues dans les prisons camerounaises à la suite de  ces émeutes de février 2008. L'intégralité de la lettre

Monsieur, en ce moment où nous,
CODE (Collectif des Organisations Démocratiques et Patriotiques des Camerounais de la Diaspora)
- Asbl CEBAPH, (Cercle Belgo-Africain Pour la Promotion Humaine)
- CCL Libération, (Comité de Soutien pour la Libération des prisonniers Politiques au Cameroun
- La Fondation MOUMIE,
- Le CNI, (Collectif National pour l’Impunité au Cameroun)
- L’ACP-DH (Action Citoyenne Pour la Promotion Humaine)
- Tribunal Article 53
Toutes les antennes confondues  vous écrivons, au moment où  vous vous trouvez au Cameroun   pour être reçue ce 16 juillet par les Autorités locales en charge des dossiers concernant les événements sanglants de 2008 que plusieurs d'entre elles ont qualifié d'"Emeutes de la faim" 

Monsieur  Olivier De Schutter , vous serez reçu dans les bureaux climatisés et logé dans un hôtel de luxe sans toute fois découvrir la véritable et dure réalité sociale du Cameroun

Bien avant toutes ces activités Monsieur Olivier De Schutter, sachez que vous avez devant vous le chef de l’Etat Camerounais qui a plongé pendant 30 ans son peuple dans un chaos indescriptible animé par la corruption, les détournements des fonds public, l’impunité, le favoritisme etc.

Les grandes banques, pillées par Biya, sa famille et les cadres de son parti, ont fait banqueroute et ont confisqué des milliards de francs CFA de dépôts des épargnants paralysant ainsi  l’économie du pays avec pour corollaire  la  mise dans la rue des milliers d’employés  laissant des  familles sans revenus et désemparées.

La criminalité a pris des proportions alarmantes et les gens ne savent plus à quels saints se confier. Même retranchés chez eux, ils sont assassinés, dépouillés de leurs biens et leurs femmes et filles sont violées devant eux. Cette insécurité est t-elle que le Cameroun est devenu, sur le plan international, une destination à risques que beaucoup de pays déconseillent à leurs citoyens et qu’on n’ose pas vous le signifier de façon officielle.

Les hôpitaux, ainsi que les centres de santé des zones rurales  sont  abandonnés et manquent d’équipements, de remèdes de première urgence et de personnel, et sont devenus de vrais mouroirs  et des lieux de prédilection des vols et des trafics des nouveau-nés.

Monsieur Olivier De Schutter, vous êtes le  rapporteur des Nations Unies pour le droit à l’alimentation mais, sachez que  les ressources du Cameroun  étant confisquées par la famille de Monsieur Biya et une poignée d’individus et de généraux, qui représente moins de 5% de la population et qui détiennent les 80% de la richesse du pays, face à une masse pauvre et totalement démunie ne pouvant ni se soigner, ni payer l’école aux enfants, ni s’offrir plus d’un repas par jour. En fait, la famine est devenue un des rudes fléaux auxquels les populations font face depuis bientôt plus de deux décennies.

Monsieur Olivier De Schutter, avant de dire  votre discours à la presse, si vous aimez l’Afrique, si vous aimez le Cameroun, exiger de Monsieur Biya l'ouverture d’une enquête de police sur les dénonciations par une Ong française, de biens mal acquis  à son encontre afin d’éclairer l’opinion camerounaise sur les biens effectivement détenus par ce dernier

Il n’est point dans notre esprit, de nous élever avec violence contre la personne de Monsieur BIYA mais, plutôt d'attirer votre attention sur le fait que votre présence sur le sol camerounais nécessite également une rencontre avec des organisations de la société civile, des victimes des émeutes de février 2008 au Cameroun sans oublier des prisonniers de ces émeutes qui croupissent encore dans les prisons camerounaises...

Nous nous opposons par contre à toute caution de l’Onu à un gouvernement dont le niveau de corruption attire tous les médias du monde avec une vingtaine de ministres et autres pontes emprisonnés, pour détournements de fonds publics…

Monsieur Paul Biya  a pris le pouvoir au Cameroun le 06 Novembre 1982 à la suite de la démission du Président AHIDJO, premier Président de la République. Depuis lors, il n' y a plus eu d'alternance au sommet de l'Etat. Toutes les  élections organisées jusqu'ici au Cameroun ont été systématiquement frauduleuses.

Le cas de la loi électorale biaisée, la nouvelle loi renforce  le contrôle du processus électoral par le parti au pouvoir. Elle a supprimé tout ce qui pouvait limiter l’emprise du Président de la République sur l’organe dit indépendant ELECAM, elle a renforcé la présence de l’administration qui est toute acquise au pouvoir dans toutes les étapes du processus électoral, elle a accru l’opacité et évacué toute velléité de transparence dans les bureaux de vote, alors que l’ancienne loi prévoyait des scrutateurs de candidats elle les a supprimés, l’accord des partis pour nommer les Présidents des commissions communales a été également supprimé.

Sachant que ce pouvoir n’a jamais hésité à frauder pour s’attribuer des scores époustouflants (78% aux dernières élections présidentielles, 84% des députés, la quasi-totalité des mairies), la mise en route de ce code électoral en l’état consacre la réussite du complot et la mort de la démocratie pluraliste au Cameroun. Avec ce code, le RDPC – parti au pouvoir ne sera jamais battu aux élections, et il n’y aura jamais d’alternance.
 Elecam, un organe chargé d’organiser les élections mais qui demeure partisan, des institutions qui n’existe d’ailleurs jusqu’à présent que sur du papier, comme le Sénat ou le Conseil constitutionnel, sont  là pour le démontrer.

Le Cameroun, jadis pays à revenus intermédiaires et reconnu comme tel par les institutions de Brettons Woods, est passé en 2004 dans la classe des PPTE (Pays Pauvres Très Endettés)

Le Cameroun est devenu un pays où l'insécurité a pris le temps de construire son nid, où les forces dites de l'ordre répriment de façon arbitraire et sauvage tout mouvement de contestation pourtant reconnu par la constitution.

Au Cameroun, les seules manifestations sans autorisation préalable et sans répression sont celles organisées par le RDPC

Le Cameroun a connu aux yeux du monde entier le massacre de plus de 150 jeunes Camerounais par l'armée nationale. Ces jeunes Camerounais assassinés avaient, semble t-ils commis le crime de manifester leur désespérance et leur ras-le-bol dans une société où simplement manger à sa faim ou s'acheter  les produits de toute première nécessité relevaient presque des travaux à la sisyphe.

Monsieur Olivier De Schutter, les institutions de l'ONU peuvent-elles croiser doigts  malgré toutes ces atrocités commises par Monsieur Biya au Cameroun ?

Accepter d'être reçu uniquement par les autorités camerounaises en balayant d'un revers de la main la société civile camerounaise, c’est cautionner la misère généralisée au Cameroun, cautionner le désespoir de toute la jeunesse camerounaise et favoriser son exil vers le grand continent à la première occasion.

Avec l’espoir que vous apporterez votre soutien dans cette affaire qui émeut les défenseurs des Droits de l’Homme, nous vous prions d’agréer, Monsieur Olivier De Schutter, l’expression de nos sentiments distingués.

Bruxelles le 14 juillet 2012

Pour le CEBAPH, Kadji Elie, Président

CCL Libération , Jean Marie Moukam, Président
CODE, Brice Nitcheu, Président
ACP-DH,  KOKO ATEBA, Présidente
Fondation MOUMIE, Thierry AMOUGOU, Président
CNI, Marcel Tchangué, Porte parole
Tribunal Article 53, Patrice Nganang, Président

Ampliation 
- SG ONU
- Centre des Nations Unies pour les droits de l’Homme et la démocratie en Afrique centrale
- Presse nationale et internationale
- Présidence de la république du Cameroun

 

© Camer.be : La rédaction


16/07/2012
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