Lom Pangar: Quatre villages menacent de marcher devant Paul Biya

AOUNDÉ - 10 Juillet 2012
© SEBASTIAN CHI ELVIDO | Mutations

Les riverains de Haman, et Wami Ebaka réclament l'indemnisation de leurs biens alors que ceux de Lom 2 dénoncent des prélèvements abusifs et le non recasement.

«Nous ne gommes pas contre la construction du barrage qui va développer notre village, mais il y a un problème de gestion d'homme qui se pose. Aujourd'hui, ce sont les villages spontanés qui ont été pris en compte dans les indemnisations des habitations et autres. Les vrais autochtones des villages de Lom Pangar depuis plus de 50 ans sont marginalisés. C'était après des longs débats que la commission constat et évaluation (Cce) est descendue dans les anciens villages de Haman et Wami où ils ont procédé dans des évaluations forfaitaires de certaines cultures. Par exemple ils ont octroyé juste une somme forfaitaire de 9 million de Frs pour 13 hectares d'hévéa laissés par mon père et ses frères sans qu'on ne sache sur quelle base ils ont évalué cela et après ils nous ont dit qu'on ne doit plus jamais revendiquer quoi que ce soit. Ça c'est la dictature. Même devant le Président Paul Biya, nous allons marcher pour exprimer notre mécontentement». Ces propos sont de sa majesté Jean Claude Fonti, chef du village Haman, l'un des riverains du projet Lom Pangar rencontré ce samedi 07 juillet 2012.

A Wami, le village voisin, les Propos de sa majesté Baba Mbom ne sont pas différents «Edc confond l'indemnisation aux œuvres sociales. Ils sont obligés de réaliser les œuvres sociales qui appartiennent à toute la communauté mais ils sont aussi obligés d'indemniser les biens individuels, Jusqu'aujourd'hui, nos biens ne sont pas indemnisés, (maisons, tombes et autres lieux sacrés), ça veut dire que nous sommes laissés et après la pose de la première pierre, c'est terminé. Si rien n'est fait nous allons grever. Ça c'est claire.»

Dans une correspondance adressée le 27 février 2012 au directeur général de Edc, ces deux chefs de village rappellent les conditions précoces de leur déplacement en 1995 par le nommé Takam, cadre de l'ancienne société nationale d'électricité (Sonel) sans mesures d'accompagnement. Ils préconisaient déjà dans la même correspondance, «une marche de protestation et d'autres manifestations avant et pendant la pose de la première pierre pour nous faire entendre par la haute hiérarchie afin que justice nous soit faite.»


Indemnisation

En réplique, Théodore Nsangou, le directeur général de Edc, maître d'ouvrage de ce projet dans une autre correspondance adressée au ministre de l'énergie et de l'eau et empilée aux chefs des deux villages, explique ceci «Edc, dans le cadre du plan de gestion environnementale et sociale (Peges) ainsi que le plan d'indemnisation et de réinstallation (Pid), a pris acte et ces villages bénéficieront des compensations communautaires constituées d'infrastructures sociales, économiques et sanitaires».

Une promesse qui ne satisfait pas les riverains des deux villages qui réclament toujours l'indemnisation surtout de leurs anciennes maisons et sites sacrés. A Lom 2, l'autre village riverain, situé à 55 km de Belabo, à 100m de la rivière Lom et à 7 km du site du projet, les revendications sont différentes. «Depuis trois ans on ne cultive plus parce ce qu'on nous a dit que nous devrons partir au nouveau village», déclare Mbongang Amidou. Propos confirmés par Simon Yawa, le chef de village qui affirme être propriétaire «des champs de palmier depuis 40 ans».

Ces champs sont situés dans le parc national de Deng Deng où l'accès est formellement interdit. Conséquence directe, «la famine et l'inflation se sont installées dans le village Lom 2» constitué de 40 ménages et une population estimée à 200 personnes. Mais la récrimination la plus dure des populations de Lom 2 concerne le processus d'indemnisation. «Le paiement n'a pas été bien parce qu'on ne connaît pas comment le calcul a été fait, puisqu'on ne nous a pas montré le barème des prix des différentes cultures», lâche Christophe Sanga.

Ici, l'on dénonce également les retenus faits sur les indemnisations pour construire le nouveau village. C'est le cas du chef de village qui devrait percevoir 8.000.000 Frs mais à qui on a remis un chèque de 2.000.000 Frs et Bounou Adama, veuve de 6 enfants qui devrait percevoir 5.998.400 Frs mais qui a seulement reçu 898.400.

A Ebaka, village situé à 3 km de Belabo, les riverains réclament l'indemnisation de leurs biens détruits lors des travaux d'ouverture de la route Belabo-Satando-Mbaki brousse qui mène sur le site du barrage. «La commission de constat et d'évaluation (Cce) avait commencé son travail en zone rurale. On attendait qu'elle vienne continuer en zone urbaine, chose qui n'a pas été fait jusqu'à nos jours puisque les travaux de la route ont déjà commencé», explique Jean Pierre Ateba, chef du quartier Akok Mekel 2 qui s'insurge également du fait que «beaucoup des plantations de manioc sont déjà détruites et les cantines construites en blanches portées et jetées».



11/07/2012
2 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres