Logo des cinquantenaires: Paul Biya corrige le jury
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YAOUNDE - 21 AVR. 2010 © FLORIANE PAYO | Dikalo |
Décidément Paul Biya est un homme imprévisible. A l'issue de la sélection des trois meilleurs logos retenus sur les 241 en compétition, c'est finalement l'œuvre artistique réalisée de main de maître par le jeune artiste peintre de 23 ans, John Shaddaï Akenji qui a captivé l'attention du chef de l'Etat. Ce jeune homme n'a été informé et invité à se rendre au Hilton Hôtel pour la cérémonie de présentation officielle du logo qu'il a réalisé que hier matin (mardi 20 Avril, ndlr) par le comité national d'organisation des cinquantenaires. C'est bien ce jour qui a été choisi par le Cnoc pour présenter le logo aux personnalités publiques et privées dont lés membres du gouvernement, les directeurs généraux, les opérateurs économiques, les responsables de la société civile et les leaders de partis politiques.
Curiosités
Très surpris par le choix porté sur son œuvre, c'est le cœur comblé de joie que Shaddaï s'est déporté comme un soldat au Yaoundé Hilton hôtel pour y présenter l'œuvre qu'il affirme avoir préparé au bout de trois mois. Heureusement, son éloquence et son bilinguisme ont contribué à rendre fluide les explications distillées dans la langue de Shakespeare et de Molière. Sur les raisons portées sur son travail alors qu'il était initialement troisième sur la short-list retenue, John marque sa surprise. «Ce sont des raisons que je n'arrive pas à expliquer. Je ne sais pas ce qui a guidé le choix porté sur moi» explique-t-il presque naïvement.
Malgré son rang, l'heureux lauréat n'est pas encore rentré en possession de ses droits. Le chèque d'un million de nos francs qu'il a reçu quelques jours plus tôt portait des erreurs qui n'ont pas jusqu'ici encore corrigées. Conséquence, il ne peut toucher son argent.
Le règlement du concours publié le 12 février 2010 par le président du comité d'organisation prévoyait une prime de cinq millions pour le premier prix, deux millions pour le deuxième, et un million pour le troisième. Les mêmes expositions précisent dans l'article 12 du droit de propriété que «le Cnoc conserve l'entière et pleine propriété des projets retenus. L'œuvre primée devient ainsi la propriété de la présidence de la République qui pourra exploiter à toutes fins utiles sur tous les supports de communication». Considéré comme tel, l'œuvre de John Shaddaï, bien que n'ayant pas été primée en premier ressort, a finalement retenue l'attention du chef de l'Etat et se retrouve au podium.
«Cela suppose donc que les membres du jury, chapotés par une personnalité désignée par le président du Cnoc et composé de treize personnes triées sur le volet, ont primé une œuvre qui ne méritait pas cette place.» Tel est l'avis de certains observateurs. Alors comment procéder même s'il est fait mention de ce que «seul le meilleur projet fera l'objet d'une exploitation et d'une utilisation concrète ?» Se demandent certains. Pour faire juste, certaines omissions auraient été commises dans le règlement du jeu. Au lieu de primer à un montant exorbitant une œuvre qui par la suite ne servira pas, bon nombre d'observateurs avertis pensent plutôt que c'est au terme du processus de sélection avec appréciation du chef de l'Etat que les prix sur lesquels Paul Biya a fait son choix devaient être remis aux œuvres définitivement choisies, selon l'ordre établi par celui qui a initié la commémoration des activités des cinquantenaires de l'indépendance et de la réunification au Cameroun. John Shaddaï, souhaite mettre un accent sur le choix porté sur la couleur dominante, or, de sa création. «L'or matérialise un Cameroun doré. Il faut mettre en valeur tout ce qui est précieux dans le Cameroun», une sorte d'interpellation à l'endroit des décideurs.