Lobbying: Des américains se mobilisent pour Marafa
Yaoundé, 05 Mars 2014
© Jean-Bruno Tagne | Le Jour
Une association basée aux Etats-Unis exige la libération de l'ancien Sg de la présidence et demande à Paul Biya de faire appliquer l'article 66 de la Constitution.
Les pressions diplomatiques françaises et celles des associations qui auraient entraîné la libération de Michel Thierry Atangana et de Titus Edzoa le 24 février dernier, à la suite d'un décret présidentiel semblent avoir fait des émules. Le Comité des amis de Marafa (Cam) vient de voir son 4e jour aux Etats-Unis. Il est dirigé par un journaliste d'investigation, Gail Jefferson. Sur le site Internet dédié à la cause de l'ancien secrétaire général de la présidence de la République condamné à 25 ans d'emprisonnement pour détournement de fonds publics, le ton est donné: «Free Marafa», peut-on lire.
Sur ce site Internet, les membres du Comité des amis de Marafa félicitent le Président Paul Biya de la commutation des peines de certains personnalités condamnées pour détournement de fonds publics à travers son décret du 18 février 2014. Lequel décret, reconnaissent les membres du Comité, les a encouragés à se mobiliser. Toutefois, précisent-ils, ces commutations de peines sont loin de les apaiser, beaucoup restant à faire.
Au-delà du Cam, il y a également le «Marafa Watch», créé depuis un an et qui soutient que Marafa Hamidou Yaya est un prisonnier politique. Les deux organisations demandent au Président de la République de surseoir à l'Opération Epervier et de créer une commission impartiale pour un examen approfondi de toutes les condamnations dans le cadre de la lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics. Ils encouragent également le Président Paul Biya à faire appliquer l'article 66 de la Constitution, qui donne obligation à certains hauts commis de l'Etat de déclarer leurs biens avant et après leur entrée en fonction.
Barack Obama
Ce n'est pas la première fois que les Américains se montrent intéressés par le cas Marafa. Juin 2013. L'ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, Robert P. Jackson, se rend à la prison secondaire de Yaoundé où il rencontre Marafa Hamidou Yaya, l'ancien ministre d'Etat en charge de l'Administration territoriale condamné à 25 ans d'emprisonnement ferme pour détournement de fonds publics. Cette visite est inédite. Car, il est le premier prisonnier de l'opération Épervier à recevoir un tel hôte. Pour la petite histoire, l'entretien entre les deux hommes a lieu dans le bureau du secrétaire d'Etat à la Défense chargé de la gendarmerie, Jean-Baptiste Bokam.
Deux mois plus tard, en août 2013, Robert P. Jackson accorde une interview au quotidien Le Jour, dans laquelle il précise les raisons de sa visite à Marafa Hamidou Yaya au Sed. «J'ai précisément rendu visite à l'ancien ministre de l'Administration territoriale du Cameroun, en prison, pour voir son état. Surtout pour vérifier les conditions de détention dans lesquelles il se trouve, voir comment il est traité. Et je trouve que mon acte est tout à fait conforme avec notre mission de surveiller le respect des droits humains et de nous assurer que nos deux gouvernements font tout ce qu'ils peuvent pour promouvoir les droits de l'Homme», assume-t-il.
Au cours de ce même entretien, le diplomate américain ajoute qu'il y a eu des manquements dans le procès Marafa. Car, soutient-il, «le jugement n'a pas précisé les preuves de corruption».
Bien avant ces différentes sorties de l'ambassadeur Jackson, le rapport 2012 des Etats-Unis sur la situation des droits de l'homme au Cameroun présentait Marafa Hamidou Yaya et Titus Edzoa comme des prisonniers politiques.
L'entrée en scène du Comité des amis de Marafa et du «Marafa Watch», tous basés aux Etats-Unis ne va certainement pas être vu d'un bon œil par le Président Biya qui se prépare, comme 46 autres dirigeants africains, à se rendre à Washington à l'invitation de Barack Obama. L'affaire Marafa risque de mettre de l'eau dans le gaz.
Dans le même temps, dans son éditions du 26 février dernier, indique que les avocats français de Marafa, Jean-Paul Benoit et Jean-Pierre Mignard, qui souhaitent se rendre au Cameroun pour rencontrer leur client font face à des blocages. «En janvier, les deux robes noires, amis personnels de François Hollande, ont demandé un droit de visite à l'ambassade du Cameroun en France.
Ils n'ont reçu aucune réponse à ce jour. Ancien secrétaire général de la présidence camerounaise, Marafa Hamidou Yaya a été condamné à vingt-cinq ans d'emprisonnement dans le cadre de l'opération Épervier. Ses avocats entendent démontrer que son dossier est vide et avant tout politique», écrit La lettre du continent. Une sortie qui annonce déjà d'autres pressions sur le pouvoir de Yaoundé.