Livre sur Chantal Biya: La colère d'Etoudi s'abat sur un distributeur
Des hommes mandatés par le pouvoir menacent la librairie Lipacam qui avait accepté l'encombrant ouvrage en dépôt-vente après avoir tenté un rapprochement avec l'auteur.
Après avoir interdit la cérémonie de dédicace et écroué par la suite à la prison de New-Bell (le 10 novembre 2010) Bertrand Teyou, son auteur, le livre « La belle de la République bananière : Chantal Biya, de la rue au palais », vient de faire une nouvelle victime. Selon des sources crédibles, la librairie Lipacam à Douala aurait été sommée de retirer de ses rayons cette œuvre littéraire qui fâche le pouvoir de Yaoundé.
A en croire l'un de nos informateurs, des personnes revendiquant un
mandat de la présidence de la République ou en tout cas s'en prévalant
se seraient présentées devant les responsables de cette enseigne
libraire qui a pignon sur rue à Douala, pour les persuader de ne plus
servir de vitrine au livre querellé. « Non, non, non, je n'ai aucune déclaration, aucun commentaire à faire à ce sujet »,
lance, lapidaire, la boss, laissant à peine le temps au reporter de Le
Messager d'achever sa question qui consistait entre autres à savoir si
effectivement elle avait reçu la visite de ces mandataires et ce qu'ils
lui voulaient. Une attitude qui tend à confirmer l'information relayée
par des sources proches de Bertrand Teyou selon laquelle elle aurait été
menacée de représailles et interdite de communiquer sur cet événement. « C'est avec beaucoup de naïveté que j'ai accepté de prendre ses livres en dépôt-vente », lâche-t-elle dans un souffle.
Le retrait du livre de cette librairie n'est pas le seul rebondissement de cette affaire. Il survient à la suite d'une tentative de « rapprochement » avec Bertrand Teyou entreprise par le pouvoir. Le Messager a ainsi appris que le concerné qui séjourne depuis le 10 novembre dernier à la prison centrale de Douala, en a été extrait le 17 décembre dernier sur ordre du régisseur et conduit dans un des bureaux des Renseignements généraux situé en face du Centre linguistique pilote à Bonanjo, le quartier administratif de Douala.
« Au cours de cet entretien sur un ton convivial et poli,
l'auteur de « La belle de la République : Chantal Biya de la rue au
palais » a été sondé sur ses intentions à propos de l'éventualité d'une
issue amicale du procès intenté contre lui. Il a également été interrogé
sur ses projets littéraires », rapporte une source proche de l'auteur. «
Le procureur de la République ou le régisseur sont mieux placés pour
vous donner toutes les informations sur le sujet, élude quant à lui
prudemment, un gardien de prison, témoin de l'extraction du prévenu de
sa geôle. Excusez moi de ne pouvoir vous répondre et merci de votre
compréhension ».
Les malheurs de Bertrand Teyou, auteur
polémiste (il est déjà l'auteur de l'Antécode Biya paru en 2008)
commence le 3 novembre 2010. Ce jour-là est prévue la dédicace de son
nouvel essai au titre très suggestif dont le sujet exploratoire n'est
autre que l'épouse du chef de l'Etat, Paul Biya. Elle n'aura finalement
pas lieu, la police, sur ordre du sous-préfet de Douala 1er au motif que
l'événement n'avait pas été autorisé par l'administration.
Conduit dans les locaux de la police, et relâché peu après, Bertrand Teyou sera de nouveau interpellé sur ordre du procureur de la République qui le place quelques jours plus tard sous mandat de dépôt le 10 novembre 2010. Il est accusé de « manifestation illégale et diffamation de nom ».